Yanina Couture Printemps Été 2016
« Il est possible que l’image qui m’a le plus inspirée alors que je créais la collection a été La Princesse Cygne » de Mikhail Vrubel. » Yulia Yanina
D’apparence frêle et délicate, elle incarne l’image même de la danseuse romantique. Longue et svelte, Anna Pavlova est considérée comme la meilleure danseuse de ballet classique de l’histoire, portant son art à travers le monde. Enfant, celle qu’on surnommait le Cygne Blanc rêvait déjà de devenir ballerine.
Entrée dans la légende de son vivant, la danseuse russe conjuguait technicité, élégance, grâce et un certain art de la transfiguration. Elle a mené l’art de la danse russe au plus haut niveau, inspirant de nombreuses danseuses mais aussi des créateurs de mode comme Yulia Yanina.
Pour le printemps prochain, Yanina Couture nous invite au ballet, imaginant le vestiaire éthéré d’une jeune fille rêveuse et romantique, inspirée par sa passion pour le ballet. Dès la première silhouette, le ton est donné, le ballet imprègne la collection.
Tel un cygne blanc, Déborah Hung apparaît dans une robe de plumes blanches avec un rubis écarlate à la place du cœur. Puis majestueux, le cygne noir apparaît dévoilant son port délicat sur une robe de plumes noires.
Commence alors le ballet de silhouettes au port de tête altier, évoluant avec grâce et élégance dans des robes toutes en légèreté composées d’empilements de tulle à tutus dans une déclinaison de couleurs variant du gris perle au rose poudré.
Broderies, taffetas et velours ponctuent de délicatesse chaque chapitre avec des mouvements de strates semi-transparentes.
Évanescente et fière, la danseuse marque de son empreinte les pièces de la collection, apparaissant sur une épaule pour devenir une manche bouffante ou en transparence sur du tulle osant pointes et arabesques.
Accompagnant la ballerine de délicatesse, le tutu se réinvente osant les plus brillantes combinaisons, se parant de broderies ou de sequins.
Ballerines au pied et chapeaux semblables à ceux portés par Anna Pavlova et Ida Rubinstein en 1910 complètent un vestiaire très habité par la danse.
Mi-princesse aristocratique, mi-ballerine, la jeune femme Yanina Couture est cultivée et, élevée avec les classiques russes et les romans français, clame son amour pour la Russie éternelle et pour la France dans un hommage poétique aux liens historiques et esthétiques entre les deux nations.
Pleinement moderne, la collection renferme pourtant de nombreuses références au passé. Le très classique 19ème siècle, siècle de la culture aristocratique, se mêle avec brio avec l’esthétisme des années 1910 et 1920, quand des flots d’émigrés russes sont arrivés en Europe.
Comme un ultime pas de deux apparaît enfin la mystérieuse et fascinante Princesse Cygne portant sa robe à la dentelle délicate dans un élégant tissu gris perle et voile argenté aux teintes nuageuses réminiscences d’ailes brodées.
Dans une collection maîtrisée largement dédiée au ballet, Yulia Yanina remet au goût du jour la Princesse Russe romantique et rêveuse. Mêlant son amour pour le ballet, la fascination pour l’art russe et les impressionnistes français, la créatrice russe nous plonge dans un songe éveillé multipliant les jeux de transparence et la pureté des coupes de robes somptueuses.
Dans une interprétation couture de la Mort du cygne, elle nous offre un fabuleux hommage à l’une des plus grandes ballerines de tous les temps. Que le spectacle commence !
Marie-Odile Radom
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