Lie Sang Bong Printemps Eté 2013
”It’s about the butterfly and it’s cocoon. The concept behind it is that I believe I can fly. I wanted to show my dream of mixing the West and the East together”
Souvent un défilé est comme une parenthèse enchantée, un moment de poésie suspendu dans le temps. Les défilés de Lie Sang Bong en font partie. Pour la présentation de sa collection Printemps Été 2013, le créateur coréen s’est laissé emporter par la nostalgie de ses souvenirs d’enfance et de la mode des années 60, nous offrant pour le dernier défilé de la semaine sa madeleine de Proust. Empruntant l’image du papillon, il explore les éléments du passé pour mieux les détourner et les moderniser dans le cadre solennel de la salle Melpomène des Beaux-Arts de Paris.
Dès la première silhouette, le ton est donné. Le papillon – allégorie de la transformation – marque de son empreinte toute la collection, égayant de battements d’ailes des pièces raffinées à la coupe architecturale ou propageant ses couleurs chatoyantes aux imprimés plus classiques, en une parfaite symbiose entre l’Orient et les influences occidentales. On aime la jupe à effet tablier recouvrant un rouge incandescent.
Puis le papillon se fait plus discret, préférant habiller de turquoise des silhouettes renvoyant à une esthétique très années 60. Mais loin d’être aux abonnés absents, le papillon reprend vie sur les accessoires, ornant chaussures et pochette. Le foulard à l’élégance surannée n’est pas sans rappeler les héroïnes hitchcockiennes.
Comme une transition, une robe color-block composée de multiples papillons en acétate séduit l’assistance, comme si un essaim entier de papillons bleus s’était transformé en une robe asymétrique.
L’imprimé pied-de-poule fait alors son apparition, réinterprété de prime abord de manière subtile pour se parer très rapidement de couleurs plus inhabituelles.
Rouge et noir, rouge et blanc, vert et noir et l’éternel noir et blanc deviennent alors les couleurs d’expression d’un imprimé classique retrouvant une seconde jeunesse.
Réinvestissant les pièces fortes du vestiaire féminin, ce néo pied-de-poule révèle un smoking-short du plus bel effet.
Le papillon ne disparaît pourtant pas et réapparaît dans une version stylisée structurant les corsages, contrastant avec la rigueur très linéaire de l’imprimé pied-de-poule.
La soie, la laine et le coton adoucissent une collection aux nombreuses découpes sur les vestes et les robes.
Lie Sang Bong propose un grand nombre de pièces classiques. Tailleurs-jupes, chemises, jupes péplum (très présentes) et trenchs révèlent une femme élégante et sûre d’elle.
Le vert anis prend également le pouvoir pour une série de robes structurées façon color block.
Plein de vie, les papillons semblent virevolter en volutes majestueuses sur une jupe en soie ouvrant le chemin à la robe finale, robe cocon par excellence. La femme Lie Sang Bong sort enfin de sa chrysalide dans une myriade multicolore de papillons en 3D révèlant un style qui lui est propre, mâtiné d’une élégance au charme suranné.
Toute la poésie du créateur qui s’est évertué tout au long de sa carrière à mixer brillamment l’occident et l’Orient dans une mode hybride à la croisée de deux visions complémentaires s’exprime dans un final étonnant. Les lumières s’éteignent alors révélant un parapluie lumineux, tournant dans la présentation.
L’effet papillon prend alors son envol pour exploser en une pluie de papillons imprimés sur des trenchs et de grands parapluies aux douces transparences colorées.
Le Printemps Été 2013 sera placé sous le signe de la transformation. Assumant ses influences multiples, Lie Sang Bong nous propose une mode hybride alliant la fantaisie d’un Orient coloré au classicisme d’un Occident, à travers des pièces fortes et inspirées. Pied-de-poule réinventé, papillons en myriades colorées et coupes affutées font de la mode du créateur coréen une mode attirante et poétique qui derrière des aspects surannés cache une véritable affirmation d’un style moderne et contemporain. Et la preuve vivante d’une universalité.
Crédit photo : Image à la une : REUTERS/Gonzalo Fuentes
Marie-Odile Radom
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