Terry O’Neill Snapshots à la Galerie de l’Instant
« I only take pictures of people I fancy » Terry O’Neill
Lorsqu’on lui demande son mot préféré, il nous répond sans hésitation Love. Amour… Et de l’amour pour son métier, pour les personnes qu’il a capturé dans son objectif, Terry O’Neill en a. Né à Londres en 1938, Terry O’Neill est l’un des portraitistes les plus réputés au monde. Photographe des stars dans les années 60, il a côtoyé les plus grands d’Ava Gardner à Audrey Hepburn, en passant par Paul Newman ou Mick Jagger. Jusqu’au 10 Avril 2013, la Galerie de l’Instant lui rend hommage à travers l’exposition Snapshots, la première exposition personnelle de l’artiste à Paris, qui présente ses images les plus célèbres, mais aussi quelques clichés moins connus.
Terry O’Neill débute sa carrière à 22 ans à Londres comme photographe technique pour une compagnie aérienne à l’aéroport d’Heathrow avant de devenir un photographe freelance à la renommée mondiale. Un cliché pris par hasard du Ministre de l’Intérieur de l’époque Rab Butler, photographié endormi dans la salle d’attente au milieu de chefs africains, attira l’attention d’un rédacteur en chef et lança sa carrière.
De grands magazines ont depuis fait appel à lui pour leurs couvertures comme Vogue, The Time, Newsweek, Paris Match, Vanity Fair ou encore Rolling Stone…
Grâce à ses contacts à Hollywood, Terry O’Neill a connu un immense succès international. Au cours de ses cinquante années de carrière, il a photographié les Beatles et les Rolling Stones à leurs débuts, les icônes et les stars du rock des années 60, ainsi que la Famille Royale d’Angleterre, des présidents, des ministres et des stars hollywoodiennes.
Collaborant avec les photographes David Bailey, Terence Donovan et Patrick Lichfield, il a participé à la création des clichés qui symbolisent le « Swinging London » des années 60. Des acteurs aux rock stars en passant par les hommes politiques, tous ont accepté de poser devant son objectif.
Les photographies de Terry O’Neill sont les témoignages d’instants, de rencontres. Reflets d’une époque où la photographie avait encore un sens, ces clichés sont comme des souvenirs, des arrêts sur image d’une époque, des bribes de changements, des instants de vie annonciateurs de légende à venir.
L’artiste nous livre à chaque fois des photographies intenses, riches en émotion et toutes racontent une histoire, celle qu’il veut bien nous conter.
Ce portrait de Brigitte Bardot est l’un des portraits les plus célèbres de Terry O’Neill, qui a su saisir la beauté naturelle d’une icône à la sensualité débordante, cheveux au vent et cigarillo aux lèvres sur le tournage du film Les Pétroleuses. L’actrice était un de ses sujets préférés de Terry O’Neill, il était impossible pour lui de prendre une mauvaise photo de Brigitte Bardot.
Diamond Dogs est le huitième album de David Bowie. Lors du shooting pour la couverture du disque, le chien du chanteur, au départ tranquille, s’est soudainement dressé, surexcité et s’est mis à aboyer follement. Terry O’Neill a immédiatement capturé la scène. Mais c’est l’œuvre d’un peintre belge Guy Pellaert représentant un David Bowie mi-homme mi-chien qui a été finalement choisie. La photographie est néanmoins restée pour la postérité dans toute sa beauté, le chien tel un cerbère protégeant un David Bowie plus ambigu que jamais en pleine période glam rock.
Terry O’Neill était un habitué des plateaux de la saga James Bond. Il a photographié les coulisses de six tournages et est même devenu un proche de Sean Connery et de Roger Moore. L’artiste s’est ici immiscé sur le tournage du film Les Diamants sont éternels, le 7ème opus de la saga, à Las Vegas.
En 1977, l’actrice Faye Dunaway, qui fut l’épouse du photographe de 1983 à 1987, remporta l’Oscar de la meilleure actrice pour son rôle de productrice de télévision dans le film Network. Le lendemain de la cérémonie, Terry O’Neill l’immortalisa, fragile, pensive et surtout seule, au bord de la piscine d’un hôtel de Berverly Hills, dans une photo poignante presque hypnotique, tel un constat désabusé sur l’envers d’Hollywood où l’actrice semble dans un état proche de l’état de choc. Réputée irascible et dépressive, l’actrice habituée aux rôles de femme à poigne et sensuelle était crainte sur les plateaux de tournage mais elle fut néanmoins récompensée pour son talent incomparable.
Elisabeth Taylor avait demandé au photographe de lui présenter David Bowie. Invité au domicile de l’actrice, le chanteur est arrivé avec plusieurs heures de retard, ce qui n’a pas du tout plu à l’actrice qui souhaitait le rencontrer pour lui parler d’un rôle. Terry O’Neill les a cependant convaincu de poser ensemble : la popstar et la super-star. La série de photos issue de cette rencontre est devenue très célèbre. Touchante, elle lui enlève la cigarette dans un geste presque maternelle mais en total contrôle portant le chapeau de Bowie, tandis que lui, maladroitement lui enserre la taille se laissant faire.
Terry O’Neill était sur le tournage du film Voyage à deux et prenait quelques clichés d’Audrey Hepburn, alors plongée dans ses pensées, quand une colombe est venue se poser sur son épaule. Une grande sérénité mêlée à une douceur naturelle se dégagent de cette photo.
Terry O’Neill a photographié beaucoup de musiciens talentueux. Fondateur du groupe Led Zeppelin, Jimmy Page utilisait un archet pour jouer de la guitare sur les morceaux « Dazed and Confused » et « How Many More Times« .
A travers cette photographie, Terry O’Neill a voulu illustrer la difficulté pour Raquel Welch d’être considérée comme une actrice crédible. Véritable sex symbol pour l’industrie hollywoodienne, le public ne la prenait pas au sérieux… Le cliché, jugé trop polémique, n’a pas été utilisé dans l’immédiat. Il faudra attendre 30 ans pour qu’elle soit utilisée en couverture du Sunday Times Magazine.
Beaucoup d’autres formidables clichés sont à découvrir avec quelques belles surprises. Photographe, il a su élever le portrait au niveau d’art, révélant sa sensibilité et des facettes parfois inattendues des célébrités. L’exposition Snapshots se déroule jusqu’au 10 avril 2013 à La Galerie de l’Instant, 46, rue du Poitou, 75003 Paris.
Crédit photos : Terry O’Neill with the courtesy of Galerie de l’Instant
Marie-Odile Radom
Related posts: