Iris Van Herpen Haute-Couture Automne Hiver 2012-2013

« A lot of things made by people are wonderful, but have no life in them. I believe, that it will be possible to create clothes in the future that keep changing over the years. » Iris Van Herpen

De saison de saison, Iris Van Herpen continue son travail d’architecture du vêtement. Combinant très intelligemment un esprit d’innovation incomparable et les techniques traditionnelles de la Haute-Couture, la jeune créatrice néerlandaise se joue des conventions et repousse les limites de sa créativité par une utilisation de matériaux inattendus.

Polyamide, chaines de motos, peau de serpent synthétique, cuir et gaze métallique deviennent ainsi les  instruments d’une Haute-Couture expérimentale aux effets visuels saisissants.

Ne s’encombrant pas de détails, elle nous livre son propos avec concision et justesse, nous séduisant sans forcer le trait avec de délicates créations à la limite de l’œuvre d’art.

Cette saison, la digne héritière d’Alexander McQueen – auprès de qui elle fit ses classes – a choisi de nous révéler son fabuleux sens de la couleur, jusqu’ici passé sous silence, à travers les douze silhouettes de la collection Automne Hiver 2012-2013 baptisée Hybrid Holism.

Placée une nouvelle fois sous le signe de l’expérimentation, cette collection est l’occasion de délaisser, le temps d’une saison, les couleurs minérales pour faire place à des couleurs plus franches où le bleu électrique, le rouge lie-de-vin et l’ambre font leur apparition.

A travers ce vestiaire totalement futuriste, la femme se transforme en une créature mi-végétale, mi-animale faisant de la couture de la créatrice une mode holistique, où l’être fait corps avec son environnement. D’une complexité ultime, semblant s’animer d’un souffle de vie à chaque pas, les silhouettes imaginées par Iris Van Herpen s’inspirent des créations issues du projet Holozolic Ground de l’architecte Philip Beesley.

Dans la mouvance Biologie Synthétique, ce projet préfigure une nouvelle génération d’architecture sensible, dans laquelle toute matière possède la vie et réagit aux modifications de son environnement. L’architecte a entre autres collaboré avec la chimiste Rachel Armstrong, qui explore les matières métaboliques pour connecter les créations humaines, comme l’architecture, aux systèmes naturels et ainsi s’adapter aux changements.

Les créations architecturées d’Iris Van Herpen, composées de lamelles ondulantes, de dentelles métalliques arachnéennes, de cristaux Swarovski ou de plaques de cuivre en guise d’ossature, font office de carapace et protègent la femme tout en l’incluant dans son environnement, révélant une nouvelle ossature.

Presque en symbiose avec les éléments, la femme Iris Van Herpen se révèle hybride dans des créations où l’art, le design, l’architecture et la mode forment une équation parfaite. La fameuse petite robe noire se fait polymorphe, l’exo-squelette chère à la créatrice refait une apparition plus douce dans une interprétation moins littérale imprimée en 3D grâce à la technologie digitale Mammoth Stereo Lithography.

Après avoir fait ses croquis dans Photoshop, puis, elle a travaillé avec l’architecte Julia Koerner pour produire un modèle en 3D qu’elle a imprimé sur un polymère qui durcit lorsqu’il est frappé par un faisceau laser.

L’esprit d’avant-garde semble sans limite. Ainsi, une combinaison rouge, non sans rappeler le robot Maria du célèbre film Metropolis de Fritz Lang, a été construit sur un « squelette-ossature » de petites plaques de cuivre qui a été ensuite brodé avec un tissu lie-de-vin.

Les robes noires, au volume surnaturel, ont été créées par des centaines de feuilles métalliques recouvrant le corps du modèle.

Tantôt sculpture, tantôt prouesse technique, le vêtement sait aussi se faire bijou et se pare tout en délicatesse de cristaux Swarovski.

Pour l’Automne-Hiver 2012-2013, la collection Hybrid Holism est l’occasion d’une nouvelle collaboration fructueuse avec la marque United Nude. Pour leur sixième collaboration, le modèle Thorn fait de matériaux liquides moulés et de pointes fabriquées à partir de pierres taillées à la main accompagne chaque silhouette.

Une nouvelle fois, Iris Van Herpen a su donner vie à des créations oscillant entre mode et art. Le vêtement scintille et nous plonge dans un monde irréel, défiant les lois de la physique mais aussi celles de la mode. Éblouis par tant de savoir-faire couplé à une telle inventivité, nous restons conquis par une créatrice qui a su s’affranchir des codes de la Haute-Couture pour les sublimer. Membre invité, on espère qu’elle deviendra membre permanent tant elle nous plonge dans un univers féérique où la mode et le monde ne font plus qu’un. Du grand art en mode organique !

Crédit photo :

Défilé : Michel Zoeter

Image à la une : AFP PHOTO / FRANCOIS GUILLOT

Marie-Odile Radom

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