Kate Moss par les plus grands photographes à la Galerie de l’Instant

« Ce n’est pas simplement sa beauté. Elle a de la personnalité, du goût, de l’humour. Elle a un univers dont on a envie de faire partie, et quand on est avec elle, d’une certaine façon, on a le sentiment de vivre plus. » Mario Testino

Son visage est partout, des campagnes de publicité des dernières marques de luxe aux couvertures de magazine de mode, en passant par le dernier livre du photographe de mode Mario Testino. Tantôt modèle, tantôt styliste (pour Topshop) mais toujours muse, elle accompagne notre quotidien depuis plus de vingt ans à tel point qu’elle semble faire partie de nos vies, de notre inconscient collectif. Troisième top le mieux payé au monde et avec presque trois cent couvertures de magazines à son actif, Kate Moss ne cesse de nous fasciner et surtout de nous intriguer.

Réputée pour sa vie sentimentale tumultueuse, Kate Moss donne naissance en 2002 à sa fille Lila Grace, issue de son union avec Jefferson Hack (co-fondateur du magazine Dazed and Confused), puis entretient une relation avec Pete Doherty qui aboutira au scandale déclenché par le Daily Mirror qui révèle en 2005 son penchant pour la cocaïne.

Le monde de la mode décide pourtant de lui laisser sa chance et elle recommence à travailler quelques mois plus tard après avoir effectué un séjour en clinique. Le 02 juillet 2011, elle épousera son compagnon Jamie Hince, guitariste du groupe The Kills. Scandaleuse et mystérieuse, le top-model controversé cultive son aura en parlant peu et en se relevant toujours plus forte des moindres scandales jonchant sa route.

De la femme, on ne sait pratiquement rien, le mannequin aimant cultiver le secret, mais de l’icône de mode, on sait à peu près tout grâce aux clichés sur papier glacé, ultimes souvenirs et preuves du phénomène Kate Moss laissés par les photographes. Car son succès réside en cela : une photogénie sans pareil, un véritable sens de la mode et une source d’inspiration sans aucune mesure pour les créateurs de mode et les photographes les plus talentueux.

Physique atypique, dentition imparfaite, silhouette filiforme cultivant un certain côté androgyne – d’où son surnom de Brindille-, l’engouement autour de Kate Moss semble en apparence incompréhensible. Pourquoi fascinait-elle autant ? Est-ce du à sa fantastique photogénie et à son mode de vie plutôt rock’n’roll ponctué d’alcools, de sorties nocturnes et d’artistes borderline ? Qu’avait-elle de plus que les autres pour avoir une telle longévité dans ce métier où il y a toujours une plus jeune et plus jolie qui explose ?

Toutes ces questions restaient sans réponse jusqu’à ce qu’une exposition d’une série de clichés de Kate Moss, pris par le photographe Rankin tout au long de sa carrière, apporte un élément de réponse. A travers les yeux du photographe et de son objectif, la reine Kate semblait enfin devenir accessible.

Kate Moss est la Femme, une femme qui n’est, à chaque fois, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre (merci à Verlaine), dévoilant ainsi une à une chacune de ses facettes au gré du regard du spectateur et de celui du photographe derrière l’objectif. Brune ou blonde, cheveux courts ou bien longs, femme-enfant ou femme fatale, sophistiquée ou plus naturelle, elle sait incarner à la perfection une femme différente à chaque fois mais sans cesse renouvelée. Elle ne pose pas mais se joue de l’objectif pour être à loisir la femme qu’on souhaite qu’elle soit…

L’exposition Kate Moss par les plus grands photographes proposée par la Galerie de l’Instant jusqu’au 14 Septembre 2011 rend donc hommage au Visage de ces vingt dernières années, à l’égérie par excellence immortalisée par l’objectif des plus grands photographes de notre époque pour des éditoriaux ou des campagnes de mode, ou simplement pour le plaisir. La Galerie nous invite à découvrir une partie de ces clichés mythiques signés notamment par Bettina Rheims, Bert Stern, Patrick Demarchelier, Rankin, Paolo Roversi ou encore Corinne Day, afin de tenter d’effleurer l’essence même de l’une des personnalités les plus photographiées de notre époque.

