En attendant le calendrier Pirelli 2014
« Pirelli, c’est le calendrier des visages de notre époque. » Karl Lagerfeld
Été 1963, Majorque, Espagne. Robert Freeman, auteur de plusieurs pochettes des Beatles relativement peu connu du grand public, est loin de s’imaginer qu’il s’apprête à immortaliser sous son objectif un véritable objet culte reconnu dans le monde entier devenu incontournable pour les collectionneurs.
Dans les années 60, Derek Forsyth, directeur marketing de Pirelli UK Limited la filiale britannique du Groupe Pirelli, décide de créer un calendrier pour ses clients importants, sorte de cadeau publicitaire d’un genre nouveau.
Après un premier opus à l’esthétique décevante, il recrute pour l’édition 1964 le photographe Robert Freeman espérant un résultat plus sensuel et de meilleur qualité. La première édition du Calendrier Pirelli voit le jour avec des photographies à la sensualité brute. Le succès est au rendez-vous et la légende prend forme. Les débuts sont néanmoins timides, les filles sont souvent vêtues ou en sous-vêtements.
En 1969, le photographe Harri Peccinotti, ex-directeur artistique des Rolling Stones, parcourt seul la côte californienne pour capturer l’atmosphère de cette période en pleine révolution sexuelle.
Essentiellement constituée de photos volées, la série dégage un naturel empreint d’une certaine mélancolie. Harri Peccinotti a été le premier à capturer sur pellicule la sensualité du quotidien.
Les années 70 arrivent et le corps de la femme se dévoile. C’est en 1972 avec Sarah Moon, première femme auteur du calendrier, que le véritable sein nu apparaît.
L’ex-mannequin propose alors une vision plus glamour et voluptueuse de la féminité à l’heure où l’érotisme et les films X émergent. Réalisé dans le décor baroque de la Villa les Tilleuls, ancien quartier général de la Gestapo à deux pas du château de la Malmaison près de Paris, la série met en scène des femmes de la fin du XIXe siècle aux années 20 dans une ambiance feutrée.
L’année suivante, le calendrier change radicalement de registre avec le photographe Brian Duffy. Réalisée en collaboration avec l’artiste Allen Jones, connu pour ses sculptures érotiques, l’édition 1973 plutôt déroutante met en scène des modèles habillées de latex.
Victime du choc pétrolier et de la récession économique, Pirelli stoppe la parution de son calendrier jusqu’en 1983. Il revient en 1984, plus fort et moderne que jamais, laissant les photographes plus libres de s’exprimer.
Mais le directeur artistique de l’époque impose la présence de traces identitaires de la marque aux photographes. C’est ainsi que les mannequins de l’époque se retrouvèrent avec des traces de pneus sur la peau.
En 1987, Terence Donovan crée l’évènement avec un calendrier entièrement consacré à des modèles noires. On y retrouve une certaine Naomi Campbell alors âgée de seize ans à peine.
Durant les années 90, le Cal change de dimension et abandonne les références aux pneus pour devenir une oeuvre purement artistique. Les exemplaires sont de plus en plus recherchés. Le photographe Herb Ritts réunit pour l’édition de 1994 intitulé Hommage aux femmes les top models de l’époque. Cindy Crawford, Kate Moss ou encore Helena Christensen deviennent des icônes.
En 1995, le célèbre photographe Richard Avedon présente une vision plus naturelle du nu avec Pirelli Seasons mettant en scène Nadja Auermann, Farrah Summerford, Naomi Campbell et Christy Turlington évoluant dans les quatre saisons.
En 1996, Peter Lindbergh met en scène dans son fameux noir et blanc intemporel Eva Herzigova, Carre Otis, Kristen McMenamy, Navia et Tatjana Patitz dans une série à couper le souffle Timeless Views. Nastassja Kinski y apparaît plus sublime que jamais.
En 2002, il rendra hommage à Hollywood en photographiant Julia Stiles, Brittany Murphy, Mena Suvari, Jaime King, Selma Blair et Rachel Leigh Cook en lingerie Giorgio Armani dans des décors cinématographiques portant un fascinant regard sur l’âge d’or du cinéma.
En 2004 pour les 40 ans du Calendrier Pirelli, le photographe Nick Knight emmène les mannequins à Londres et les embarque dans un univers onirique et fantastique inédit en utilisant bon nombre de filtres numériques, floutant les corps et ajoutant des fleurs numériques dans de véritables sculptures visuelles.
Un an plus tard, c’est sous la moiteur de Rio de Janeiro que nous convie Patrick Demarchelier pour un Lonely Rainbow de toute beauté réunissant Adriana Lima et Naomi Campbell.
