Portraits & Stories de Bert Stern à la Galerie de l’Instant
« Les femmes et la photographie sont mes deux passions, en devenant photographe pour Vogue, j’ai eu la chance de pouvoir les réunir et d’en faire ma vie » Bert Stern
Ce 25 juin 2013, le monde de la photographie a perdu l’un de ses plus grands représentants, l’un des portraitistes les plus doués de sa génération, le photographe de la mythique Dernière Séance de Marylin Monroe, plus de 2500 photographies prises en 1962 à l’hôtel Bel-Air à L.A. pour le magazine Vogue six semaines avant la disparition de l’actrice.
A l’instar de Richard Avedon ou d’Irving Penn, Bert Stern a redéfinit les contours de la photographie de mode moderne, utilisant ses fabuleux talents de portraitistes pour une approche différente, plus glamour et au plus proche de ses sujets.
Né à New-York en 1929, Bertram Stern vint à la photographie en véritable autodidacte. Fils d’un photographe pour enfants, il travailla à l’âge de 16 ans au service du courrier du magazine Look, où il fut repéré par Hershal Bramson, le directeur artistique, qui lui enseigna le design et en fit son assistant. C’est à cette époque qu’il commença à prendre ses propres photographies.
Il quitta pourtant son poste pour devenir le directeur artistique du magazine Mayfair avant de créer avec Hershal Bramson le magazine Flair. Les années Mayfair furent déterminantes pour le photographe naissant car c’est au cours de ces années que Bert Stern s’acheta un appareil photo, apprit à développer ses négatifs et faire des planches contact.
Puis la guerre de Corée éclata, Bert Stern fut enrôlé en 1951 dans l’armée américaine et s’occupa du département photo au Japon où il filma des petits films d’actualité pour le compte de l’armée. De retour aux Etats-Unis, il fut alors recruté par Hershal Bramson – qui travaillait désormais pour une petite agence de publicité – pour photographier la campagne Driest of the dry de la vodka Smirnoff.
L’image, brillante et plutôt révolutionnaire pour l’époque, lança la carrière florissante du photographe. Au début des années 60, Bert Stern était l’un des photographes les plus créatifs et les plus respectés de son époque.
Fervent amoureux des femmes, il a photographié de nombreuses personnalités parmi lesquels, certaines des plus belles femmes au monde, dont Marilyn Monroe bien sûr, mais aussi Audrey Hepburn, Twiggy, Elizabeth Taylor, Sophia Loren ou encore plus récemment Kate Moss.
Comme un ultime hommage à un talent sans pareil, la Galerie de l’Instant propose l’exposition Bert Stern : Portraits and Stories jusqu’au 23 octobre 2013. Cette exposition présente un autre visage du talentueux photographe, reconnectant ses images à leurs histoires et fait la part belle aux sublimes portraits de Marilyn, qui y apparaît dans toute sa sensualité, délicate, naturelle et pleine de vie.
En 1960, Bert Stern est le photographe-plateau du film de Stanley Kubrick Lolita. Travaillant sur l’affiche du film, il réalisa ce cliché de l’actrice Sue Lyon qui incarne le rôle principal, cliché devenu mythique. Il immortalisa toute la perversion de Lolita en ne shootant que le reflet du regard provocateur de la jeune actrice qu’on devine à peine, derrière ses lunettes de soleil rouges en forme de coeur.
Embauché en 1962 par le magazine Vogue, Bert Stern est chargé de suivre le couple mythique Richard Burton et Elizabeth Taylor sur le tournage de Cléopatre. Devenu ami avec le couple, il a pu photographier les débuts de la passion entre les deux acteurs dans des scènes intimes et détendues, hors des plateaux.
Mais c’est surtout sa séance avec Marilyn Monroe qui le fera définitivement entrer dans l’histoire de la photographie. Le 21 juin 1962, toujours pour le magazine Vogue, il donne rendez-vous à la star dans une suite de l’Hotel Bel-Air, qu’il transforme en studio. Pendant cette séance qui dure près de douze heures, il la fait poser nue, juste recouverte d’un simple voile ou habillée de bijoux.
La star de 36 ans aux cheveux blonds platine se livre, joue avec le photographe, débordante de féminité et pleine de naturel, aguicheuse, abandonnée. Après la séance, la star écartera certaines planches contact qui deviendront légendaires, barrées d’un trait de feutre rouge. Enthousiasmé par ces épreuves jugées trop provocantes, Vogue commanda une autre série en noir et blanc, habillée cette fois-ci.
Bert Stern photographia un autre sex-symbol de l’âge d’or : Marlon Brando. Dans un cliché intense, l’acteur caractériel est troublant, rebelle et au summum de son magnétisme, mais paraît perdu dans de sombres pensées.
En 1966, c’est une autre icône du cinéma qu’immortalise Bert Stern pour le magazine Vogue. L’élégance et la grâce d’Audrey Hepburn en Givenchy transparaissent dans une série où la spontanéité et le naturel de l’actrice font mouche.
En 1985, Bert Stern a réalisé le portrait de celle qui allait devenir la prêtresse de la musique pop : Madonna. Troublant portrait de ses débuts qui dévoile déjà son insatiable envie de réussir révélée par une pointe de défi dans le regard.
Portraitiste virtuose, Bert Stern s’exprimait à travers son objectif en nous offrant un regard sublime et très juste sur ces célébrités qu’il magnifiait. En proposant un instantané des meilleurs clichés du photographe, la Galerie de l’Instant lui rend un vibrant hommage autour de ses deux passions, les femmes et la photographie. Elle nous rappelle, à l’heure de la virtualité, que la force d’un regard posé sur l’autre transcende le temps et la mémoire.
Galerie de l’Instant
46 rue de Poitou 75003 Paris
Crédit photo : with the courtesy of Galerie de l’Instant
Marie-Odile Radom
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Superbes photos et photographe !