Jean-Paul Gaultier Prêt-à-Porter Printemps Eté 2012
« Aujourd’hui le tatouage est devenu classique. Ma collection, c’est le tatouage bourgeois, aristo, couture » Jean-Paul Gaultier
Comme pour la collection Homme en juin dernier, Jean-Paul Gaultier nous a invité à découvrir l’envers du décor en nous permettant d’assister, dans son siège parisien, aux moindres détails du défilé, des coulisses au show proprement dit. Rien ne nous est caché, de la mise en scène, avec le couturier en personne qui corrige les tenues, à la séance photos de la prochaine campagne publicitaire avec Miles Aldridge.
L’ambiance est résolument rétro rappelant les anciens défilés de haute-couture plus intimistes faisant la part belle aux acheteurs. Les mannequins, arborant des « Victoy Rolls » modernes, défilent sans fond sonore, avec un carton comportant le numéro de passage. Chaque tenue est décrite à haute voix en français et en anglais par Charlotte Le Bon, qui n’hésite pas à ajouter quelques commentaires sur les goûts des mannequins avec beaucoup d’humour .
Les modèles se font ainsi gourmands. Mimolette est une robe légèrement bouffante à haut perforé d’un orange vif tandis que Blinis et Tarama renvoie à une veste trench stretch rose portée sur une jupe longue plissée beige. Puis les noms se font plus décalés. Le look 45 Ce soir je pécho est une robe asymétrique noire ajourée de dentelle. Un ensemble immaculé est si justement nommé On m’a neigé dessus.
Pour le Printemps Eté 2012, l’enfant terrible de la mode nous propose sa vision de la Parisienne en revisitant ses classiques pour nous proposer des silhouettes de femme fatale. La Parisienne Jean-Paul Gaultier a beau arborer tatouages et piercings, elle n’en demeure pas moins chic et élégante en toutes circonstances multipliant les clins d’œil aux fondamentaux de la marque.
Le piercing se fait bijou ou boutonnage de robe.
Le tatouage devient un ADN de la marque, habillant les manches d’un top ou le bas d’un collant. Tel un ornement, vrai ou en trompe l’œil peu importe, il prend la peau comme nouvelle toile et devient imprimé en transparence sur les tops, brodé sur les blazers et les robes. Se faisant bijou de cou sur les plastrons, il apparaît tel un raffinement ultime sur des chaussures forcément à talons. On ne s’en lasse pas.
Les grands classiques de Jean-Paul Gaultier sont dépoussiérés. Comment ne pas succomber à ce trench réinterprété, très structuré et plus ample, ayant perdu ses manches pour gagner en fluidité et devenant presque mou en jersey à la limite du drapé ? Il prend des couleurs en rose ou en bleu hypnotique et redevient faussement classique en beige ou en blanc.
Le costume d’homme si cher au créateur revient sur le devant de la scène. Vestes et gilets d’homme à rayures et aux coupes amples recouvrent des chemises blanches aux manches découpées ou retroussées. Le short façon bloomer retroussé remplace un temps le pantalon large et s’accommode d’un collant résille des plus chics.
Les pantalons sont fluides, larges, parfois fendus sur les côtés découvrant la jambe, ou à pont rappelant que l’esprit marin n’est jamais très loin. La marinière se fait tunique fluide légèrement transparente.
Les décolletés asymétriques sont originaux, les chemises s’ouvrent en biais et dévoilent l’épaule et le bras.
Un imprimé résille captivant, bientôt suivi d’un autre plus exotique, vient perturber une avalanche de silhouettes monochromes où l’orange flamboyant et le vert chartreuse dynamisent une collection à majorité noir et blanc multipliant les drapés.
Les plissés de somptueuses longues robes ne sont pas sans rappeler les drapés de Madame Grès. Le soir, la femme Gaultier apprécie les longs ensembles drapés à capuche pour une sophistication des plus naturelles. La taille est parfois marquée par un serre-taille en cuir rappelant le goût du créateur pour le corset.
Le corset répond bien sûr à l’appel dans un final de toute beauté tout en corseterie et en lingerie réalisée entièrement en cuir aux tons chair, blanc et noir. Comme un écho à la collaboration de Jean-Paul Gaultier avec la célèbre marque de lingerie La Perla, cette lingerie révèle la séductrice profonde mais délicate qu’est la femme Jean-Paul Gaultier.
Corsets de cuir perforé, petite dentelle noire sur une mousseline beige évanescente, gaine et liquette en satin beige brodé, soutien-gorge en frous-frous, culotte corail et maillot bondage bleu électrique passent à toute allure devenant instantanément des must-have pour bien des femmes présentes dans l’assistance qui applaudissaient à tout rompre.
Comme toujours, l’ex-enfant terrible de la mode sait nous surprendre. Pour le Printemps Été 2012, Jean-Paul Gaultier nous a prouvé qu’il fallait toujours et encore compter sur son indéfectible amour pour la mode. Lorsqu’il revisite ses classiques, c’est pour mieux les sublimer et nous offrir à chaque fois une nouvelle version de la femme Gaultier.
Et cette femme non conventionnelle est à l’image du créateur, un véritable reflet de notre société. Elle arbore tatouages et piercings en guise de bijoux sans pour autant oublier son élégance naturelle, qu’elle met en valeur avec une garde-robe fluide et chic. C’est une femme multiple, urbaine, consciente de toutes les influences présentes et passées qui font d’elle une femme d’aujourd’hui.
Crédit photos : with the courtesy of Jean-Paul Gaultier
Final : Copyright Patrick Stable with the courtesy of Jean-Paul Gaultier
Marie-Odile Radom
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