Kate Moss est à peine âgée de 14 ans lorsque Bettina Rheims la remarque dans les couloirs de l’agence Storm où elle débute. Elle la photographie pour son livre Modern Lovers, recueil de portraits d’adolescents androgynes. Kate y apparaît presque angélique, bout de femme pas tout à fait sortie de l’adolescence avec une pureté renforcée par sa petite poitrine et ses anglaises. Pourtant son bras cache pudiquement une partie de sa poitrine et son vernis à ongles sombre laisse deviner un caractère plus affirmé que l’expression lointaine et rêveuse qui transparaît dans son regard.

En 1990, Corinne Day photographie Kate Moss pour le magazine The Face et la met en scène dans un style quasi-documentaire, dans la banlieue de Londres, loin du glamour et des top-models des années 1980. Cette esthétique « grunge »  ultra-réaliste et à l’encontre de ce qui se faisait à l’époque devint un phénomène international. La photographe se lia alors d’amitié au mannequin et reprit des photos chez elle en 1993, qui créeront elles aussi la polémique, accusées de promouvoir l’anorexie.

Défilant à 15 ans pour John Galliano, elle rejoint dans les années 90 la vague des super top-models comme Cindy Crawford, Claudia Schiffer, Naomi Campbell ou encore Linda Evangelista. Bien qu’étant plus girl’s next door, Kate Moss trouve tout naturellement sa place parmi les nouvelles icônes d’une époque en quête de repères. Les plus grands noms de la mode ne tardent pas à faire appel à elle pour défiler. Elle devient à 18 ans l’égérie de Calvin Klein et fer de lance de ses campagnes unisexes.

À partir de ce moment, sa carrière connaît une ascension fulgurante. Millionnaire à 20 ans, elle devient l’objet d’une admiration qui ne s’est pas démentie depuis et pose pour les marques les plus prestigieuses prestigieuses. Elle apparaît dans les plus grands magazines de mode tels que Vogue, ou encore Harper’s Bazaar dans lesquels elle renvoie souvent l’image d’une femme jeune et sophistiquée.

Elle explose alors devant les objectifs de Paolo Reversi, Peter Lindbergh ou encore Ellen Von Unwerth, elle n’est définitivement plus l’ange androgyne de ses débuts si magnifiquement immortalisée par Bettina Rheims. Il est intéressant de voir comment ces deux clichés se répondent et se parlent aussi. Bras replié cachant une partie de sa poitrine, et l’autre cachant son visage dans un réflexe de protection, le visage de Kate a perdu toute son innocence enfantine pour y gagner en maturité. Son regard un brin défiant et sa gestuelle n’occultent en rien sa beauté prodigieuse. Mais la femme est bien là, séductrice malgré le corps androgyne.

Régulièrement citée comme référence en matière de mode, grâce à son style vestimentaire considéré comme avant-gardiste et rock’n roll, Kate Moss sait à merveille créer les tendances et mixer pièces pointues et d’autres plus incontournables. Le mannequin a su aussi inspirer des artistes hors du microcosme de la mode. Lucian Freud l’avait peinte en 2002 nue et enceinte tandis que Marc Quinn l’a sculptée en 2008 dans une version en or dans laquelle Kate apparaît très souple.

 

Icône sans égale durant ses vingt dernières années et surtout femme terriblement bien dans son époque, Kate Moss cultive son propre langage comme elle excite notre imagination en restant désespérément muette. Mais une chose est sûre : la plus belle façon pour Kate Moss de parler d’elle-même, c’est de nous laisser un peu de son essence à travers l’objectif de ses photographes amis. Alors courez voir cette exposition afin d’avoir vous aussi une part de son mystère.

Exposition « Kate Moss et les plus grands photographes »
Du 13 mai au 14 septembre 2011
La Galerie de l’Instant
46 rue de Poitou 75003 Paris
Ouvert du mardi à samedi de 11h à 19h, le dimanche de 14h30 à 18h30
Entrée libre.
www.lagaleriedelinstant.com

Marie-Odile Radom

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