Didit Hediprasetyo Couture Automne Hiver 2011-2012
« Au calme clair de lune triste et beau, Qui fait rêver les oiseaux dans les arbres. Et sangloter d’extase les jets d’eau, Les grands jets d’eau sveltes parmi les marbres.. » Paul Verlaine
Ce ne sont pas ces quelques vers de Paul Verlaine qui ont été la source d’inspiration de la collection couture Automne Hiver 2011-2012 du créateur Didit Hediprasetyo mais les notes cristallines du Clair de Lune de Claude Debussy.
Dans un magnifique salon de l’Hôtel de Crillon, le jeune créateur indonésien nous a présenté une collection couture épurée, sobre et poétique rendant hommage aux beautés lunaires qui savent néanmoins garder les pieds sur terre.
Tel un compositeur, Didit Hediprasetyo imagine des accords organiques dans des teintes monochromes dont la substance semble avoir été extraite de la surface de cet astre laiteux et mystérieux.
Noir de nouvelle lune, blanc vibrant de pleine lune, gris métallique ou bien mastic et vert lichen sont autant de couleurs qu’il retranscrit dans une partition sans fausse note à l’élégance presque surannée.
A l’inverse de sa collection précédente dominée par le rose, le fuchsia n’apparaît ici que par touches timides en doublure de robes, contrastant très intelligemment avec le velours vert et les blancs lumineux des tenues inspirées par les imperfections à la surface de l’astre laiteux.
En une parfaite maîtrise, le créateur multiplie drapés audacieux et détails sophistiqués souhaitant nous présenter toute l’étendue de son savoir-faire, au risque parfois de se répéter.
Son souci du détail transparaît dans l’asymétrie légère des décolletés, dans les doublures subtilement colorées, dans le raffinement de boutons gansés brodés sur un satin duchesse immaculé et mimant les cratères lunaires.
Il apporte une modernité bienvenue à une collection d’un classicisme certain en jouant sur les textures. Les coupes, droites, sont ainsi réveillées par le relief d’un coton froissé gonflé de tulle.
La créativité de Didit Hediprasetyo atteint un summum lorsqu’il s’empare d’un classique du vestiaire masculin pour en faire une pièce extrêmement féminine. Ainsi la gabardine d’un costume d’homme devient dans ses ateliers un bustier raffiné.
Les matières les plus nobles sont légion. On retrouve avec plaisir le Songket, ce tissu traditionnel indonésien qui, cette fois, prend des reflets argentés et se révèle en trench court croisé ou en jupe. La soie prend des effets marbrés dans une robe dont les poches plaquées rappellent le mystère de ces beautés lunaires.
Le velours vert aux reflets moirés captive le regard. Et ultime luxe, les plumes de cygne créent un manteau des plus étonnants au toucher un peu rude lorsqu’elles n’ornent pas une simple jupe droite. La femme loin d’être lisse révèle ses aspérités.
Jouant avec les longueurs, le créateur évite l’uniformité s’adressant ainsi à toutes les femmes qui, au gré de leur envie et de leur silhouette, sauront choisir la longueur adéquate. Les modèles flattent les silhouettes longilignes, hautement perchées sur des escarpins Louboutins dont le rouge foncé quasi hypnotique semble être le meilleur moyen pour garder les pieds sur terre.
Pour l’Automne hiver 2011 2012, Didit Hediprasetyo nous propose une garde-robe couture à l’élégance raffinée d’où s’échappe une certaine poésie. La femme moderne, lunaire mais gardant les pieds sur terre, trouve alors des tenues parfaites pour exprimer à la fois sa délicatesse et un petit brin de fantaisie. Vivement la prochaine collection qu’il se réinvente encore une fois.
Crédit photo : with the courtesy of Didit Hediprasetyo
Marie-Odile Radom
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