Talbot Runhof Prêt-à-Porter Printemps Eté 2012
« Very piece has a detail, a detail that might not be obvious at first glance, but once you find it, it’s what makes you fall in love. » Johnny Talbot and Adrian Runhof
Il y avait comme un petit air de dolce vita en cette matinée d’octobre lors de la présentation de la nouvelle collection du duo de créateurs Johnny Talbot et Adrian Runhof à l’hôtel The Westin Paris. Après avoir assisté à la première de l’opéra de Bellini I Capuleti e I Montecchi en mars dernier, ils ont eu l’opportunité de rencontrer Christian Lacroix qui les a énormément influencés à leurs débuts.
Inspirée par cette rencontre avec le créateur qui a dessiné les 120 costumes de l’opéra, la collection Printemps Été 2012 baptisée Gnossiennes fait la part belle à l’imprimé, à la dentelle de soie Chantilly et au coton guipure.
Telles les Gnossiennes d’Erik Satie, les deux créateurs propose une partition sans mesure faites d’une succession de silhouettes modernes et amples d’apparence classique au premier abord mais se révélant beaucoup plus complexes grâce à quelques détails apportant une pointe d’originalité.
Floral, rayé ou à pois, l’imprimé a la part belle sur les premières silhouettes et ose se mélanger pour mieux exploser dans une symphonie de couleurs, nous transportant presque instantanément à Florence par une douce matinée estivale.
Bravant les règles les plus élémentaires, les rayures se mêlent à l’imprimé floral, le carreau se mêle au pois et à la dentelle dans une évidence frôlant la perfection.
Sur l’air de la Gnossienne n°1, panama et foulard en soie accompagnent des silhouettes fluides toutes en couleur fleurant bon le soleil et une certaine élégance rétro. Le rouge, l’orange, le jaune, le bleu turquoise et le vert se mêlent ou font parfois cavalier seul confirmant l’amour presque inconditionnel qu’éprouvent les deux créateurs pour la couleur.
Ponctuant le défilé de notes colorées, la fleur est partout dans cette collection aux accents rétro. En imprimé, elle habille une robe en satin à la coupe parfaite et se fait discrète en doublure de veste. Elle apporte un soupçon de délicatesse et d’originalité, soulignant la taille d’une robe longue à la coupe classique dans un détail original.
Elle prend possession d’un bustier et se mêle à la rayure pour réveiller une robe en organza de soie et explose, rouge et flamboyante en bouquet de roses dans la jupe d’une robe en dentelle au décolleté profond.
Elle devient boutonnière et ferme un corsage chèche à la forme des plus originales quand elle n’apparaît pas, pudique en haut d’une jupe.
Après une avalanche de couleurs, la collection prend un virage plus sobre et donne ainsi la parole à la guipure et la dentelle dans des pièces à la féminité exacerbée. Le corps se dévoile et laisse éclater une sensualité à fleur de peau.
La guipure se redéfinit en trench et se porte ceinturée quand elle ne préfère pas recouvrir une robe turquoise en crêpe de soie. La dentelle investit le haut du corps, se multipliant sur des tops tout en transparence ou apparaissant en détails subtils sur les manches d’une robe.
Johnny Talbot et Adrian Runhof, bien qu’inspirés par le passé, ont pourtant su ne pas trop regarder en arrière pour afficher une savante modernité, alternant des coupes simples réveillées par un détail et des modèles plus sophistiqués. Ainsi de savants drapés dans le dos donnent l’impression d’une traine suivant les mouvements du mannequin.
Les manches des chemisiers sont bouffantes, les cache-cœurs plus que jamais raffinés prolongent la silhouette. Les épaules sont accentuées sur quelques chemisiers et certaines vestes.
Les dos se dévoilent via d’habiles transparences soulignées par des boutons noirs. Les combinaisons pantalons deviennent de véritables exercices de style, affichant une certaine sobriété devant accentuée par une lavallière, et se découvrant dans le dos à coup de décolleté vertigineux ou de plus sages ouvertures très géométriques.
La petite robe noire retrouve ses lettres de noblesse, les ouvertures se font meurtrières, comble du chic.
Jusqu’au ravissement ultime d’une robe entièrement brodée de sequins et nouée par un lien dans la nuque dont le motif rappelle la dentelle.
Les tailles sont soulignées par de grosses ceintures. Le talon est de rigueur dans ses silhouettes très féminines à quelques rares exceptions où une sandale ultra-plate minimaliste surprend agréablement. Les escarpins inspirés des chaussons de danse nouées à la cheville renforcent l’impression de silhouettes graciles et légères.
Pour le Printemps Été 2012 la maison Talbot Runhof a réussi à nous faire voyager en nous proposant une garde-robe très complète faite de tenues casual mêlant imprimés et couleurs et de tenues pour le soir beaucoup plus sophistiquées. Le jour, la femme Talbot Runhof aime les pantacourts, les combinaisons et les robes simples colorées. Pour le soir, le noir reprend sa place dans un vestiaire élégant fait de robes de cocktails et de tenues raffinées où la femme se dévoile à coup de transparence et de décolletés. Et nous, on voyage…
Crédit photo : with the courtesy of Talbot Runhof.
Marie-Odile Radom
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