Les Uns et les Unes de Miss.Tic à la Galerie W Montmartre
Paris, 1985. De mystérieuses silhouettes noires féminines apparaissent ici et là sur les murs de Paris. Accompagnées d’aphorismes incisifs, elles sont signées de l’artiste plasticienne Miss.Tic. Femme libre et poète, cette artiste phare de l’art urbain habille de ses pochoirs savoureux les rues de la capitale depuis près de trente ans.
Interpellant les parisiens avec ses pochoirs de femmes séductrices, Miss.Tic fait parler les murs de Paris avec des jeux de mots percutants dans un petit condensé de notre société. Féministe, romantique ou scandaleuse, l’artiste, en s’exprimant avec humour et ironie sur les relations hommes-femmes, séduit un public de plus en plus large, un public qui n’hésite pas à sillonner les rues de la ville pour retrouver les traces de son passage.
Car Miss.Tic marque la capitale de son style féminin et ironique qui fait mouche. Dans un subtil mélange de provocation et de légèreté, celle qui prête à rire mais donne souvent à penser nous esquisse à la bombe, dans une esthétique toujours très graphique, les contours d’une femme moderne au caractère bien trempé.
Reconnues à travers le monde, les œuvres de l’artiste ont depuis trouvé un nouveau terrain d’expression, passant des murs des villes du monde aux murs des galeries d’art, sans pour autant perdre de leur mordant et de leur pertinence ni renoncer à la rue. Preuve que l’art de rue trouve sa place partout où il peut exister !
Jusqu’au 31 octobre 2013, Miss.Tic s’invite à la Galerie W Montmartre à Paris à l’occasion de l’exposition Les Uns et les Unes. Celle qui s’inspire des magazines féminins et masculins pour ses personnages a eu soudainement comme une illumination : détourner les couvertures et en faire des oeuvres d’art, des acryliques sur toiles devenues tableaux de vie.
C’est ainsi que Miss.Tic s’inspira de leur univers pour mieux y appliquer le sien. Cosmopolitan, Elle, FHM, GQ, Grazia, Marie-Claire, Têtu, Vogue… Elle garde intact le nom du magazine et joue avec chaque titre de la « Une » utilisant son goût prononcé pour l’irrévérence dans des accroches ironiques.
Chaque « Une » fonctionne comme son original, mais se révèle rapidement plus piquante, voire provocante, l’artiste s’emparant de l’esprit de chaque magazine pour mieux laisser libre court à sa liberté de paroles et à son humour décalé teinté de poésie.
D’habitude isolées, les silhouettes de Miss.Tic, ces femmes et ses hommes séduisants, s’entourent soudainement de thèmes classiques (mode, beauté, sexe, amour ou encore déco) revisités avec ce ton, tantôt doux-amer, tantôt léger, qui la rend si irrévérencieuse.
Ainsi, Glamour nous parle « des ruses des muses » quand Vogue un brin provocateur nous propose « le Luxe comme alternative à la misère », et Têtu nous offree de « trouver l’âme frère ».
L’Officiel Hommes nous donne une leçon de Prêt-à-porter, Marie Claire nous rappelle qu’être son objet de désir ne signifie en rien être sa chose. Quant à Votre Beauté, il nous fait « gagner un échantillon d’éternité ».
Une nouvelle fois, avec un style et un caractère qui n’appartiennent qu’à elle, Miss.Tic nous séduit, nous exhortant à sortir de l’univers policé de la presse magazine pour mieux appréhender notre quotidien et sa réalité.
En détournant ces unes qui s’affichent au coin des rues ou dans le métro, l’artiste porte un regard assez juste, parfois cynique mais toujours poétique sur notre société avide de rêves et de bonheur formaté. Et nous fournit l’illusion la plus parfaite, en forme d’hommage clin d’oeil à cette presse, qui permet derrière un regard rempli d’illusions, d’adoucir les contours d’une société à bouts de maux.
Les Uns et les Unes, l’exposition de Miss. Tic à la Galerie W, 44 Rue Lepic 75008 Paris
Horaires : 10h30-20h tous les jours
Marie-Odile Radom
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