Les muses de Marc Lagrange s’exposent à la Hune
« J’ai envie de montrer que la beauté peut être éternelle. Je fais mes propres mises en scène. Un film défile en permanence dans ma tête. A certains moments, je m’arrête et je capture l’instant. » Marc Lagrange
De lui, il souhaitait qu’on ne retienne rien. Non, la seule chose qui importait, c’était que ces photos soient éternelles. Et c’est bien le cas, tant les photographies de Marc Lagrange semblent ne jamais vouloir tirer leur référence, laissant une empreinte bien profonde pour qui sait les regarder.
En quelques années, le photographe belge a su s’imposer dans l’univers du nu et du portrait. Mondialement reconnu pour ses nus féminins à la fois insaisissables et façonnés de désirs et de fantasmes, Marc Lagrange, décédé brutalement le 26 décembre dernier dans un accident, laisse derrière lui une œuvre pleine d’élégance et de sensualité.
Pour lui rendre hommage, la librairie la Hune a choisit d’exposer jusqu’au 5 juin 2016 les muses de Marc Lagrange. Ces femmes sublimes et fatales dévoilent ainsi sous nos yeux intrigués leurs atours sublimés par l’oeil du photographe dans l’exposition Marc Lagrange.
Célébrant la beauté, la volupté et le plaisir, cette exposition monographique réunit vingt et un tirages noir et blanc développés sur papier gélatine argent, tirés de son dernier livre Senza Parole paru en 2015.
L’exposition met également en lumière huit tirages Platinum en édition limitée. Les tirages platine, très prisés de l’artiste pour leur grain particulier et leur côté hors du temps, donnaient ainsi beaucoup de profondeur au regard de ses modèles.
Et témoignent de la préférence du photographe pour l’argentique, qui lui permettait d’explorer l’intime et l’émotion dans leur expression la plus naturelle. Car ses portraits de femmes ne sont en rien de simples clichés de femmes dénudées. Bien au contraire !
Derrière cette séduisante mise à nu, derrière le fascinant mélange de force et de sensibilité qui se dégage de chacun des clichés, se cache le plus profond des respects pour l’essence même de la féminité. Ces femmes saisissantes au regard tantôt troublant tantôt conquérant semblent bien insaisissables, à la fois fragiles et fortes.
Et si cet érotisme léger, cette sensualité raffinée, ne sont pas sans rappeler d’autres grands noms de la photographie tels que Helmut Newton et surtout Irving Penn, Marc Lagrange joue plutôt sur l’onirisme et le fantasme, élevant la sensualité à un niveau supérieur pour s’intéresser au désir et à son expression avec un soupçon de décadence assumée.
Le talentueux photographe choisit minutieusement ses modèles qu’il place, tel un metteur en scène, dans de magnifiques décors souvent baroques, pour offrir au regard une pure composition dans un mélange d’esthétisme, de fantasme, de rêve et probablement d’immortalité.
Ses photographies dénotent de son souci du détail, rien n’est laissé au hasard jusqu’à la moindre respiration. Elles intriguent tout autant qu’elles nous transportent dans un univers onirique et féminin. Dans son éloge de la sensualité, le photographe anversois place la beauté et le rêve au cœur de son oeuvre, distillant un érotisme jamais obscène où le corps tient le rôle principal et où notre imagination fait le reste.
Car là réside la force du travail de l’artiste. A travers ses mises en scène très cinématographiques, Marc Lagrange amorce le début d’une histoire peuplée de femmes à la sensualité raffinée. Mais c’est au spectateur de construire le scénario, de créer sa propre histoire avec son ressenti et ses propres désirs. Avec pour seules guides les fameuses muses de Marc Lagrange.
La Hune
Place Saint-Germain-des-Prés
16, rue de l’abbaye 75006 Paris
01 42 01 43 55
Marie-Odile Radom
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