Réalisée en noir et blanc par les photographes Mert Alas et Marcus Pigott, l’édition 2006 réunit toutes les stars les plus en vogue du moment : Jennifer Lopez, Gisèle Bundchen, Kate Moss, Karen Elson ou encore Natalia Vodianova.
En 2007, le Cal crée une nouvelle fois l’évènement en immortalisant la grande actrice de 72 ans Sophia Loren aux cotés de Penelope Cruz, Hilary Swank ou encore la Française Lou Doillon posant dénudées sur un lit d’hôtel.
Entièrement réalisé à Shanghai, l’édition 2008 dévoile le charme sensuel et mystérieux de la Chine interdite à travers l’objectif de Patrick Demarchelier.
En 2009, la réalisation du Cal est confié à Peter Beard. A la fois aventurier, défenseur de l’Afrique et un des plus grand photographes de mode, il emmène les modèles au Botswana et les fait jouer avec des éléphants ou les juche dans des arbres.
Place aux légendes et aux récits de la mythologie grecque et romaine pour l’édition 2011 intitulée Mythology et photographiée par Karl Lagerfeld. Délaissant les traditionnelles plages et les nus arrogants, le célèbre photographe a choisi le cadre intimiste de son propre studio pour fournir 36 clichés en noir et blanc mettant en scène 20 mannequins dont 5 hommes et l’actrice Julianne Moore qui est Hera.
L’édition 2013 nous emmène du côté de Rio de Janeiro Le photo-journaliste Steve McCurry a voulu révéler la beauté intérieure des mannequins. A travers son objectif, les mannequins habillées dégagent une sensualité à fleur de peau.
Véritable ode à la femme, cette série met en avant des modèles engagés dans des causes humanitaires tout en révélant un pays émergent au carrefour de plusieurs cultures à travers son aspect le plus humain.
Considéré comme étant le plus glamour et sexy calendrier du monde, le Calendrier Pirelli, distribué gracieusement à 20 000 privilégiés, accueille chaque année sur papier glacé les plus belles femmes du monde dans des décors paradisiaques.
Réalisé par les photographes les plus réputés, le Cal est aussi le témoin de l’évolution des mœurs à travers la représentation de la beauté féminine.
Mélange de charme et d’élégance, le légendaire Calendrier Pirelli fêtera ses 50 ans en 2014. Pour ouvrir cette année Spécial anniversaire, Pirelli a créé un évènement médiatique en organisant au mois de juin dernier un shooting à New York. Première étape dans la célébration des 50 ans du Calendrier Pirelli, ce shooting a donné lieu à la prise de photos iconiques.
Et pour l’occasion, ce n’est pas un, mais deux photographes qui ont été choisis pour immortaliser la beauté féminine dans toute sa splendeur sous les traits de Miranda Kerr, Alessandra Ambrosio, Helena Christensen, Karolina Kurkova, Alek Wek et Isabeli Fontana, toutes ayant contribué à écrire l’histoire du Calendrier Pirelli au fil de ces 50 années.
S’éloignant des photos dénudées habituelles, Peter Lindbergh a préféré photographier ses modèles en toute simplicité sur une plage des Hamptons, mettant ainsi l’accent sur leur beauté naturelle : « Je déteste le mot sexy, ça me fait penser à des filles sur talons hauts, en bikini minuscules avec une tête ridicule et un brushing XXL. »
Emmitouflées dans des pulls en maille ou en lingerie ultra-sexy, les Victoria’s Secret Angels, Alek Wek et la super-model Helena Christensen respirent la sensualité et le charme que souligne une prise de vue en noir et blanc et n’est pas sans rappeler la fameuse série des super-modèles des années 90.
A l’instar de son collègue allemand, Patrick Demarchelier réalise les clichés de sa troisième collaboration avec la maison Pirelli. Dans de larges chemises blanches d’homme sur leur peau nue, les mannequins célèbres se laissent capturer en studio par le célèbre photographe français, qui vient de faire l’objet d’une rétrospective à la Galerie A.
Sobre et sophistiquée, ce shooting mêlant photographies en couleur et clichés en noir et blanc rompt un peu avec l’esthétique des calendriers Pirelli pour mieux mettre en valeur les six beautés naturelles dans un très bel hommage à celles qui ont fait l’histoire de ce mythique calendrier, prônant également un retour aux sources des plus rafraîchissants de la part de deux des plus grands photographes de mode.
La seconde étape de ce très attendu anniversaire sera une grande soirée organisée à Milan au mois de novembre 2013 au cours de laquelle seront dévoilés le nom du photographe et des mannequins choisis pour l’édition 2014 du Calendrier. Vivement le 21 Novembre qu’on découvre enfin l’illustre Cal. En attendant Enjoy !
Marie-Odile Radom
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