Yiqing Yin Haute-Couture Printemps Eté 2012
Paris ne cesse de révéler des talents, comme celui de Yiqing Yin qui saison après saison nous révèle tout l’étendue de sa créativité. Sa collection Exils construite autour des capacités dynamiques du pli et de volumes en mutation lui vaut d’être récompensée par le Grand Prix 2009 de la Création de la Ville de Paris.
Présentée au Festival international de mode de Hyères en 2010, elle affirme une nouvelle vision de la couture : sculpter le vide autour du corps. Figurant parmi les huit jeunes créateurs sélectionnés par le magazine Vogue France, elle est la lauréate du Prix des Premières Collections 2011 de l’ANDAM.
Les vêtements imaginés par Yiqing Yin protègent et renforcent l’aura de celle qui les porte. Chaque vêtement fourmille de détails subtilement placés qu’on découvre au fil du regard. Sa technique du plissé est parfaite et exalte une féminité à fleur de peau.
Présentant souvent ces vêtements comme des armures molles, elle met toute sa sensibilité pour y mettre un peu de sa propre douceur où chaque respiration vient se cacher au plus profond du drapé.
Invitée d’honneur de la semaine de la Haute-Couture, Yiqing Yin nous a proposé une collection In Carne délicate mettant en avant le mouvement à travers des créations oniriques, inspirées à la fois par le corps animal décomposé et restructuré et les créations architecturales de Michael Hansmeyer. Chaque création semble recouvrir de délicatesse le corps de la femme, telle une carapace de légèreté. La féminité est exaltée, organique.
On ne peut qu’admirer le travail des drapés et des plissés sur du jersey ou de l’alcantara rapprochant son travail de celui de la sculpture. Superposition de matières, fragiles dentelles, drapés éthérés habillent la silhouette sans l’alourdir laissant la femme maîtresse de ses mouvements dans des nuages d’organza. Jersey, soie, cristaux, velours et fourrure se mélangent et s’intègrent au corps dans des teintes blanches, grises, noires, dorées et ocre.
Ici, une grande robe aérienne comme un nuage blanc cache un visage de vieux sage dans son plissé. Là, un voile recouvre délicatement le haut du mannequin. On ne fait que deviner le bustier avant de pouvoir l’observer longuement au fur et à mesure que le mannequin se rapproche de nous. Le volume trouve ses lettres de noblesse.
La femme Yiqing Yin se fait parfois animale comme dans cette étonnante robe manteau introduisant la fourrure de renard argentée rasée. Parfois, cette étonnante fourrure rasée se mêle à la dentelle dans un ensemble fragile mais de toute beauté à la sophistication de rigueur.
Yiqing Yin, saison après saison, définit son identité faite de plissée-drapés, de maîtrise des volumes mais aussi de l’affirmation d’une féminité moderne, contemporaine à l’aise dans ses contradictions. Femme forte et fragile à la fois, elle distille ses traits de caractère dans une couture délicate, créative et poétique… à son image. Avec cette collection printemps Eté 2012, elle s’affirme comme l’un des talents à suivre. Et c’est exactement ce que nous faisons.
Crédit photos :
Image à la une : BENOIT TESSIER / REUTERS
Photos défilé : Shoji Fujii
Marie-Odile Radom
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