Christian Dior Haute-Couture Printemps Eté 2013
“Cette saison, je voulais faire une collection qui parle d’elle-même, Je voulais qu’elle soit littéralement “de saison”, qu’elle raconte l’idée même du printemps.” Raf Simons
Alors que la neige n’en finissait plus d’étendre son blanc manteau sur les gris trottoirs parisiens, Raf Simons, le poétique directeur artistique de la Maison Dior, nous a offert pour son second défilé de Haute-Couture une parenthèse enchantée, une métaphore d’un printemps en hiver des plus raffinées. Profusion de fleurs brodées et savants jeux de superpositions nous ont transportés vers une saison plus clémente qu’il nous tarde de voir venir.
Saison après saison, Raf Simons continue de rendre brillamment hommage au style de M. Christian Dior sans pour autant s’effacer devant le maître, explorant le moindre de ses codes pour les sublimer dans une couture moderne, raffinée et épurée.
Inspiré par les couleurs et les mouvements de la nature passant des tout premiers bourgeons du point de l’hiver jusqu’aux fleurs totalement épanouies du plein été, le créateur devient un impressionniste de la mode tant sa palette de fleurs aux teintes douces rime avec émotion. Comme autant de fleurs en pleine éclosion, les silhouettes plus raffinées les unes que les autres s’épanouissent dans un arc-en-ciel de teintes poudrées et de pastels séduisants.
En ce lundi 21 janvier 2013, une troublante boîte aux façades de miroir nichée dans les jardins des Tuileries cache en son sein un jardin éphémère, magnifique cadre de la présentation de la collection Haute-Couture pour le Printemps-Été 2013 de la maison Dior.
Des allées de buis renouent alors avec les traditionnels parterres à la française, dans une version bien plus contemporaine et parisienne des jardins de Versailles.
Soudain un mannequin aux cheveux courts et aux lèvres carmin pailletées tel un bouton de rose apparaît, émergeant d’entre les buis, arborant une robe bustier asymétrique en soie noie et bleue à la très ample jupe.
Comme un écho aux femmes-fleurs du premier défilé de Haute-Couture de Monsieur Dior, Raf Simons lie passé et présent dans une collection fourmillant de broderies de fleurs légères en couches successives issues des ateliers maison et des broderies Vermont que la marque a rachetée en 2012.
Ces femmes-fleurs modernes au corps parfois entièrement serti de bourgeons de fils de couleurs, de pétales et de bouquets colorés et fleuris de perles et de sequins fascinent. De plus en plus nombreuses au fur et à mesure que la collection se découvre, ces broderies rythment le défilé annonçant l’abandon du printemps en une éclosion précoce de bouquets de fleurs.
Dans un tourbillon de soie et de tulle, Raf Simons tel un artiste dévoile un savoir-faire d’ateliers d’exception s’affirmant dans des millefeuilles de tulle aux teintes pastel, des superpositions de broderies et une pureté des lignes dont l’apparente simplicité révèle une multitude de détails à la sophistication raffinée accrochant délicatement le regard.
La silhouette emblématique New Look est bien là, plus moderne et surtout plus graphique, la taille est marquée, la jupe ample, portée mi-mollets. Très respectueux du protocole Dior, Raf Simons ouvre le défilé avec un quatuor de silhouettes New Look du XXIe siècle, en lamé marbré et rayé. Le noir contraste avec les pastels irisés et sensuels des jupons bleus.
La célèbre veste Bar est raccourcie dans d’impeccables smokings noirs aux épaules étroites, tandis qu’elle rallonge plus loin, portée sur une jupe crayon et des collants roses. La matière est travaillée avec une extrême dextérité.
La robe courte ou longue se fait multiple, tantôt bustier, tantôt boule mais toujours avec un soupçon d’élégance. Les lignes épurées, marque de fabrique du créateur, n’accordent de l’attention à la couleur que lorsqu’elle se surprend à jeter un regard vers les premiers rayons de soleil ou lorsqu’elle feint l’intensité d’un coquelicot.
On est séduit par cette robe longue fendue d’une vague d’organza rose orné de corolles et de pétales de tissu ou encore cette robe boule incandescente où fleurit un jardin brodé de milliers de fils, de paillettes et de perles. Quant à ce manteau à l’envers brodé de fleurs roses et blanches aux tiges noires et vertes, il est la pièce sublimatrice d’une collection d’exception entre classicisme et modernité.
Quelques smokings noirs en laine légère aux lignes pures apparaissent ouvrant la porte à une palette de couleur plus sombre moins printanière mais tout autant raffinée. Une majestueuse robe noire aux chevrons blancs enserre le buste pour s’évaser et dévoiler le bas délicat de la jambe.
Résolument poétique, profondément esthétique, la présentation de la collection Haute-Couture Printemps-Eté sonne comme le renouveau de la maison Dior, où Raf Simons impose définitivement sa patte redéfinissant un Dior moderne, minimaliste mais raffiné. Laissant s’exprimer une vision moins baroque de la couture mais tout autant maîtrisée, il fait entrer une maison d’exception dans une nouvelle ère, se transcendant à chaque saison. Au vu de ses robes-fleurs, nous n’avons qu’une envie, cueillir dès aujourd’hui les roses de la vie…
Crédit photo :
Défilé : Giovanni Giannoni with the courtesy of WWD
Autres : with the courtesy of Dior
Marie-Odile Radom
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