56 000 kilomètres, un continent et des hommes par Kares Le Roy
« A l’opposé des formats de beauté imposés par l’Occident, j’ai tenté à travers mes photos d’en retranscrire un autre, peut être moins sophistiqué, sûrement plus naturel. Le parti pris était de ne montrer que ceux dont on ne parle pas, ou pas assez, que l’on stigmatise ou que l’on oublie. Plus que jamais après de telles rencontres, je fais partie de ceux qui marchent contre le vent …Ce n’est pas la fin d’un voyage, c’est le début d’une histoire. » Kares Le Roy
Jusqu’au 17 Octobre 2011, l’Hôtel Lutetia-Paris expose dans sa Galerie d’Art les clichés de l’artiste contemporain Kares Le Roy. A l’occasion de la sortie de son livre 56 000 kilomètres – un continent et des hommes, le photographe parisien expose actuellement une série de 20 clichés, fruit d’un périple de 2 ans qui l’a conduit à parcourir l’Asie durant 56 000 kilomètres à la découverte de tribus méconnues.
Passionné de musique, ce jeune photographe se tourne tout naturellement à ses débuts vers un univers musical, multipliant pochettes de disques, photos de concert et créations de logo combinant habilement photographie et graphisme. Puis répondant aux appels du pied de la mode, l’artiste se partage entre ces deux univers pendant huit ans. Mais les bases de son style sont déjà inconsciemment posées, celui d’un homme qui pose un regard sur l’autre.
En 2009, la lassitude et l’envie de travailler autrement sont là. Sa passion est intacte mais Kares Le Roy se sent étouffé par ces deux univers très codifiés. Il ressent le besoin d’aller au delà des critères de beauté imposés et de retrouver de l’authenticité dans son travail mais également dans ses échanges avec les personnes. Cela passe pour lui par de nouvelles rencontres, loin d’un monde qu’il connait par cœur. L’idée de chercher un autre format de beauté, loin des carcans de la musique ou de la mode et de redéfinir une nouvelle identité photographique émerge.
Après un ultime projet musical – la réalisation d’un clip en hommage à Michael Jackson sur une musique de son ami et compositeur Woodini – Kares quitte Paris pour un projet plus personnel, plus humain mais avant tout identitaire : réaliser des portraits de visages oubliés.
Imprégné de culture moyen-orientale, il décide d’aller se confronter à cet Autre qu’il ne connaît pas. Il arpente alors les kilomètres, découvrant des cultures qui lui sont inconnues et des personnes bien éloignées de nos considérations matérielles. Ce voyage hors des sentiers battus le bouleverse profondément, le menant des tribus sédentaires du Sud-Est asiatique aux gitans du Cachemire et du Rajasthan en Inde.
La découverte est totale et lui permet de comparer la culture tibétaine au nomadisme d’Asie centrale, des sadous aux shamanes, du Bouddhisme à l’Islam. Son regard se promène des montagnes du Népal aux steppes mongoles en passant par la Route de la Soie jusqu’au Moyen Orient. La plupart des tribus ou des nomades des régions qu’il traverse se sont sédentarisés et sont stigmatisés, écartés par la mondialisation en ayant pourtant une culture forte.
Kares a véritablement été à la rencontre de ces peuples méconnus d’Asie, passant quelques jours parmi les tribus, les familles parfois après plusieurs jours de voyage. Prendre ces clichés ne fut pas toujours chose facile, il a du se laisser apprivoiser et les apprivoiser en retour, créer un échange. S’imprégnant d’eux, de leur univers pour nous les restituer de la manière la plus juste, il tente d’illustrer cette partie du monde afin de modifier la vision que nous en avons.
Et le résultat est là, magnifique et profond, les couleurs sont éclatantes. Ces portraits, ces paysages et ses scènes de vie sont une véritable invitation au voyage et à l’évasion. Mais pas uniquement. Ce qui frappe surtout lorsqu’on observe ses clichés, c’est le regard profondément humaniste que porte le photographe sur ces personnes qui se sont laissées approcher, sur ces visages « oubliés » mais qui ne le sont pourtant pas. Ce sont juste des visages que nous ne connaissons pas encore. Pris dans notre société auto-centrée, nous avions juste perdus de vue les autres cultures, une autre manière d’envisager le monde et l’Homme.
Et à travers son regard, une très juste caresse photographique, l’artiste nous offre des instantanés de vie, des souvenirs précieux et intenses de rencontres, des sourires, des rires mais des défis également. Il ne vole pas leurs âmes, il ne fait que les rendre à notre conscience, en nous offrant des instants de vie de ces peuples séculaires qui ont joué un grand rôle dans leur propre civilisation.
Kares parvient à nous raconter le monde différemment en les mettant en avant. Mais il fait bien plus que cela, en nous invitant à partager son voyage, à ressentir son empathie mais également son bonheur. Même si nous n’avons pas partagé ces moments intenses, ses rencontres vraies et si belles, nous acceptons son cadeau et ressentons pleinement l’empreinte que ces personnes ont laissée chez le photographe.
Et à notre tour, nous allons à leur rencontre, persuadés de pouvoir partager cette intimité qui fut sienne. Nous observons ce coucher de soleil au Cachemire happés par la quiétude et la douceur du moment, presque enivrés par l’avalanche de couleurs de l’instant.
Nous voulons attraper cette main que nous tend ce jeune garçon lui retournant son sourire et en voulant participer à ses jeux d’enfants. Nous partageons ces moments, ces regards jetés à la dérobée. Nous ne faisons plus qu’un avec eux, ressentant leur joie, leur bonheur, leur simplicité et leur vie.
A travers ce message humaniste, nous pouvons en percevoir un autre : celui d’un homme devenu citoyen du monde qui rêve de repartir faire d’autres découvertes pour nous les offrir à nouveau. On ressent sa soif d’aller vers l’Autre, celui que nous choisissons d’ignorer par facilité. Kares Le Roy a changé, sa vie d’avant est bien derrière lui et sa nouvelle identité photographique explose forte, intense et riche en émotions. Peut-être qu’un jour, il refera de la photographie de mode ou de musique, nul ne peut le dire. Mais une chose est sûre, sa photographie sera différente, elle sera encore plus profondément humaniste.
Vous pouvez consulter le travail de l’artiste sur son site www.travelbykares.com et sa page Facebook www.facebook.com/bykares .
Un week end signature du livre est organisé à l’Hôtel Lutetia les 15 et 16 octobre 2011, de 14 h à 20h.
Hôtel Lutetia 45 boulevard Raspail, 75006 PARIS
Vous pouvez également vous procurer son livre dans les librairies suivantes :
Artazart 83 Quai Valmy. 75010 Paris, France
Le 29, 29 Rue des Récollet. 75010 Paris
La librairie photographique 17 Rue de la Villette. 75019 Paris
Le Monte en l’air 6 rue des Panoyaux. 75020 Paris
Marie-Odile Radom
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