Jacquemus Printemps Eté 2014
La saison dernière, ce jeune prodige de la mode avait déjà fait sensation avec sa collection La piscine, portée par ses copines défilant autour d’une piscine. Plus qu’une simple présentation, chaque défilé Jacquemus est l’occasion de découvrir pleinement l’univers de Simon Porte, son créateur, qui choisit avec un plaisir non dissimulé les lieux les plus insolites pour porter fièrement le thème de chaque collection.
Cette saison, l’invitation sur fond rose était la promesse d’un défilé sortant une nouvelle fois de l’ordinaire. Et Simon Porte ne nous a pas déçus. C’est dans le cadre insolite de la salle de jeux d’arcades parisienne La tête dans les Nuages qu’il nous a reçus en ce premier soir de Fashion Week parisienne.
Le jeune créateur a séduit un public conquis d’avance parsemé ici et là de petits pulls marine – sa pièce forte de l’automne – avec une collection inspirée par l’architecture de la cité de la Grande Motte sur fond de musique pop des années 80.
A travers un défilé nostalgique aux airs de vacances, Simon Porte nous a offert une véritable plongée dans ses souvenirs, ceux de son enfance où il passait des étés à la Grande Motte entre salles de jeux, plage et immeubles Ziggurat, en forme de pyramide.
De ses souvenirs est née une femme jeune, naturelle et moderne, à l’aise dans ses baskets sur fond d’Eli & Jacno. Chaussée de Springcourt, elle part en vacances à la Grande-Motte, passe ses soirées dans des salles de jeux, tombe amoureuse et vend des glaces.
Pour le Printemps-Été 2014, Simon Porte explore les basiques de son vestiaire estival, misant sur l’infinie simplicité de l’été avec une mode légère aux formes amples et épurées, souple et facile à porter, laissant le corps se dévoiler subtilement dans des pièces qui n’ont de rigide que l’apparence.
Privilégiant les coupes nettes, il réduit les pinces et les coutures au minimum, les découpes sont géométriques, presque invisibles. L’architecture si caractéristique de la station balnéaire s’invite sur les jupes et les décolletés en coton. Ainsi les halls d’immeuble de la cité ont inspiré le décolleté en U profond de robes chasubles très courtes fortement inspirées par Courrèges.
La mini-jupe se porte taille basse tandis que le short s’accomplit en taille haute, le tout dans une palette de couleurs assez restreinte passant du blanc presque clinique au fameux rose de l’invitation, pour mieux nous réveiller d’un bleu électrique.
Et lorsque l’allure s’affirme de manière plus sportive, c’est naturellement que le vert sapin vient nous faire de l’oeil, nous rappelant que les tenues d’été sont aussi parfois des uniformes.
Toujours prompt à nous surprendre, il redonnant ses lettres d’élégance au fameux cropped top et révèle le potentiel glamour de manteaux portés à même la peau où la poche se fait moufle, tandis que les polos longs et larges se font robes.
N’oubliant jamais de signer ses créations de détails savoureux, il signe ses sweats et ses casquettes d’un « j’aime la vie » de circonstance, brode ici un cornet de glace à la fraise, invente le décolleté U à la bretelle comme inachevée et pourtant si droite et fière.
Lorsqu’à la fin du défilé, Simon Porte Jacquemus reste sur le podium avec ses mannequins d’un soir, on reste troublés par la candeur et la bonne humeur d’un défilé nostalgique et terriblement moderne à la fois. Allant à l’essentiel, le créateur nous rappelle que le mode doit rester ludique et subtile, comme un formidable moyen d’expression pour affirmer notre amour de la vie. Nous voilà désormais conquises.
Related posts: