Quand Riccardo Tisci entre dans la danse
« Dessiner des costumes pour un ballet demeure l’un des rêves absolu de tout créateur de mode. » Riccardo Tisci
Tout commence dans la pénombre. Quand soudain la lumière se fait de moins en moins timide pour laisser entrevoir onze danseurs aux visages recouverts de dentelle et aux costumes brodés, qui tels des squelettes animés, se mettent à danser sur des notes obsédantes, leurs tournoiements incessants se reflétant dans d’immenses miroirs.
Pour leur première création pour le Ballet de l’Opéra, les chorégraphes Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet et la plasticienne-scénographe Marina Abramovic, issue du mouvement artistique de l’Art Corporel, s’emparent brillamment de l’une des partitions les plus connues du XXe siècle, le Boléro de Maurice Ravel.
Jusqu’au 03 juin 2013, l’Opéra Garnier programme le Boléro dans une version totalement revue et corrigée avec entre autres Aurélie Dupond, Marie-Agnès Gillot et Jérémie Bélingard. A cette occasion, Riccardo Tisci, le directeur artistique de la Maison Givenchy. a imaginé les costumes du ballet de Maurice Ravel.
C’est la première fois que le créateur collabore avec l’atelier du Palais Garnier, dans le cadre d’un projet personnel de création de costumes, pour élaborer des costumes mêlant l’obscur et le romantisme comme les deux facettes de sa personnalité qu’il retrouve dans l’oeuvre puissante et intense du compositeur français.
Collaborer avec l’atelier du Palais Garnier de l’Opéra National de Paris, profiter de leur savoir-faire fut une expérience que le créateur assimile à de la création Haute-Couture pour la scène. Symboliquement mis à nus, les danseurs apparaissent dans des robes vaporeuses recouvrant des combinaisons seconde peau couleur nude en tulle illusion finement rebrodé de dentelle ivoire formant un squelette.
Au fur et à mesure de la chorégraphie, ils se débarrassent de leurs vêtements tels des animaux en pleine mue, devenant « des squelettes animés, forts et fragiles à la fois« . Le résultat, onirique et d’une beauté bouleversante, est somptueux et mélancolique à la fois. Les danseurs tels des spectres virevoltent et tourbillonnent amenant le spectateur dans une transe de la mort au fur et à mesure que la tension et le rythme de la musique augmentent.
Félicitations M. Tisci, votre première création est une réussite ! Quelle merveilleuse manière d’entrer dans la danse.
Crédit photos : with the courtesy of Givenchy
Related posts: