Inoubliable Marilyn à la Galerie de l’Instant
Los Angeles, le 05 août 1962. Norma Jean Baker est retrouvée morte à son domicile de Brentwood, un flacon de somnifères vide à son chevet. Quatorze autres flacons de médicaments et pilules sur la table de nuit. Celle qui était plus connue sous le nom de Marilyn Monroe est découverte inanimée, nue dans son lit, la main sur son téléphone.
La mort non élucidée de l’actrice alors au sommet de sa gloire contribuera à forger le mythe. Jusqu’à sa disparition tragique, l’actrice au sourire ravageur a su captiver l’objectif. Elle se dévoilait tour à tour candide, naturelle, timide, absente, sensuelle ou encore malicieuse devant l’objectif des plus grands photographes et réalisateurs.
Cinquante-deux ans après sa disparition, Marilyn Monroe demeure une icône du cinéma hollywoodien. Inoubliable, l’actrice sex-symbol continue de susciter la fascination. Livres, films, séries télé, produits estampillés Marilyn, expositions et documentaires, l’actrice est partout, ne semblant pas lasser ou ne serait-ce décourager un public captivé par la blonde aux formes généreuses.
Dans cet océan continu d’images, Marilyn Monroe arrive pourtant encore à nous surprendre et se dévoile autrement dans le cadre intime de la Galerie de l’Instant. Jusqu’au 25 février 2015, la galerie de la rue de Poitou met à l’honneur l’icône glamour dans une nouvelle exposition.
Inoubliable Marilyn compile des clichés de la star hollywoodienne, de ses débuts timides sous l’objectif d’André de Dienes en 1946 à sa Dernière Séance réalisée deux mois avant sa disparition par Bert Stern en 1962. Et c’est une autre Marilyn qu’a choisit de nous révéler la Galerie de l’Instant pour cette troisième exposition consacrée à l’actrice.
Une Marilyn intime, éloignée de son image ultra-apprêtée sur papier glacé. Les clichés rigoureusement sélectionnés par Julia Gragnon, presque tous exclusivement en noir et blanc, nous font découvrir une Marilyn Monroe inattendue et touchante, posant dans une simplicité inhabituelle.
Et la magie opère une nouvelle fois. L’actrice exerce encore son étonnant pouvoir de fascination et brouille les pistes. Est-elle encore dans une interprétation du personnage de Marilyn ou est-elle dans la sincérité d’une Norma Jean laissant ses différentes facettes s’exprimer ?
Certaines photographies sont déjà célèbres comme cette photographie prise en 1954 par Sam Shaw lors du tournage du film Sept ans de réflexion, tournage qui donnera lieu à une des photos et des scènes les plus mythiques de l’histoire du cinéma. Au croisement de Lexington Avenue et de East 52nd Street à New York, le souffle d’une grille de métro soulève alors la robe de la jeune actrice devant une foule de passants et de photographes ébahis…
Un an plus tard, le même photographe la mettra en scène dans le quotidien d’une anonyme lisant le journal sur le banc d’un parc new-yorkais, ignorant superbement le couple d’amoureux à ses côtés, à leur tout totalement indifférents au monde ambiant.
Marilyn Monroe a su aussi s’abandonner, acceptant de se laisser immortaliser par Sam Shaw sous un jour beaucoup plus intime. Ainsi, elle nous apparaît amoureuse et débordante de tendresse en 1957 dans les bras de son mari de l’époque, Arthur Miller.
Des années auparavant, elle nous semble pourtant si candide et peu sûre d’elle, posant chez elle assise par terre dans une robe de mousseline légèrement transparente devant l’objectif de Philippe Halsman. Jamais l’actrice n’avait semblé si fragile, interrogeant du regard le photographe qui a su restituer à la perfection le regard hésitant et le trouble de Marilyn.
On retrouve bien sûr une Marilyn sensuelle et provocante qui se dévoile dans le plus simple appareil lors de sa Dernière Séance avec Bert Stern en 1962 quelques temps avant sa mort.
Mais le cliché le plus troublant de Marilyn date de l’année 1946, l’année de la transformation de Norma Jean en Marilyn. Sur cette photographie au tirage unique, le visage de la jeune femme – qui a alors 20 ans – n’apparaît pourtant pas. Seule une explication du photographe au dos du cliché explique cet instant.
En attendant de devenir actrice, Marilyn pose en tant que modèle pour divers photographes dont son ami et confident : André de Dienes. Elle vient juste de se teindre en blonde et d’adopter son nouveau pseudonyme quand André lui demande d’interpréter toute une série d’émotions sans réfléchir. Lorsqu’elle doit exprimer la mort, Marilyn saisit une couverture noire et la met sur sa tête.
Timide, anonyme, heureuse, provocante, iconique, séductrice ou tout simplement naturelle, Marilyn Monroe n’en finit pas de nous émouvoir et de nous fasciner. Au delà de son image parfaite, son aura traverse le temps et les époques, preuve que cette Norma Jean était bien plus qu’une simple actrice blonde qui se rêvait star. L’actrice tragiquement disparue était avant tout une femme dans toute sa splendeur, une femme inoubliable.
Inoubliable Marilyn du 12 décembre au 25 février 2015,
Entrée libre du mardi au samedi de 11h à 19h et le dimanche de 14h30 à 18h30.
La Galerie de l’Instant46, rue de Poitou
75003 Paris
Crédit photo : COURTESY GALERIE DE L’INSTANT, PARIS
Marie-Odile Radom
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