Manish Arora Prêt-à-Porter Automne Hiver 2012-2013
« Life is beautiful » Manish Arora
Ce jeudi 1er mars, rédactrices en chef, stylistes, journalistes et passionnés de mode étaient tous au rendez-vous malgré le ciel laiteux pour assister au nouveau défilé du créateur Manish Arora. En effet, un défilé du créateur d’origine indienne est toujours l’occasion d’admirer un spectacle mêlant art et mode dans une communion haute en couleurs.
Et ce fut une nouvelle fois le cas, Manish Arora s’est entouré d’artistes urbains pour présenter sa collection de prêt à porter pour l’Automne Hiver 2012-2013. Accueillis par une forte odeur de bombe de peinture, nous descendons au sous-sol où nous découvrons des artistes graffeurs en plein action.
Tel un mantra pour conjuguer le mauvais sort, le graffiti Life is Beautiful est réalisé en live par les artistes urbains Rude, Viozon et Broke dans des couleurs chatoyantes, pendant que les mannequins défilent dans le sous-sol de Cité de la Mode et du Design.
Life is beautiful. Manish Arora s’évertue à nous le démontrer de la plus belle manière : haute en couleurs ! Pour l’Automne Hiver 2012-2013, le créateur reste fidèle à son style sans pareil fait de broderies complexes et de couleurs intenses. En orfèvre de la mode, il nous prouve que l’austérité n’est pas forcément de rigueur.
Paysages urbains, art subversif et silhouettes sculptées forment une collection riche en contrastes aux influences multiples. L’art de la rue se mêle subtilement aux tissus somptueux parés d’images surréalistes, des broderies de fleurs et de feuilles à effet 3D habillent des silhouettes élégantes semblant tout droit sorties d’une autre époque.
La collection évoque l’élégance des années 1950, avec des silhouettes structurées avec des robes évasées mais cintrées à la taille et des jupes corolle s’arrêtant au dessous du genou. Les courbes féminines sont mises en valeur. Vestes chic volumineuses, boléros, trench-coats et blouses sont embellis de subtils détails au niveau du dos et des épaules.
Les premiers modèles évoquent les murs végétaux avec un imprimé mur de briques parsemé de broderies-feuillage 3D. La première silhouette donne le ton. Telle Dame nature, elle arrive majestueuse, la nature reprenant ses droits, gagnant du terrain sur les briques de velours.
Le velours noir, matière de prédilection des premières silhouettes, forme une harmonie élégante avec le vert des broderies-feuillages à peine réveillée par le cuir noir de gants protégeant les mains. La modernité des broderies est contrebalancée par les volumes forts à l’élégance surannée. Les robes se font capes et les manteaux restent chic entourant le cou.
Puis l’art de la rue s’insinue de manière plus précise avec des motifs directement inspirés de l’art urbain et surréaliste de l’artiste contemporaine New Yorkaise Judith Supine, mêlant silhouettes fragmentées et visages reconstitués collages et colorés aux fluos, sur des imprimés fluides.
La couleur apparaît par touches de plus en plus grandes jusqu’à prendre le dessus. Un somptueux manchon en fourrure nous fait de l’œil protégeant les mains d’un froid rigoureux. Mais toujours dans un souci d’apporter de la joie même en hiver, la fourrure se fait jaune fluo comme une touche de bonne humeur et les lignes colorées s’accordent.
Les finitions sont luxueuses et opulentes mélangeant la soie, le velours, le cuir suédé, le cuir, le satin, la crêpe et de magnifiques fourrures scandinaves. La broderie devient un art multipliant les effets 3D et les motifs inattendus. Après les feuillages des premières silhouettes, des bouches pulpeuses parfois accompagnées d’une cigarette parsèment les jupes et les hauts des robes. Un esprit warholien semble flotter sur toute la collection.
Soudain la fourrure semble vouloir se rappeler à notre mémoire et orne délicatement d’un bleu des plus électriques jupes et manches. Le créateur abandonne les imprimés pour des modèles plus sobres mais rehaussés de fourrure.
Les imprimés si chers au créateur indien font leur grand retour. La palette de couleurs est basique. Le noir, le vert émeraude, le bleu saphir relevé de touche de violet foncé, le rouge brique et le rose fuchsia cohabitent avec des teintes fluo.
Des plumes aux reflets moirés et bleutés se balancent au gré de la démarche dans un mouvement presque hypnotique. Cuir et cuir suédé forment des motifs en surimpression. Mi-plumes mi-armure, le vêtement devient protection.
La broderie atteint un summum, des pétales de fleurs de cerisier couvre ce que la transparence découvre dans une délicatesse du propos. Des mini-robes allongent la silhouette et se terminent par un jeu de fourrure. La femme Manish Arora est aussi un oiseau de nuit qui n’en oublie pas pour autant son sens de l’élégance.
Les chaussures issues de la collaboration entre Manish Arora, Nicholas Kirkwood et Pollini tantôt pailletées, tantôt brodées finissent de nous enchanter.
Le défilé s’achève sur une série arc-en-ciel de modèles arty réunissant dans une communion les deux disciplines. Des robes colorées et bariolées fusionnent parfaitement avec le graffiti exécuté durant le show.
Quelque part entre New-York et New-Delhi, Manish Arora nous plonge dans son monde haut en couleurs et terriblement glamour. Dans un décor résolument urbain, le créateur nous a présenté pour l’Automne Hiver 2012-2013 une collection forte aux silhouettes audacieuses, mélange parfait d’art urbain moderne et d’élégance rétro inspirée par les années 50. Une nouvelle fois, nous en sortons séduits et enchantés par tant d’originalité malgré la morosité ambiante. Pari tenu : Life is Beautiful.
Crédit photo :
Image à la une : Stéphane Mahe / Reuters
Défilé: Yannis Vlamos
Marie-Odile Radom
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