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Art Paris Art Fair 2013

Art Paris Art Fair 2013

Désormais incontournable, Art Paris Art Fair, le premier rendez-vous printanier de l’art moderne et contemporain à Paris, n’en finit pas de se renouveler. Force est de constater que ce cru 2013 s’est encore bonifié avec une section à part consacrée au design et une autre intitulée Promesses mettant en lumière la création émergente en offrant de la visibilité à 12 galeries ayant moins de cinq ans d’existence.

Pour le Printemps 2013, le grand rendez-vous de l’art contemporain met à l’honneur la Russie et s’avère par son ouverture aux galeries émergentes une concurrente de poids face à sa célèbre grande sœur la FIAC.

 

 

 

 

 

 

 

 

Sous la nef du Grand Palais, une plateforme centrale accueille dix galeries venues d’Ekaterinbourg, Moscou, Saint-Pétersbourg, Rostov-sur-le-Don et Vladivostok, tandis qu’une vingtaine de galeries européennes présentent leurs artistes russes.

Thierry Bruet - Maestro Art Paris Art Fair

Avec près de quatre-vingt dix artistes russes représentés, Art Paris Art Fair 2013 met en lumière jusqu’au 1er avril 2013 une scène variée et riche de promesses orientée vers la promotion des scènes de l’Est. Comme un écho à la première exposition d’artistes russes de 1906, Art Paris Art Fair s’avère être une découverte d’artistes flamboyants profondément marqués par leur culture qu’ils savent sublimer ou contourner.

Des artistes de la diaspora des années 1920-1930 (comme Boris Grigoriev ou Aleksandr Yakovlev) aux non-conformistes, opposés à la culture au pouvoir de l’URSS entre 1960 et 1991 (Vladimir Andreenkov, Rogensky…), en passant par les étoiles de la scène contemporaine actuelle (AES+F, Olga Chernysheva, Boris Mikhailov…), le panorama proposé est l’occasion unique de découvrir des œuvres politiques mais qui s’ancrent dans une réflexion esthétique.

Ainsi, l’ange déployant ses ailes pourvues de réacteurs d’avion proposé par l’artiste russe Dmitri Shorin survole la foire avec son ange exposée sur le stand de la Galerie Erarta.

A travers cet ange muni d’ailes d’avions assis en lotus, il interroge le concept de progrès et les limites du corps humain à l’époque du numérique.

La galerie Lilja Zakirova présente l’intéressante photographie de Katerina Belkina, nominée en 2012 au prestigieux Kandinsky Prize à Moscou. Balançant entre réalité et onirique, ces autoportraits montrent une femme mystérieuse, belle et un peu hautaine. Mais derrière cette façade, elle semble bien seule et perdue à l’image de l’arrière-plan.

L’une des belles découvertes de cette foire est sans contexte l’artiste Dimitri Tsykalov présenté sur le stand de la Galerie Rabouan-Moussion. Son impressionnante sculpture Heart trône suspendue au centre de la nef. Ce cœur végétal fait de racines, de terre et de branchettes artérielles reste une profonde allégorie de la terre nourricière, source de vie fragile, friable et pourtant point de départ artistique.

L’artiste russe propose une seconde œuvre Skin, toujours faite à partir de bois mais faisant ici référence à l’animalité et à la guerre. Constituée de caisses à munitions vides venues du monde entier, cette peau d’ours est en réalité une cartographie du marché d’armes nous renvoyant le reflet d’une société guerrière où chacun veut se faire la peau.

La galerie présente aussi une belle sélection de ses artistes fétiches dont l’artiste JonOne ou encore le célèbre photographe Erwin Olaf exposé en ce moment à la Sucrière de Lyon.

Jamais un photographe n’a autant côtoyé l’inconscient. Derrière des clichés à l’esthétique léchée explose la réflexion d’un artiste qui regarde, qui pose le décor et la couleur comme un peintre dans une scénographie troublante avec un sens de la composition et du détail accru.

On retrouve notamment l’un de ses derniers autoportraits Tar and Feathers dans laquelle il se met en scène pour réaffirmer son combat contre l’homophobie.

Capturant de façon éclatante l’essence de la vie contemporaine, il ne nous facilite pas les choses laissant notre propre inconscient saisir son propos. Ainsi, le détail le plus important n’est pas le clown triste sur le plongeoir mais bien la paire de chaussures à talons et l’as de cœur qu’il tient dans sa main !

La Galerie a également tenu à exposer l’artiste Vlad Monroe, célèbre performeur qui aimait se travestir en personnages médiatiques dans une virulente mais inspirée critique sociale. L’artiste aurait dû évoluer le soir du vernissage sous les traits de Gérard Depardieu mais la mort l’a brutalement emporté le 16 mars dernier alors qu’il se trouvait à Bali.

