Iris Van Herpen Haute Couture Automne Hiver 2011-2012
« Ma création se positionne à mi-chemin entre l’artisanat et l’innovation en termes de technique et de matières. Je souhaite réinventer la réalité… » Iris Van Herpen
La Fashion Week Parisienne est souvent l’occasion d’assister à l’explosion d’un nouveau talent, à la transformation d’un créateur en un artiste du plus bel acabit. Ce fut le cas pour la jeune créatrice néerlandaise Iris Van Herpen. La présentation de sa collection Haute-Couture Automne-Hiver 2011-2012 Capriole a été la plus belle démonstration de l’étendue de son talent, tant elle nous a transportés dans d’autres dimensions.
Car la couture de la jeune créatrice tient bien de l’art. Sa vision de la mode est architecturale, futuriste et conceptuelle. Elle sonde et décrypte le vivant au microscope devenu ainsi un prétexte pour toute sorte d’expérimentations, de la plus spectaculaire à la plus incongrue. La mode est son expression artistique.
Ses majestueuses compositions sont tantôt végétales tantôt animales. Elles épousent le corps de la femme à la perfection, ne faisant presque plus qu’un avec elle. Iris Van Herpen mêle techniques artisanales de la couture classique et innovations en termes de technique et de matières pour laisser libre court à son imagination.
Le résultat est spectaculaire et presque hypnotique. La créatrice nous transporte avec efficacité dans son univers très créatif, fait de légèreté et de poésie grâce à son sens de la découpe graphique, du détail et ses volumes maîtrisés. Aucune matière ne semble vouloir lui résister tant elle maîtrise avec brio plissés, courbes et formes plus géométriques. La maille métallique devient aérienne et renvoit à l’idée d’un nuage de tulle vaporeux tout en élégance.
Le plastique, le métal et le cuir sont assemblés dans des formes sculpturales, harmonieuses et ses compositions complexes structurées formant parfois des strates. Les chaussures nées d’une collaboration entre Iris Van Herpen et Rem D Koolhaas pour United Nude complètent une allure futuriste.
Des éléments en plastique doux imitent des tessons de verre posés à même sur le tissu, créant ainsi des plissés à l’arête cassante rappelant des formations minérales semblables aux cristaux de quartz.
Le travail de la créatrice est si technique et si parfait qu’il donne l’impression de voir des pièces vivantes comme cette stupéfiante robe-serpent. Composée de différentes feuilles transparentes noires enroulées et tordues recouvrant une fine gaze noire extensible, recouvrant elle-même une couche de satin, cette robe donne l’illusion d’une respiration grâce à un habile glissement des différents couches.
La femme Iris Van Herpen devient alors femme-serpent mais loin d’être venimeuse ou encore gorgone, elle reste une femme de caractère.
La robe-cascade est tout bonnement impressionnante. Mi-solide, mi-liquide, elle donne l’illusion d’une source d’eau jaillissant et flottant autour de la femme, telle une protection, dans un mouvement figé dans le temps.
La créatrice a collaboré avec l’architecte Isaie Bloch et utilisé les techniques 3D de la marque .MGX de Materialise pour créer des pièces en polyamide aux reflets brillants et à la finition laquée. Formes d’oiseaux ou spirales nous emmènent au bord de la rêverie numérique pour former des semblants d’armures tri-dimensionnelles.
Et clou du défilé, une robe exosquelette en plastique moulé, recomposant à la perfection une ossature de squelette dans une robe sculpture à couper le souffle.
Iris Van Herpen a une approche futuriste de la mode. Ses modèles entre sculptures et vêtements sont sans conteste l’aboutissement d’une expression artistique au sens le plus noble du terme. On ne peut s’empêcher d’y voir l’influence d’Alexander McQueen – chez qui elle a fait ses classes – mais son style est résolument avant-gardiste, combinant très intelligemment les techniques artisanales et les meilleurs techniques 3D pour créer des œuvres d’art qui ont fasciné toute l’assemblée. Une artiste talentueuse à suivre !
Crédit photo : © Michel Zoeter
Marie-Odile Radom
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