Les Icônes de Daniel Angeli
» J’ai toujours été un timide. Mon téléobjectif me servait à rester le plus loin possible des gens. Ce sont eux qui ont fini par venir vers moi. » Daniel Angeli
On dit de lui qu’il est le seul paparazzi français reconnu. Ces photographies font partie de la mémoire collective, de celle qui font des icônes d’une époque les légendes de l’histoire. Jusqu’au 19 juin 2012, la Galerie Art District du Royal Monceau Raffles Paris propose une rétrospective des photographies de stars de Daniel Angeli.
De ces stars connues si souvent mal connues, il a su capter l’essence, celle du regard, immortalisant cet instant où le petit supplément d’âme surgit, les rendant plus proches tout en les gardant intelligemment à distance. Toute la fragilité, la douceur mais également la force de ces stars apparaissent au détour d’un regard, de celui du photographe à travers son objectif. Daniel Angeli ne se définit pas comme un artiste, il ne fait que prendre des photographies. Mais le résultat est bien là, le sujet maîtrisé et son talent immense.
Portraits captés sur le vif, moments de vie volés, Daniel Angeli, baptisé par Raymond Depardon « photographe le plus rapide après Cartier-Bresson » nous livre des témoignages exclusifs, de véritables tranches de vie à travers une trentaine de clichés noir et blanc argentiques qui déroulent une certaine histoire de la photographie de presse, de ses débuts artisanaux, de son explosion dans les années 60 et 70, de la concurrence acharnée des années 80 et des excès d’une sur-médiatisation.
Daniel Angeli a découvert la photographie à l’âge de 15 ans. D’abord cantonné à la chambre noire, il passe rapidement au boitier argentique pour cacher une timidité naturelle. C’est au début des années 60 qu’il commencera à en faire un métier, d’abord en faisant le portrait de toute la chanson française, puis à l’aéroport d’Orly, où il scrute l’arrivée des stars pour le compte de l’Agence Dalmas. Déjà, son œil fait merveille tant sa capture en studio d’une frêle Edith Piaf au crépuscule de sa vie restitue toute l’émotion de la scène.
Il se forge une renommée en 1962 et devient indépendant suite à la couverture de l’accident tragique d’un Boeing Air France, où il fut le seul photographe autorisé à se rendre sur les lieux et ainsi obtenir des clichés exclusifs de la carcasse de l’avion.
De témoin direct du réel, il devient le témoin de son époque, présent là où les choses se passent « avec le bon angle et la bonne lumière », captant chaque mouvement de son époque, capturant l’instant et le restituant sans fioriture.
David Angeli se spécialise alors dans la photographie de vedettes en 1967 et crée l’agence Angeli. Il attrape sur le vif, s’organisant au gré des saisons l’hiver à Gstaad et l’été sur la Riviera. Il compte à son tableau de chasse les grands noms de l’époque tels Jack Nicholson et Roman Polanski sur un télésiège à Gstaad, Brigitte Bardot dans l’intimité de la Madrague à Saint-Tropez. Mais aussi Paul Newman, en gare de Cannes, tôt le matin ou encore Elizabeth Taylor, un chat dans les bras, depuis la fenêtre d’un train.
Il est ainsi au plus près du quotidien des célébrités qu’il traque, Aristote Onassis, Jacques Brel, John Lennon ou encore Mick Jagger font désormais partie de « sa grande famille », nouant parfois avec lui des rapports complices. Daniel sait capter des moments d’intense émotion comme lorsqu’il s’arrête en 1977 sur le bord d’une autoroute surplombant une propriété.
Dans le parc, un vieil homme en fauteuil roulant se promène avec sa fille, l’espace d’un instant, il a juste le temps d’appuyer sur le déclencheur. Ce sera la dernière photo de Charlie Chaplin et certainement l’une des plus émouvantes.
En 1977, le patron italien de Fiat Giovanni Agnelli doit gérer le rapt et la demande de rançon de son responsable français. Daniel Angeli le surprend, plongeant nu depuis son yacht à Saint-Jean-Cap-Ferrat. La photo fera le tour du monde, choquant l’opinion publique et finit par trôner sur le propre bureau du richissime homme d’affaires : « L’un des scoops de ma carrière : l’image a fait le tour du monde. La petite histoire rejoignait l’actualité. »
A l’instar d’un Ron Galella, Daniel Angeli représente l’âge d’or du paparazzi, bien différent de celui d’aujourd’hui. Celui où être paparazzo était encore noble et respectueux de l’autre malgré cette intrusion dans la réalité des mythes. Celui d’avant la sur-médiatisation des années 80. Celui où être paparazzo n’était encore qu’une question de regard, celui que notre société porte sur elle-même et ses icônes….
Exposition Icônes Photgraphies N & B par Daniel Angeli jusqu’au 19 juin 2012
Galerie Art District – Royal Monceau Raffles Paris
41 avenue Hoche 75008 Paris
Il est possible d’acquérir ces clichés grâce à la galerie Private Picture qui propose de revisiter le glamour vintage des années 60 à 80 par une sélection de photos, numérotées et signées, en édition limitée, sur sa galerie en ligne et à travers des expositions ponctuelles.
Crédit photo :
Image à la une : Brigitte Bardot et le gendarme – Saint Tropez 1975 © Daniel Angeli – Private Pictures Gallery
Marie-Odile Radom
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