Photographie et cinéma, le 7e art dans l’oeil du photographe
« Pour les besoins d’un reportage photographique, on me fit rencontrer Picasso. Mon Dieu, quel homme ! Quelle personnalité ! Il n’y avait plus de starlette ceci, ou cela, il y avait une jeune femme émerveillée devant un homme qui était une sorte de demi-dieu… » Initiales B.B. de Brigitte Bardot, éditions Grasset, 1996
Certains artistes ont le privilège de faire leurs adieux en beauté, ce fut le cas de Jean Cocteau Artiste complet et l’un des plus influents du XXe siècle, il éprouva dès sa jeunesse un attachement particulier pour le cinéma.
Désireux de clôturer sa carrière cinématographique, le réalisateur et poète réalisa trois ans avant sa mort le Testament d’Orphée, dans lequel il interprète son propre rôle tandis que Jean Marais y interprète Oedipe.
Et c’est le dernier travail de mise en scène de Jean Cocteau qui sera mis en lumière ce lundi 03 octobre à l’Hôtel des ventes Drouot lors d’une vente aux enchères des plus passionnées !
Les 260 négatifs originaux du reportage consacré par le photographe, attaché de presse et collaborateur d’Unifrance, Jérôme Brierre au film le Testament d’Orphée devraient trouver facilement preneur lors de l’importante vente de photographies sur le thème du cinéma organisée par la Maison de ventes Tessier Sarrou dans le cadre de Nuit Blanche.
Autre chef-d’œuvre du réalisateur mis à l’honneur : La Belle et la Bête (1946), mettant à nouveau en scène Jean Marais, accompagné de Josette Day. Sur le tournage, Aldo réalise un reportage dont les 660 négatifs originaux, documentant tant le jeu des acteurs pendant les prises que des moments volés de détente ou de préparatifs, sont estimés entre 40 000 et 60 000 €.
Cette vente sera aussi l’occasion de se plonger plus intimement dans le regard du photographe Jérôme Brierre qui a réalisé de nombreux reportages lors des tournages de films et dans l’intimité des stars, à l’instar de cette inattendue et unique rencontre entre Pablo Picasso et Brigitte Bardot dont les 93 négatifs sont proposés autour de 8 000-12 000 €.
Nous sommes en avril 1956, le festival de Cannes bat son plein. Brigitte Bardot s’y rend dans le but de trouver des fonds pour ce qui deviendra le mythique Et Dieu… créa la femme. En marge de l’événement, la future star a été reçue dans la propriété Californie sur les hauteurs de Cannes, habitation de Picasso de 1955 à 1961. On la fit poser avec le peintre catalan alors âgé de 75 ans.
Ce reportage intime et émouvant témoigne de ce moment unique où l’artiste explique et apprend à la jeune actrice son travail au sein même de son atelier, entourés de ses œuvres. Elle confiera plus tard avoir été émerveillée et très intimidée par ce «demi-dieu». Même si ce fut leur seule rencontre, une réelle entente entre ces deux artistes transparaît dans les clichés.
Une autre rencontre entre deux monstres sacrés est également mise en lumière à travers les 157 négatifs d’un reportage de tournage du film Le Mystère Picasso réalisé par Jérôme Brierre et quelques tirages argentiques originaux.
Le projet d’une collaboration entre Pablo Picasso et Henri-Georges Clouzot est évoqué pour la première fois en 1952, alors que les deux hommes sont désormais voisins, Picasso vivant à Vallauris et Clouzot, auréolé du succès du film Salaire de la peur, à Saint-Paul.
C’est une bonne idée, il faudra en reparler sont les mots du peintre quand Clouzot expose l’idée de faire «un film ensemble». Au printemps 1955, Picasso appelle Clouzot pour lui parler de stylos feutres fabriqués aux États-Unis et qu’il vient de recevoir. Ces stylos ont la particularité d’avoir une encre capable de transpercer tout un bloc de pages, et a fortiori une toile.
Le déclic s’opère, le procédé est trouvé : filmer la toile à l’envers et ainsi assister à l’œuvre de création. Le tournage se déroule pendant les mois de juillet, août et septembre 1955. Clouzot y démontre tout le mécanisme créateur d’un artiste, il a conduit Picasso jusqu’à un degré extrême de tension et de fatigue.
Au-delà des clichés de film et de tournage, seront proposés aux collectionneurs et cinéphiles des négatifs de nombreux films. Ainsi les plus grandes stars des années 50 seront présentes dans cette vente au travers de reportage intimiste lors de leur voyage, rencontre et tournage de film.
Des moments volés par l’œil des photographes parmi lesquels les photos de tournage du film Un singe en hiver avec Jean Gabin, Jean-Paul Belmondo, Henri Verneuil et Michel Audiard.
Une centaine de films seront représentés ici avec des photos de tournages. Rare sur le marché, cette vacation offrira également aux amateurs une sélection d’une vingtaine d’ensemble de négatifs originaux de film.
Et que serait un grand film sans un grand acteur et une grande actrice, une véritable galerie de portraits sera offerte aux cinéphiles avec plus de 100 clichés !
Avec cette vente aux enchères, la Maison Tessier-Sarrou met en lumière la complémentarité de deux arts que tout semble opposer. Et parce que chaque instant immortalisé pour la postérité raconte à la perfection l’histoire des films, laissons la magie du cinéma se réinventer à travers les yeux des photographes !
Vente aux enchères publiques – Hôtel des ventes Drouot : Lundi 3 octobre à 11h et 14h
Hôtel Drouot – 9, rue Drouot – 75009 Paris, France
Marie-Odile Radom
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