L’exposition Here we are par Burberry
« When we started thinking about curating Here We Are, I knew I wanted it to celebrate a certain strand of British photography that I have always loved – one which documents the many and varied tribes and clans and classes that make up this island of ours. It’s the spirit of these photographs – sometimes ironic, sometimes tender, always truthful – that has guided our September collection. » Christopher Bailey
Septembre 2017. La Fashion Week de Londres bat son plein et Christopher Bailey, le directeur de la création de la Maison Burberry, dévoile sa collection Septembre 2017, une collection placée sous le signe de l’excentricité du style britannique dans un mélange de textures, de couleurs et de coupes.
Et c’est au sein de la Old Sessions House, une ancienne court de justice récemment rénovée, que le directeur artistique nous a donné rendez-vous pour un défilé célébrant l’héritage stylistique de la société britannique dans une mode d’inspiration streetwear résolument contemporaine.
En complément de cette collection, une exposition née d’une réflexion sur ce que signifie être britannique aujourd’hui et réunissant plus d’une centaine de clichés sélectionnés par Christopher Bailey et l’écrivaine Lucy Kumara Moore avec la participation du photographe britannique Alasdair McLellan mettait en parallèle mode et photographie traditionnelle.
A l’origine scénographie du défilé Burberry, l’exposition Here we are est finalement devenue une exposition itinérante qui, après Londres et Shanghai, s’arrête quelques jours à Paris et investit jusqu’au 04 février les anciens locaux du quotidien Libération.
Les deux derniers étages du bâtiment servent d’écrin à cette sélection exigeante regroupant pas moins de 90 oeuvres de quelques 30 photographes célébrant la société et le documentaire.
Le lieu est brut, faisant la part belle au béton, et offre une vue incroyable sur Paris, ses toits, ses monuments emblématiques et une ligne d’horizon qui aide à l’introspection et ajoute à l’émotion.
Divisée en thématiques explorant le British way of life, l’exposition présentée à Paris réunit des clichés de photographes anglais de renom qui portent un regard vrai sur la société britannique.
On retrouve ainsi des oeuvres de Martin Parr, Janette Beckman, Jane Bown, Brian Griffin, Dafydd Jones, Karen Knorr, Charlie Phillips, Andy Sewell ou encore Jo Spence.
L’exposition fait également la part belle aux travaux peu ou encore jamais exposés, comme ceux de Shirley Baker, Ken Russell, Colin Jones ou encore Daniel Meadows. On reste happée par ce cliché de femme de Ken Russell, troublante et forte.
Sans oublier le travail d’Alasdair McLellan, dernier collaborateur créatif de Burberry, mettant en scène quatre séries de clichés pris en Angleterre, en Irlande du Nord, en Écosse et au pays de Galles, ainsi que des imprimés photographiques et des projections mettant en scène des travaux du créateur, photographe et réalisateur russe Gosha Rubchinskiy, qui vient de signer une collection capsule pour Burberry réinterprétant les pièces classiques d’une manière plus urbaine.
Articulée autour de photographies de la société anglaise du milieu des années 1950 jusqu’au milieu des années 1980, Here we are se veut un portrait social de la société britannique contemporaine dans toutes ses nuances, une société oscillant entre tradition et modernité, clans et classes, mondanités et milieu populaire.
Ces portraits d’enfants, d’adolescents ou d’adultes oscillant entre une Angleterre sombre faite de misère et une autre beaucoup plus lumineuse et festive proposent un portrait sincère de ce qui fait la singularité du peuple britannique.
En choisissant la photographie comme support, elle apporte un regard neuf sur le Royaume-Uni au travers de sa société, de son identité ou encore de sa culture, dessinant une certaine vision de la Grande-Bretagne du 20ème siècle, de sa jeunesse, de ses mutations, de ses visages.
Abordés comme un voyage au sein des villes britanniques et de la campagne anglaise avec une échappée sur les toits de Paris et sur ces monuments, ces clichés correspondent parfaitement à l’ADN de la Collection de Septembre 2017 également présentée en miroir de ces instantanés.
D’audacieuses combinaisons de matières avec des pulls portés sur des robes en dentelle, des tenues mixant tradition et modernité, du street wear associé à un vestiaire plus aristocratique, le célèbre trench décliné à l’envi, les vestes en tartan et plastique, de grosses mailles renvoient tous à une identité stylistique du style Britannique associé à l’esprit Burberry.
En plein Brexit, cette exposition prend tout son sens. Au travers de ces images très souvent inédites pour la plupart, nous redécouvrons une Angleterre complexe qui nous renvoie à une identité Britannique forte qui s’exprime de façon multiple, des fêtes décadentes de la bourgeoisie des années 1980 capturées par Dafydd Jones au milieu ouvrier de l’Irlande du Nord sous l’œil d’Ian Macdonald.
Ici, mode et photographie sont intimement liées dans un portrait sociétal fort. Grâce à ce formidable portfolio, Christopher Bailey nous brosse le portrait de la société qui l’a inspiré tout au long de ses années chez Burberry et nous rappelle que la mode se nourrit des choses qui l’entourent.
De la rue bien évidemment mais également de l’art ou encore de l’architecture. Parfois, elle embrasse des causes sérieuses et se veut politique. Et toujours un peu militante…
Exposition ‘Here We Are’ par Burberry
ENTREE LIBRE ET GRATUITE
Ouvert de 11h à 20h tous les jours du 26 janvier au 4 février 2018
11 rue Béranger – 75003 Paris, M° République
Photo à la une : Blondey McCoy wearing a Burberry Car Coat @ Burberry by Alasdair McLellan
Marie-Odile Radom
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