Autre coup de cœur de la rédaction : l’artiste italien Fabio Viale dont les structures trompe l’œil proposées sur le stand de la Galerie Gagliardi Art System prennent un malin plaisir à se jouer de nos perceptions. Le sculpteur italien détourne les codes de la sculpture de marbre traditionnelle pour lui donner des formes insolites.

Avion en papier, cagette en plastique, pneu, sac en papier, torse tatoué, toutes les formes passent au filtre de ses envies de créations dans son atelier de Turin.

Mais le plus impressionnant reste deux sculptures en marbre Skull et Souvenir Gioconda, auxquelles il est parvenu à donner au marbre l’aspect du polystyrène avec un réalisme bluffant et un souci du détail impressionnant.

Présentées en duo, ces deux œuvres forment en fusionnant une intéressante vanité de la connaissance. L’illusion est parfaite, l’impression de fragilité n’en devient que plus forte.

La même galerie expose également les œuvres du duo J&Peg (Antonio Managò et Simone Zecubi). Les silhouettes inquiétantes de Cosa Comune, ces photographies numériques et peintures acryliques sur PVC marouflé sur toile, fascinent et intriguent.

Emprisonnées dans leurs postures et pourtant sans expression, elles dévoilent malgré elles des aspects cachés dans ces moments suspendus dans le temps bien au-delà de la perte d’identité pour dévoiler une identité stéréotypée.

Cette année encore, les toiles de Robert Combas ont encore les faveurs des exposants (Galeries AD, Claire Gastaud..). On reste impressionnés par la majesté de la toile proposée sur le stand de la Galerie Fleury aux dimensions considérables (650 x 290 m) toujours avec ce sens du détail exacerbé qui caractérise l’artiste.

L’installation lumineuse de l’artiste anglais Robert Montgomery proposée sur le stand de la galerie genevoise Analix Forever. Ces écritures poétiques établissent un lien entre les êtres, comme une pause dans un quotidien saturé de communication numérique dans un acte purement poétique.

On retrouve avec plaisir les œuvres de la série Timequakes de Sabine Pigalle sur le stand de la Galerie Louise Alexander. L’artiste-photographe se réapproprie l’iconographie des grands portraits de l’histoire de l’art dans une réinterprétation photographique des classiques de la peinture.

Dans un dialogue réussi entre l’art ancien et l’art contemporain, elle effectue un véritable travail sur la sédimentation de l’histoire de l’art dans notre inconscient collectif.

On est séduit par la poésie de l’installation hybride vidéo et sculpture du français Pascal Haudressy.

Le Dernier jeu de Mehryl Levisse exposée dans le stand de la Galerie Couillaud & Koulinsky intrigue.

Ce cercueil en Légo serait-il un moyen détourné de nous dire que la mort n’est finalement qu’un jeu ou plutôt nous renverrait à la fin de l’enfance si promptement enterrée dès l’entrée dans l’âge adulte ?

Les amateurs de photographie retrouveront avec plaisir le stand de la A. Galerie.

Arnaud Adida a choisi de mettre l’accent sur les images volées au travers des œuvres des photographes Ron Galella, Claude Gassian et Weegee.

On retrouve avec un plaisir non dissimulé les clichés de Ron Galella le premier paparazzo dont ce fameux cliché de Jackie Kennedy !

La Galerie Esther Woerdehoff met à l’honneur  le travail de quatre photographes.

Les photographies très sombres de Thierry Cohen nous plongent dans la contemplation des paysages urbains de New York, de Sao Paulo, de Shanghai ou Paris sous un ciel étoilé impossible à voir.

Le photographe voyage dans les déserts d’Asie, d’Amérique du Sud ou d’Afrique pour photographier les ciels qui correspondent aux latitudes de ces villes. Il restitue dans ses photographies l’aspect que pourraient avoir les mégapoles si celles ci ne généraient pas une pollution lumineuse nous interdisant de voir les étoiles et questionne sur la place de l’homme dans son environnement.

Le témoignage photographique de Michael von Graffenried sur la vie quotidienne de la Ville sainte de l’hindouisme, Varanasi en Inde, est saisissant avec un véritable sens de la couleur et de la composition. Les images panoramiques de la série On the Edge détaillent la vie quotidienne des habitants entre tradition et monde en évolution.

Art Paris Art Fair réussit son pari d’année en année. Elle se démarque notamment de sa grande sœur la FIAC en proposant aussi bien des artistes émergents et prometteurs que des artistes bien installés. Mais point de concurrence ici, plutôt une complémentarité bienvenue.

En donnant la parole à la scène artistique de l’Est, la foire donne la parole aux talents de demain. En proposant pas moins de 140 galeries en provenance d’une vingtaine de pays différents, elle revendique son identité internationale. Art Paris Art Fair 2013 ferme ses portes en ce 1er avril sur des promesses, celles d’une édition 2014 de qualité.

Art Paris Art Fair: Grand Palais, avenue Winston Churchill 75008 Paris.

Marie-Odile Radom

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