Exposed par Albert Watson à la Galerie Acte2
« Albert is a maniac, he’s intense and he brings an intensity to his work and has done for so many years that you either achieve genius or end up in a mental asylum. He’s achieved genius. » James Truman
Jusqu’au 27 Novembre 2011, la Galerie Acte2 propose une sélection exclusive d’une trentaine d’images de nus du photographe Albert Watson. L’exposition EXPOSED, seconde exposition du photographe en France, est l’occasion d’admirer une fascinante confrontation entre les photographies mythiques de l’artiste comme celle de Kate Moss ou encore de Laetitia Casta et des photographies inédites dans l’eau réalisées spécialement pour l’exposition.
Étudiant en graphisme à ses débuts, Albert Watson s’intéresse à la photographie à son entrée au Royal College of Art de Londres. Définitivement séduit par la prise de vue, l’artiste – aveugle de naissance d’un œil – s’installe en 1970 aux Etats-Unis et persiste dans la photographie malgré sa particularité.
En 1976, il trouve sa place au sein du prestigieux magazine Vogue, qui en fait son photographe fétiche avec plus de 200 couvertures. S’en suivent alors des contrats de campagnes publicitaires avec les maisons Chanel, Gap ou encore Levi’s.
Malgré l’énorme pression engendrée par l’afflux de commandes, le photographe ne renonce pas pour autant à ses travaux plus personnels et produit deux albums – Cyclops en 1994 et Marocen 1998 où il devient le témoin photographique d’univers totalement différents immortalisant paysages et habitants locaux.
Son dernier projet personnel Shot in Vegas, sur Las Vegas, est un savant mélange de ce qui fait la grandeur et la décadence de la ville du péché. Design, sexe, argent et religion se mêlent dans une ambiance étonnante. Dans une quête perpétuelle d’esthétisme et avec un grand perfectionnisme, Albert Watson nous livre des clichés d’une grande créativité et d’une finesse, comme autant d’invitations à pénétrer dans son univers.
Méconnu du grand public, Albert Watson est néanmoins reconnu pour ses photographies de mode et ses portraits originaux de personnalités quand il ne prend pas un plaisir certain à immortaliser paysages, animaux et mégapoles urbaines, inspiré par ses voyages de Marrakech à Las Vegas en passant par les Orcades, un archipel écossais. Sa photographie d’un Alfred Hitchcock en smocking tenant une oie à qui l’on a noué un ruban pour l’occasion a fait le tour du monde.
Deux des clichés les plus célèbres du photographe sont des clichés de Kate Moss nue pris à la fin d’une journée de shooting pour Vogue Allemagne sur le toit d’un bâtiment à Marrakech. Le top model y apparaît fragile et fatiguée avec le visage inondé d’une douce lumière,ses mains et ses pieds paraissant gigantesques dans l’une tandis qu’elle apparaît de dos, le dessin de sa colonne vertébrale émergeant de l’ombre dans l’autre. De nouveau, les doigts de la Brindille semblent être disproportionnés.
A travers ces tirages d’une qualité exceptionnelle, le corps exposé est montré dans une sorte de plénitude, vulnérable et abandonné parfois. Les modèles sont souvent saisies dans des postures où le corps n’est pas dans une attitude d’offrande mais plutôt abandonné ou dans une attitude plus proche de la protection ou d’un repli sur soi, dévoilant aussi le squelette ou alors abandonné.
On devine ici le saillie d’une côte, on observe le grain de peau qu’on imagine soyeux, la finesse d’un duvet sur un bras ou l’arc d’une colonne vertébrale ; le niveau de détail est impressionnant.
Comme un éloge à la féminité, la femme apparaît pulpeuse, douce et féminine mise en valeur par un noir et blanc à l’esthétique léchée. Séductrice, elle devient l’incarnation même de la beauté. Mais loin d’être naïve, la femme se révèle mystérieuse, se dévoilant dans la lumière et émergeant de l’ombre.
Les clichés quasi hypnotiques révélant une féminité puissante et vulnérable à la fois deviennent l’expression d’un amour inconditionnel pour le corps de la femme aux courbes gracieuses.
En parfaite opposition avec les clichés en noir et blanc, la série dans l’eau, réalisée dans les studios de Manhattan du photographe, surprend par ses teintes bleutées et sa lumière irréelle. La femme apparaît encore plus sensuelle, l’accent est porté sur le corps une nouvelle fois sublimé, faisant la part belle aux rondeurs et mettant en avant la poitrine presque nourricière.
Le corps de la femme devient presque un paysage fait de vallées et de collines en partie immergées sur lequel il est bon de laisser se balader le regard et courir l’imagination.
La femme devient une naïade émergeant de l’eau, presque mythologique, mi-sirène, mi-déesse. Là où les ombres créent le mystère dans la série en noir et blanc, la dualité de la femme est suggérée par son faux « reflet » dans l’eau, sorte de double caché émergeant.
L’exposition EXPOSED par Albert Watson est vraiment à voir. Les clichés exceptionnels sont le meilleur hommage possible à la femme dans toute sa splendeur. Toutes les facettes sont là, la douceur, la vulnérabilité, la protection, la mère et la force. Albert Watson magnifie ses sujets, élevant le corps féminin au niveau d’œuvre d’art pour notre plus grand plaisir.
Crédit photo : with the courtesy of acte2galerie
Galerie Acte 2 41 rue d’Artois 75008 Paris.
Métro George V (ligne 1) ou Saint-Philippe-du Roule (ligne 9).
Entrée libre, ouvert du lundi au vendredi de 10h à 13h / de 15h à 19h et le samedi de 13h à 18h.
Marie-Odile Radom
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