Le Café Society de la Maison Chanel

« Le rideau rouge s’est levé sur des fêtes qui bouleversent la France et qui entraînent une foule en extase. » Jean Cocteau

Préfigurant la jet-set du milieu du siècle, la Café Society a marqué son époque, révélant une esthétique nourrie d’audaces et d’excentricités. Entre 1920 et 1960, elle réunissait haute société, milliardaires, mondains de tous bords et artistes à l’occasion de fêtes fastueuses où seules comptaient l’élégance et l’esprit, abolissant les barrières, transformant profondément la société.

De Paris, Venise, en passant par New-York ou encore la Riviera, leur vie ressemblait à un perpétuel voyage rythmé par les dîners, les bals, les concerts et autres grandes fêtes, à la recherche d’une émotion, d’une beauté nouvelle bousculant les certitudes, d’un frisson artistique sortant des conventions puritaines et bourgeoises de l’époque.

Dans le sillage de Jean Cocteau, de Pablo Picasso ou encore d’Igor Stravinski, la Café Society imposait une manière de célébrer au quotidien la fragile splendeur de l’instant présent. 

Cette nouvelle aristocratie du goût, qui comptait dans ses rangs une certaine Gabrielle Chanel, érigeait une nouvelle élite dont la seule raison d’être était le sens du talent plutôt que celui de la particule.

C’est en hommage à cette période faste pour les arts de tous horizons, à une époque riche et passionnante durant laquelle Gabrielle Chanel fut mécène et participa activement à la vie artistique, que la Maison Chanel a imaginé une collection de haute-joaillerie dédiée à l’audace, inspirée d’une certaine idée de la liberté.

Cette quête incessante de nouveauté, cette atmosphère de liberté profondément inspirante se retrouve ressuscitée dans une collection éprise des années folles mais à l’allure affranchie des codes et du poids de la tradition, à l’image de ce qu’ont été en leur temps la Café Society et Coco Chanel.

Et c’est lors de la semaine de la Haute-Couture parisienne que la prestigieuse maison nous a dévoilé en avant-première la collection de haute joaillerie Café Society sur la scène du Théâtre des Champs Elysées, là où Igor Stavinski créa en son temps le Sacre du Printemps.

Dans une mise en scène empreinte de gravité, les pièces les plus remarquables furent mises en lumière sous la coupole bienveillante du plafond ornée d’une fleur art-déco géante, dont la forme n’est pas sans rappeler le fameux camélia si cher à Coco Chanel.

Au son de mystérieuses cordes en pleine répetition, la Maison Chanel nous a présenté en avant-première quatorze précieuses parures rivalisant de splendeur et de créativité aux noms si évocateurs : Charleston, Symphony, Broadway, Morning in Vendôme, Tuxedo, Midnight, Bubbles, Jazz, Sunset, Cruise, Muse, Sunrise, Café society, Smoking.

Offrant des combinaisons inédites de pierres et de tailles, cette ligne inspirée du passé – qui sera révélée en totalité en septembre lors de la Biennale des Antiquaires – s’avère résolument tournée vers un avenir des plus brillants. 

Les ors rose, blanc et jaune côtoient ici les pierres les plus précieuses pour des pièces uniques où le camélia vient faire quelques apparitions surprises. 

L’audace art déco se conjugue avec la rigueur géométrique d’un art joaillier minutieux dans de somptueuses parures scintillant sur la peau, accompagnant chaque geste de lumière dans une symphonie de pierres précieuses.

Ainsi la parure Midnight joue sur l’ambiguïté du clair obscur. Aux alentours de minuit, elle révèle des contrastes saisissants qui en font sa beauté, joue la plus cristalline des mélodies.

Contraste ultime, le noir profond de l’onyx se mêle avec délicatesse au blanc scintillant des diamants créant des motifs aux contours hypnotiques. 

Morning in Vendôme nous renvoie à l’éclat des premiers rayons de soleil illuminant la Place Vendôme, écrin des plus grands joailliers.

Cette parure aux tonalités jaunes, noires et blanches capture toute la lumière d’une aurore dans des bijoux spectaculaires mêlant diamants et saphirs.

Ainsi la pièce maîtresse de la ligne, un collier monumental, reprend la forme de la célèbre place Vendôme au centre de laquelle un diamant jaune taille émeraude de 12 carats figure l’éclat du soleil.

Dans le sillage des années folles, les pièces de la parure Broadway nous renvoient de l’autre côté de l’Atlantique.

Les lignes pures et géométriques de diamants soulignés d’un trait d’onyx sont comme autant de références au quadrillage des rues de New-York et au dessin de ses gratte-ciel.

La parure Charleston s’enfile comme une robe des années 20, légère, souple et fluide comme une étoffe « seconde peau ».

Chaque pièce, géométriques, scintille de mille diamants rehaussés par les lignes graphiques de l’onyx noir sculpté. Le serti neige du bracelet, véritable prouesse technique, est ainsi à couper le souffle.

Les médaillons carrés alternent avec des franges fluides de diamants dont les mouvements souples tels une précieuse étoffe ondulent sur la peau, la caressant à chaque geste dans un murmure.

Tel un hommage à l’admiration de Coco Chanel pour Igor Stavinsky, la ligne Symphony organise autour d’un jeu de tailles de diamants une brillante partition de lumière, à la fois sensuelle et rigoureuse.

Les séquences de diamants aux tailles variées s’assemblent et se frôlent avec une virtuosité toute musicale dans une portée de notes précieuses traduites en joaillerie.

Tel un jaillissement d’or parsemé de magnifiques saphirs Padparadscha, la parure Sunset grave pour l’éternité les couleurs douces et chatoyantes du soleil couchant dans un camaïeu de roses poudrés sur lequel une incroyable richesse de métiers et de savoir-faire se sont penchés.

L’or rose, l’or blanc, les saphirs roses et les diamants s’entremêlent harmonieusement sur ce collier Sunset, où règne en maître un saphir Padparadscha taille coussin de 5,5 carats.

Les créations Bubbles transcrivent une tension tout en mouvement par la superposition en aplats aléatoires de carrés d’onyx sur des compositions circulaires.

Sunrise découpe des rayons de soleil d’or et les souligne de laque rouge, ponctués ici et là de diamants, ultime touche d’audace.

Tandis que la parure Smoking, parfaite pour les grands soirs, fait la part belle au cristal de roche et  redessine en une frise de diamants et de cristal de roche des carrés arrondis retenus par des anneaux de lumière.

Entre classicisme et liberté de la nouveauté, chaque collection de la maison Chanel est une ode à l’élégance qui se réinvente à chaque instant. Toute l’audace des créations d’une maison d’exception se retrouve une nouvelle fois incarnée dans une collection de haute-joaillerie époustouflante, empreinte d’une grâce poétique. Et plutôt que de se complaire dans une certaine nostalgie, la maison de joaillerie sait comme à chaque fois cultiver avec succès un certain art de briller et habiller les femmes de la plus pure des élégances.

Crédit photos :

– Look book Sarah Moon pour Chanel Joaillerie

– Présentation : Maryophoto pour Maryo’s Bazaar

– Autres : With the courtesy of Chanel Joaillerie

Marie-odile Radom

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