Alexandre Vauthier Haute-Couture Automne-hiver 2013-2014

Il est coutume de dire que les saisons se suivent et ne se ressemblent pas, mais il y a quelque chose d’immuable dans la couture du créateur Alexandre Vauthier. Nul autre que lui ne sait rendre aussi bien hommage aux glamazones, ces femmes fatales, fortes et glamour dont il nous livre saison après saison la quintessence.

Et pour leur rendre ce vibrant hommage, le créateur français leur offre un écrin de Haute-Couture fait des plus belles parures, des broderies les plus précieuses et des plumes les plus délicates. Dans la chaleur de l’espace Saut du Loup du Palais de Tokyo, il nous a ouvert en ce mois de juillet les portes de son univers dans une profonde célébration de la féminité.

Dominée par une douce bichromie où le noir et le blanc font un joli pas de deux, la collection Automne Hiver 2013 -2014 révèle une femme moderne, glamour et terriblement sensuelle qui, pour soudainement adoucir les contours de l’amazone à la séduisante sophistication qu’elle est devenue, se pare d’un bleu tendre profondément hypnotique.

Juchée sur des Louboutin, la femme Alexandre Vauthier revêt son plus beau smoking pour nous accueillir en parfaite maîtresse de cérémonie. Se prenant au jeu, le smoking redore son blason et se pare d’asymétrie.

La veste prend une nouvelle tournure, semblant hésiter entre la décontraction d’une coupe perfecto et l’élégance d’une queue-de-pie. Ne pouvant se résoudre à délaisser l’un pour l’autre, elle réchauffe son revers d’une pointe de fourrure. Le pantalon, quant à lui, se fait sarouel chic paré d’un sophistiqué drapé apportant de la fluidité à une silhouette aux lignes strictes.

La femme Alexandre Vauthier cède volontiers à l’audace et assume parfaitement la profonde ouverture de sa jupe laissant s’échapper ses jambes fuselées. Et plutôt que de résoudre à porter un pudique décolleté, elle préfère se voiler de transparence dans une pointe de caractère. Parfois l’innocence d’un nude donne l’illusion d’une nudité digne d’une Ève urbaine et moderne avançant l’allure conquérante.

Pour le soir, la sensualité de la silhouette prend toute sa mesure. Le corps dévoile juste ce qu’il faut de peau dans l’asymétrie d’une robe aux subtiles découpes, accentuant la suggestion de certaines parties du corps. Le vêtement s’organise autour de l’épaule, point de départ du mouvement, et semble s’enrouler jusqu’à la taille, qui dans un souffle, équilibre le tout.

Et pendant que les ouvertures des robes se font de plus en plus hautes, les décolletés sont toujours plus profonds rappelant inlassablement le V du créateur. La femme Alexandre Vauthier est face à ses contradictions, hésitant en permanence entre le court et le long, le pantalon et la jupe, le blanc et le noir, la transparence et la découpe.

Le créateur dose savamment ses effets pour ne jamais tomber dans l’outrancier. Une mini-robe bustier s’associe ainsi à une veste à la coupe teddy. La lingerie devient apparente mais dans de subtiles associations. Les satins de soie habillent les bustiers, les épaules se marquent.

Et lorsque l’envie de cuir se fait ressentir, c’est porté sur un body de tulle au profond décolleté et sous une fourrure d’un bleu acier que le bermuda en cuir prend toute sa dimension.

Dans un final de toute beauté, la mariée s’avance majestueuse dans une robe dont la jupe en tulle à la longue traîne recouverte de plumes d’autruches bleu ciel, réalisée dans les ateliers du plumassier Lemarié, est accompagnée d’un haut qui brille de mille feux, tout en broderie Swarosvski exécuté par les ateliers Lesage.

Pour l’Automne-Hiver 2013-2014, Alexandre Vauthier prône une féminité dominante. Profonds décolletés, jupes hautement fendues, épaules marquées, pièces près du corps, perfection des coupes et asymétrie, les codes de la maison sont bien là dans un juste équilibre qui n’a qu’un but et le réussit plutôt bien : sublimer la femme.

Marie-Odile Radom

 

 

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