Marion Cotillard se métamorphose en Dior
« Nous sortions d’une époque de guerre, d’uniformes, de femmes-soldats aux carrures de boxeurs. Je dessinais des femmes-fleurs, épaules douces, bustes épanouis, tailles fines comme lianes et jupes larges comme corolles. » Christian Dior
The Lady Noire Affair nous avait transportés dans l’atmosphère lourde d’un polar en noir et blanc à Paris. Dans la ville qui ne dort jamais, Lady Rouge menait une double vie, working girl le jour et chanteuse en rouge passion le soir. A Shanghai, Lady Blue tombait amoureuse et nous projetait dans un rêve éveillé au gré de ses déambulations dans les rues d’un Shanghai fantasmé.
Lady Grey, sulfureuse chanteuse de cabaret permettait à un handicapé de se lever et à un artiste de révéler toute sa créativité. Dans la Cité des Anges, L.a.dy Dior, star hollywoodienne surmenée, qui, ne supportant plus la pression de son métier, pétait les plombs lors d’une séance photos dans une maison d’architecte, petit clin d’œil au court-métrage de Richard Avedon Jun Rope avec la fabuleuse Lauren Hutton.
Depuis 2011, la saga Lady Dior nous a entraîné autour du monde sous l’œil des plus grands réalisateurs. Ainsi Olivier Dahan, Jonas Akerlund, David Lynch et John Cameron Mitchell ont réalisé de véritables productions hollywoodiennes pour ces œuvres diffusées exclusivement sur internet. Pour poursuivre cette fabuleuse saga, la Maison Dior nous emmène à la découverte de ses coulisses dans un web documentaire où ateliers et lieux cachés chargés de mémoire définissent encore mieux les contours d’une maison d’exception.
Suivant le quotidien de son égérie star Marion Cotillard, le documentaire nous entraine dans une première vidéo dans les ateliers de haute-couture où les petites mains s’affairent et confectionnent les robes que portera l’actrice. Dans l’épisode suivant, Marion Cotillard nous faisait partager quelques instants de son conte de fées qui, du mythique numéro 30 de l’avenue Montaigne aux marches du Palais des Festivals à Cannes, écrit les contours d’une histoire passionnée, celle de la rencontre de la couture et du cinéma.
Pour ce nouvel opus, Marion se glisse dans certaines des plus belles créations de Haute-Couture imaginées par Christian Dior entre 1947 et 1957, le temps d’une séance photo réalisée par le célèbre photographe Jean-Baptiste Mondino pour le premier numéro de Dior Magazine.
Totalement transformée, l’actrice se métamorphose en femme élégante et intemporelle incarnant la quintessence de la Lady Dior, les lèvres impeccablement rouges.
Du maquillage à l’habillage en passant par les différentes poses adoptées par l’actrice oscarisée, la troisième partie du documentaire de Dior plonge les internautes dans les coulisses de ce shooting photo. Cette séance délicieusement rétro nous transporte dans un Paris sophistiqué, celui des années 50 où le volume des robes et les formes des chapeaux dessinaient une silhouette féminine totalement réinventée par Christian Dior.
Une silhouette New Look aux épaules rondes se révèle en 1947 avec la première collection Corolle de Christian Dior, grâce au fameux tailleur Bar soulignant les hanches. Sa veste aux lignes affutées, aux basques évasées soulignant les courbes et mettant en valeur la poitrine, sa jupe corolle à 40 cm du sol et sa taille resserrée font d’elle l’icône de la maison.
En tournant délibérément le dos au style plein de rigueur de l’époque, il modifie profondément l’allure féminine avec des vêtements aux courbes douces.
Pour le Printemps-Eté 1948, la ligne de Haute-Couture Envol démontra tout le talent du maître. Le tailleur Aventure avec sa veste paletot à manches trois-quarts en pied-de-poule noir et blanc est un grand classique Dior.
Le cadrage volontairement inégal de Jean-Baptiste Mondino fait prendre toute la mesure d’une ligne usant de l’asymétrie, aux longueurs irrégulières et aux découpes savantes.
La saison suivante, la ligne Ailée rivalise d’élégance. Christian Dior considérait que la plus jolie ligne était celle qui suivait le corps des femmes sans l’entraver, le mettant en valeur en épousant les vêtements. Cette ligne directrice lui servit d’inspiration pour la ligne Ailée obtenue par la coupe fuyante des épaules et la coupe des manches qui amenaient des effets d’ailes, accentués par l’encolure.
Le manteau Arizona d’un rouge royal réinvente en mode couture la couleur favorite du créateur. La voilette si délicate est comme un écho au premier défilé de Raf Simons pour Dior Haute-Couture. Quant au nœud, il n’est pas sans rappeler celui ornant le cou du flacon du parfum Miss Dior.
L’encolure de la robe Abandon, au décolleté plongeant et au pli incliné sur le côté, est remarquable. Christian Dior a multiplié des effets similaires pour encadrer une épaule nue, utilisant le plissé naturel du tissu pour ajuster la profondeur de l’encolure.
En 1954, par crainte de lasser ses clientes, Dior rompt la ligne Corolle avec la ligne H qui circonscrit le corps dans deux barres parallèles, gommant la poitrine, la taille et les hanches. Le résultat reste néanmoins un exemple de chic à la française grâce notamment au pois, motif fantaisie de la robe Porto-Rico.
Chic sur textiles noirs, le pois, que Christian Dior qualifie d’adorable et d’élégant, est un motif récurrent de la couture du maître.
La couture de Christian Dior est inspirée par ses paysages de prédilection, vestiges de la maison familiale : les tailles lianes et jupes corolles de la collection New-Look renvoient bien sûr à la notion de fleurs, mais de saison en saison, les motifs et ornements de soie se multiplient comme autant de pétales de rose. La robe à danser Portugal de la ligne Libre en organdi de coton blanc, avec ses broderies rouge cerise en est une interprétation résolument romantique.
La dernière ligne de Christian Dior fut la ligne Fuseau pour l’Automne Hiver 1957, ultime réinterprétation du style du grand couturier, qui témoigne à nouveau du souci d’une silhouette élégante, allongée mais délivrée de toutes contraintes. Marion Cotillard semble voler telle une danseuse dans un Tourbillon de légèreté en crêpe de laine.
http://youtu.be/Di6zyCwrsWQ
Mêlant des images de l’actrice au naturel, sans fard, et d’autres où, sous le feu des projecteurs, elle ondule dans les plus célèbres robes de Christian Dior, ce web-documentaire explore de la plus belle façon ce qui fait l’essence de la femme Dior.
Formidable voyage dans le temps, sorte de testament du style Christian Dior, cette séance photo est aussi une page qui se tourne résolument vers l’avenir de la femme Dior. A travers cette incursion dans le quotidien de l’égérie Dior par excellence, cette série montre combien la femme Dior est intemporelle. Délicate, apprêtée, naturelle, ces multiples facettes se reflètent dans l’élégance innée de Marion Cotillard, à l’instar de chacun de ces clichés.
Crédit photos : Jean-Baptiste Mondino pour la Maison Dior.
Marie-Odile Radom
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Merveilleux, c’exactement ce que je cherchais.
Encore merci