Givenchy Hommes Printemps Eté 2015

Après la célébration d’un homme urbain et sportif la saison dernière, Riccardo Tisci révèle pour le Printemps-Été 2015 le côté sombre et romantique de l’Homme Givenchy. Et c’est à la Halle Freyssinet qu’il nous invite à découvrir cette part plus sombre, véritable synthèse de ses codes, dans un retour aux sources des plus rafraîchissants.

Sous une installation de l’artiste néerlandais Paul Veroude – un vieux Cessna démantelé et suspendu – avec en toile de fond une musique répétitive, le talentueux directeur artistique nous livre des silhouettes d’inspiration militaire contrebalancées par quelques touches de poésie évoquant la célébration de l’amour et de la religion.

Dans cette ambiance de déconstruction lourde et oppressante, les pièces fortes se succèdent dévoilant les thèmes de prédilection du directeur artistique. Se rapprochant toujours plus de l’homme de la rue, Riccardo Tisci nous présente son gang de la mode coiffé de calotte et chaussé de longues bottes lacées, ne sacrifiant pour autant en rien son goût pour l’élégance.

Pièce maîtresse du vestiaire Givenchy, le costume se retrouve réinterprété à travers le prisme de l’univers du créateur. Sportswear et tayloring se mélangent dans un juste équilibre. Vestes à double boutonnage, manteaux et pantalon cigarette répondent à la sportivité des blousons et des chemises. 

Les premières silhouettes, non sans évoquer l’uniforme d’écoliers, rappellent la rigueur de l’ordre, du militaire au scolaire. Les vestes longues sont portées sur des bermudas, les pulls-overs à cols V recouvrent des chemises immaculées, les chemises s’ornent de faux écussons.

L’utilisation de matières luxueuses et une palette exclusivement noire et blanche dynamisent néanmoins une allure plutôt classique comme cette cravate blanche venue apporter un peu de lumière à une tenue totalement monochrome.

Mais Riccardo Tisci délaisse rapidement l’uniforme pour apporter un twist résolument urbain au costume. Blazers ajustés et gilets sont portés avec des shorts ou des jupes tandis que la silhouette s’enrichit de poches plus fonctionnelles.

Comme pour réveiller des tenues trop monochromes et apporter une touche de romantisme, l’imprimé arrive d’abord par petites tâches timides sur un manteau ou un débardeur avant d’envahir la collection et de s’affirmer sous forme de micro-fleurs inspirées des gypsophiles.

Des bandes autocollantes se plaquent sur les chemises, les pardessus, se retrouvent sur le dos d’une veste, conférant une modernité graphique aux vêtements. Des pulls s’éprennent de transparence et se parent aussi de bandes recouvrant les ensembles et allégeant la silhouette. La croix s’invite ici et là jusque sur les bottes.

Chez Givenchy, le mélange des genres sera de rigueur pour l’été prochain. Dans un mix d’influences, la collection Printemps-Été 2015 mêle hommes et femmes dans un même pas déterminé. Les femmes, membres à part entière du gang portent des robes courtes moulantes, transparentes ou fleuries.  

Comme un néo-camouflage urbain, l’imprimé floral se réinvente pour finir entièrement rebrodé de perles dans une interprétation résolument couture d’une mode homme urbaine chic.

Pour le Printemps-Été 2015, Riccardo Tisci amorce sa mutation. Maîtrisant ses codes à la perfection, le directeur artistique de la Maison Givenchy choisit de les mélanger avec plus de maturité, les enrichissant des codes de la rue pour mieux en tirer la substance. Et comme un ultime hommage à l’histoire d’une maison d’exception, il nous rappelle qu’en couture comme en mode, seul le travail des ateliers compte. 

Crédit photos : with the courtesy of Givenchy 

Marie-Odile Radom

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