Dries Van Noten Hommes Printemps Eté 2017
“It’s a sign of the times in fashion, it’s the idea of contemporary arts and crafts, it’s about my place in the industry. We’re looking at the small things.” Dries Van Noten
Ce jeudi 23 juin, Dries Van Noten présentait à l’Accor Hôtel Arena de Bercy une collection printemps-été 2017 poétique et rafraîchissante, inspirée des toiles et tapisseries de Kelmscott Manor, la maison de campagne de l’écrivain William Morris, l’un des principaux représentants du mouvement Art and Crafts.
A l’heure où la mode passe d’une saison à l’autre avec l’empressement d’une débutante à son premier bal, le créateur belge s’interroge sur l’essence même de sa mode et lui redonne de l’authenticité en remettant le travail artisanal au centre de sa couture.
Il se réapproprie ainsi les préceptes du mouvement Arts and Crafts, né en Angleterre à la fin du 19ème siècle en réaction à une industrialisation galopante et à la fabrication de masse. Le but de ce mouvement était de recréer du lien en produisant avec plus de conscience et de soin, loin de l’aliénation du vite produit, vite consommé.
Prenant le contrepied de l’industrie actuelle où le commercial et le marketing l’emportent souvent, Dries choisit de mettre l’artisanat à l’honneur. Le créateur belge continue de faire ce qu’il sait si bien faire dans une collection poétique, avec de constantes références artistiques, mais en mettant l’accent sur le travail remarquable effectué par les ateliers.
Et s’il revisite bien ses classiques en se concentrant sur la recherche de textures et l’artisanat, il n’y a pourtant pas de nostalgie dans sa collection. C’est résolument vers un futur proche que Dries Van Noten place sa couture. Tapisseries antiques cousues à la main dans un imprimé photographique, franges ornant ceintures et pulls et imprimés camouflage en font tout le charme.
Comme pour appuyer son propos, le manoir de Kelmscoot, la maison de campagne de William Morris, prend ainsi une place de premier choix au sein de la collection, se retrouvant dans les visuels romantiques basés sur des impressions photos de cinq tapisseries florales et dans les multiples patchworks du show.
Valeur sûre de la prochaine saison, le motif camouflage s’invite aussi sur plusieurs pièces de la collection. Le denim imprimé en trompe l’oeil sur du coton trouve une nouvelle modernité.
Sur le devant des vestes, des calligraphies de Pokras Lampas, un artiste russe spécialisé dans la calligraphie moderne, témoignent d’un désir de fusion entre l’art et la mode.
Malgré ses nombreux emprunts au sportswear, le créateur privilégie une silhouette ample et élégante. L’homme Dries Van Noten porte un pantalon ample resserré à la taille avec un marcel en maille, quand il n’enfile pas une veste croisée sur un bermuda ou succombe au bermuda large et au débardeur oversize.
Totalement sûr de lui, il ose également la tunique argentée ou un étonnant pull rebrodé avec fils frangés. Chic mais urbain, il privilégie le confort sans pour autant en oublier l’élégance qui le caractérise. Rayures et couleurs sourdes font toujours aprtie de son vocabulaire.
Clou du défilé, de grands panneaux sur lesquels étaient fixés 1500 phares d’automobiles se sont allumés simultanément au moment du final, augmentant la chaleur qui avait pris possession du lieu. Ce Mur des Lumières créé il y a 30 ans par la compagnie française Royal de Luxe, spécialisée dans le théâtre de rue, a été vu pour la première fois par le créateur il y a une dizaine d’années à Anvers.
Pour l’été prochain, Dries Van Noten nous propose à travers une collection subtile très poétique, où l’artisanat retrouve ses lettres de noblesse, une remise en question de l’industrie de la mode.
A travers ses saines interrogations se profile un retour dans la lumière de l’artisanat et d’un produit fini de meilleure qualité mais aussi un questionnement plus que nécessaire sur notre rapport à la mode et à la consommation.
Et derrière toutes ses questions qui nécessiteront plus d’une saison pour trouver des réponses, l’homme Dries Van Noten continue d’avancer.
Marie-Odile Radom
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