FIAC Hors Les Murs Place Vendôme
« J’ai toujours aimé l’idée de mots gelés. L’idée que quelque chose est en suspens dans l’air. … C’est un exercice de communication, comme envoyer un message dans une bouteille. Mais je ne sais pas qui trouvera la bouteille et où. » Jaume Plensa.
Dans quelques jours, Paris deviendra la capitale internationale de l’Art Contemporain. Dès le 18 et jusqu’au 21 octobre 2012, la Ville Lumière vibrera au diapason de la FIAC (Foire Internationale de l’Art Contemporain). Événement désormais incontournable du mois d’octobre, la FIAC est le grand rendez-vous annuel de l’art contemporain, permettant de prendre le pouls d’une création artistique dynamique, en offrant un panorama équilibré de l’art moderne, de l’art contemporain et de la création émergente.
La 39è édition de la FIAC rassemblera dans la nef du Grand Palais plus de 180 galeries venues de 24 pays, avec un nombre exceptionnel de galeries internationales prestigieuses (Gagosian Gallery, Marian Goodman, Karsten Greve, Galerie Perrotin, Thaddaeus Ropac…), mais également de jeunes galeries chefs de file comme Freymond-Guth Fine Arts (Zurich), Mary Mary (Glasgow), Rodeo (Istanbul), Reena Spaulings Fine Art (New York), et un aperçu de la jeune génération de galeries françaises telles que Samy Abraham, la galerie Crèvecoeur, Balice Hertling et Gaudel de Stampa.
Dans sa volonté de s’ouvrir encore plus aux différentes formes de création, la FIAC poursuit son programme « Hors les Murs » en développant des projets extérieurs sur quatre lieux emblématiques et prestigieux de Paris, permettant ainsi à un public, de plus en plus nombreux, de se confronter aux sculptures monumentales et aux installations d’œuvres contemporaines.
Cette année, la FIAC inaugure un nouveau programme d’œuvres extérieures Place Vendôme, en collaboration avec le Comité Vendôme et l’ensemble de ses membres. Créé en 1936, le Comité Vendôme fédère les maisons et institutions du quartier Vendôme autour des valeurs d’excellence et de savoir-faire.
Composé aujourd’hui de 96 Maisons et de deux membres associés – l’Union Centrale des Arts Décoratifs et le Jeu de Paume – le Comité s’inscrit comme une référence des arts et renoue avec l’histoire de ses lieux, faisant du quartier Vendôme, la place économique de référence à Paris et une formidable vitrine de l’excellence dans le monde.
Dans la cadre de la FIAC Hors les Murs, la Place Vendôme devient l’espace d’un mois l’écrin de trois œuvres monumentales du sculpteur contemporain catalan Jaume Plensa, représenté par la Galerie parisienne Lelong. Artiste de renommée internationale, parisien d’adoption et grand amateur d’architecture, ce Barcelonais d’origine n’ignore rien de l’histoire et du symbole d’urbanisme parisien classique qu’incarne la Place Vendôme.
La sculpture de Jaume Plensa a pris une nouvelle dimension depuis quelques années mais demeure encore peu connue en France. Ses créations peuplent désormais les places des villes du monde entier et sont visibles en permanence sur la Place Masséna à Nice, au Musée Picasso à Antibes, au Millenium Park de Chicago – la célèbre Crown Fountain – ou devant le MIT de Cambridge.
Ces sculptures monumentales sont constituées d’éléments de langage universels, utilisant des lettres d’alphabets de différentes langues, des chiffres ou des notes de musique pour dessiner la silhouette d’un personnage, à l’instar des trois majestueuses œuvres de la Place Vendôme. Métaphores d’un langage artistique allant bien au delà de la diversité des langues, les différentes lettres s’unissent pour former un seul corps, emplissant le vide séparant chaque lettre de connaissance dans une parfaite unité.
Pourtant loin d’être lourds, ces géants d’acier sont d’une légèreté et d’une poésie bien réelles. Illuminées le soir, les sculptures prennent vie faisant parfois corps avec les visiteurs qui n’hésitent pas à se placer à côté voire à l’intérieur de ces ersatzs d’humanité. Ainsi la sculpture Istanbul Blues est montrée pour la première fois à l’occasion de cette FIAC Hors les Murs.
Achevée en août 2012 à destination d’une collection privée d’Istanbul, elle entretiendra pendant plusieurs semaines un dialogue avec deux autres sculptures très représentatives de l’artiste : Yorkshire Soul, un personnage juché sur une pierre imposante, et Irma’s White Head, une tête composée de lettres blanches.
Composé de notes de musique, Istanbul Blues représente un homme assis en acier blanc ouvert sur l’avant devenant une arche de notes pour le visiteur qui d’un pas se retrouve entouré de musique. Témoin silencieux de la vie urbaine, ce personnage haut de 6,5 mètres devient le symbole d’une universalité de la musique qui peut toucher l’homme quel qu’il soit.
Yorkshire Soul, est une œuvre plus ancienne représentant un homme de lettres d’acier juché sur un rocher. Évoquant la légèreté de l’âme contrastant avec le poids de la pierre, naturelle et brute, il semble contempler le monde. Jaume Plensa a apporté un soin particulier à l’installation lumineuse de cet homme sans visage composé de caractères latins, grecs et chinois. Assis, les bras tenant ses jambes repliées, il ne regarde rien mais observe tout.
Enfin, Irma’s White Head, tête monumentale constituée de lettres d’acier enchevêtrées semble nous interpeller sur l’universalité du savoir. Les lettres s’enchevêtrent telle une dentelle pour former le visage d’Irma, la petite fille du propriétaire d’un restaurant chinois à coté de la maison de l’artiste.
Avec cette sculpture monumentale, Jaume Plensa transforme l’ordinaire en extraordinaire. Irma inverse les codes de la sculpture monumentale traditionnelle et de l’art figuratif, qui utilisent généralement des matériaux tels que le bronze ou la pierre et nous offre une œuvre immatérielle au travers de laquelle le visiteur peut voir.
Dans une formidable mise en lumière d’œuvres exceptionnelles, le Comité Vendôme invite esthètes, amateurs d’art et simples curieux à faire une promenade artistique en ses lieux en participant pour la seconde année consécutive à la FIAC Hors les Murs. Dans son attachement à promouvoir l’art contemporain, il permet au public parisien de découvrir (ou de re-découvrir) le travail d’un artiste de talent, Jaume Plensa, qui s’évertue à nous faire prendre conscience d’un certain langage universel, celui de l’art.
Crédit photos :
Photos de nuit : Maryophoto
Image à la une : JACKY NAEGELEN/Reuters
Autres : with the courtesy of Comité Vendôme
Marie-Odile Radom
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