Hyères 2013 le palmarès
Après trois jours de festivités à la Villa Noailles, le jury du Festival International de Mode et de Photographie, présidé par Felipe Oliveira Baptista, a décerné le Grand Prix du Jury Première Vison pour la mode, doté d’une bourse de 15 000 € à Satu Maaranen.
La créatrice finlandaise de 29 ans a été récompensée parmi 10 jeunes créateurs internationaux pour sa collection femme baptisée Garment in Landscape, en partie inspirée de la Haute-Couture des années 60 et notamment des robes d’Audrey Hepburn signées Hubert de Givenchy.
Son travail sur les volumes et la matière inspiré du Land Art, cette forme d’art contemporain utilisant des matériaux naturels tels que le bois, la terre, le sable et les pierres, a convaincu le prestigieux jury du Festival qui voulait primer un créateur qui ose affirmer sa vision de la mode.
Ainsi sa collection joue sur les matières naturelles et s’accommode de pièces au volume XXL, parfois agrémentées de sciure, d’herbe ou de sable. Ses impressionnants et très poétiques imprimés façon camouflage s’inscrivent dans une volonté de porter la nature en vêtement et de se fondre ainsi dans un paysage tout en volume et couleurs.
Ce prix, outre sa dotation d’une bourse de 15000 euros, lui offre la possibilité d’une collaboration avec Petit Bateau, une visibilité lors des salons Première Vision, une carte blanche aux Galeries Lafayette lors de la prochaine Fashion Week ainsi qu’une bourse de 3000 € par le concept-store anversois RA pour l’aider à monter sa prochaine collection.
Le jury a également récompensé la chinoise Shanshan Ruan du Prix Public de la Ville d’Hyères pour sa collection poétique IN MOTION qui retranscrit avec beaucoup de délicatesse l’image rémanente d’une personne ou d’un objet en mouvement que l’on a parfois lorsqu’on ferme les yeux. Tissus vaporeux et transparence pastel composent une collection placée sous le signe de poésie.
Le Prix du public Palais de Tokyo / Villa Noailles est attribué à Yvonne Poei-Yie Kwok pour sa collection faisant la part belle aux plissés très architecturaux ,We dance like little Mary’s swaying to the symphony of destruction. La créatrice néerlandaise a puisé son inspiration dans les marionnettes de l’artiste Folkert de Jong, les costumes de carnaval et la culture punk.
Le Prix Chloé pour la Mode, doté d’une bourse de 15 000 € en soutien à la création, est attribué à Camille Kunz. Les dix stylistes participants au concours ont présenté chacun une silhouette fidèle à l’héritage de la maison, selon leur propre univers et leur vocabulaire créatif.
La créatrice suisse de 24 ans, diplômée de la Gerrit Rietveld Academy, a su réinterprété à sa façon la féminité, la grâce et la modernité, valeurs chères à la première maison de prêt-à-porter de luxe.
Le Grand Prix du Jury pour la Photographie est attribué à Petros Efstathiadis. Leica, partenaire du festival, offre à Petros Efstathiadis un appareil photo Leica numérique X2 et un objectif Leica Elmarit. Avec sa série Liparo & Bombs, l’artiste explore la paranoïa à l’œuvre dans nos sociétés modernes.
Constatant une certaine frustration de la jeunesse, aux valeurs mal placées dans la société, le photographe grec a mis en scène des scènes de manifestations à l’instar des médias grecs pour lesquels les manifestations grecques et la violence qui en découle se sont ensuite transformés en spectacles quotidiens.
Les bombes qu’il crée reflètent la guerre mais sont pourtant complètement inoffensives, comme une réponse puissante et pacifique à l’absurdité de cette période de confusion mondiale généralisée.
The School Of Visual Arts à New York, en association avec le Jury 2013, offre à Anna Orłowska une place dans la promotion 2013-2014 de Photo Global, soit un an d’apprentissage avec des équipements de pointe en compagnie de photographes renommés afin d’acquérir le regard critique nécessaire à tout auteur.
Eloignée des codes classiques de la photographie de mode, la photographe polonaise s’intéresse à l’homme et à la manière dont il évolue entre nature et civilisation, ce qui mène à des tensions et des conflits intérieurs. Toujours étonnée par l’extravagante capacité d’invention, d’archivage et de réalisation de l’homme, elle esquisse brillamment les contours d’une folie humaine, nous plongeant dans un inconscient lourd de sens.
Très inspirée, sa série Leakage s’intéresse à la formation et aux mécanismes de fonctionnement de l’illusion et de l’artifice, visibles non seulement dans les objets mais aussi au sein des pensées et des relations.
Le Prix du Public de la Ville d’Hyères est attribué à la série Triple Corps du photographe français Emile Barret. Triple Corps est une étude du corps assez décalée, une proposition pour décrire les multiples réalités entourant le sujet du corps humain que l’artiste considère être au fondement de notre perception du monde.
Le corps est une référence nécessaire. Ce petit cabinet de curiosité est le prisme au travers duquel nous connaissons le monde, une manière de le comprendre et de l’enregistrer. Il permet l’étude d’une hyper-connectivité inhérente aux objets et la manière dont l’homme les perçoit, de construire des liens entre différents objets.
Pour sa 28ème édition, le Festival International de Mode et de Photographie de Hyères a distingué plusieurs jeunes créateurs au talent très prometteur. De belles opportunités de carrière se profilent à l’horizon pour les gagnants.
Côté photographie, c’est la créativité qui a été récompensée avec un palmarès international de haut-vol. Tenant tous un propos fort, chacun des primés présente une vision sombre mais réaliste du monde. Grands témoins des bouleversements de perception qui touchent notre société, ils en témoignent avec ferveur et application à travers leur photographie.
Marie-Odile Radom
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