Givenchy Hommes Printemps Eté 2013
La saison dernière, il nous offrait des oiseaux de paradis et une nature luxuriante à foison. Auparavant, il avait démocratisé l’imprimé Rottweiler en faisant un objet de désir pour de nombreux aficionados. Pour le Printemps-Eté 2013, Riccardo Tisci, le directeur artistique de la Maison Givenchy nous propose un retour aux sources, à sa source, celle de sa famille dans l’Italie du Sud.
En retournant à ses racines italiennes, Riccardo Tisci a trouvé une nouvelle source d’inspiration brute et puissante dans le culte de la communion. La mélangeant avec une référence au Bauhaus, le talentueux directeur artistique nous propose une collection riche aux 66 silhouettes mêlant dans un accord surprenant romantisme et netteté des coupes en s’appuyant sur sa force, l’imprimé.
Abordant avec force le thème du sacré et de la superstition, Riccardo Tisci joue de manière savoureuse avec les iconographies religieuses en les réinventant en icônes de la mode dans des tonalités noires, blanches et rose pâle, empruntant parfois à l’iconographie byzantine ses madones auréolées d’or ou ajoutant le chiffre 17, équivalent de notre 13 dans un esprit plus sportswear.
Sérigraphiées sur des soies moirées qui leur donnent des reflets inquiétants, des Madones aux yeux fermés ou à l’impressionnante coupe Afro viennent habiller des pèlerins percés entre les deux yeux d’un étrange assemblage. Et lorsque la Madone se fait plus abstraite, c’est soudainement Madonna qu’on croit apercevoir.
L’imprimé se réinvente en de multiples propositions. Des techniques diverses explorent différents coloris pastel, un effet flou encadré dans des cubes graphiques et des rectangles colorés joue avec nos perceptions de la Madone, qui de icône religieuse devient icône de la pop. Des surimpressions aux rayons X et des manipulations informatiques créent une sensation de relief des plus attirantes.
Utilisant des matières plutôt couture telles que l’organza, le satin duchesse, l’imprimé jacquard, Riccardo Tisci nous présente sous un jour nouveau un style plus doux avec des pièces ambitieuses définissant un néo-minimalisme des plus seyants, mêlant charme des matières et sensualité des coupes à la sauce Givenchy.
Au milieu de propositions plus sportives où les blousons, les tee-shirts et les sweats tirent leur épingle du jeu, la couture joue un rôle significatif. Les silhouettes allongées et l’originalité des coupes ajoutent une certaine pureté graphique. Les pantalons droits, les superpositions et les sandales agrémentées de chaines en or renforcent l’effet pèlerin de silhouettes pures et innocentes.
Les vêtements semblent soudain en mouvement créant des effets d’optique des plus attirants. Les lignes nettes et construites en référence au Bauhaus se retrouvent sur des costumes taillés près du corps, avec une proposition de blazers sans manches. Les chemises et autres tops se font faussement tuniques par le truchement d’un effet très visuel de voiles en mousseline de soie, contrastant avec des blazers croisés aux coutures plates.
Une nouvelle fois, Riccardo Tisci nous prouve son génie en réinventant le style Givenchy sans jamais l’affaiblir. Multipliant les propositions et mêlant hommes et femmes, il se tourne vers ses origines italiennes du Sud et joue sur le Sacré. En le mélangeant avec une référence de Bauhaus et une iconographie riche de Madones classiques retravaillées, la collection Printemps Eté 2013 rassemble romantisme et précision des coupes pour un homme Givenchy nouveau. Mais bien loin d’un lecture littérale de la religion, il nous prouve qu’en matière de mode comme dans la religion, nous nous construisons nos propres idoles…
Crédit photo : with the courtesy of Givenchy.
Marie-Odile Radom
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