Atelier Gustavolins Hommes Automne Hiver 2013-2014
« La construction d’un vêtement demande autant d’application que celle d’un monument ! » Gustavo Lins
Parfois les rendez-vous manqués se transforment en belle rencontre. Ce fut le cas pour la présentation de la collection Automne Hiver 2013-2014 Hommes Ateliers Gustavolins. Arrivée à l’heure pour un défilé ayant commencé en avance, ce rendez-vous manqué s’est transformé en la plus belle rencontre de cette Fashion Week masculine, celle avec le créateur Gustavo Lins en personne qui nous a parlé de son amour pour son art, celui si délicat de la couture. Quelques minutes auparavant, son chef d’atelier nous a lui-même présenté les pièces phares de la collection.
C’est dans le cadre oh combien intimiste de la galerie d’art Nec que nous avait conviés le créateur brésilien pour découvrir une parfaite synthèse de ses codes masculins autour de la veste à la coupe carrée en droit fil et du manteau au volume parfait oscillant entre structure et fluidité.
Pièce phare du créateur, souvent réversible, le manteau est le vêtement d’identité mixte par excellence de Gustavo Lins. dans lequel il « cache » à l’intérieur de somptueuses choses sous une façade plus austère. Ses doublures sont ainsi tout aussi travaillées et recèlent bien des détails.
Réversible, unisexe, volumes généreux et matières nobles sont le vocabulaire d’un style à la coupe parfaite où le sens du détail atteint son apogée dans des détails de cuir luxueux, dans un drapé aérien ou dans des torsions et spirales qui, tel un exo-squelette de tissu, suivent les contours de la musculature.
Gustavo Lins travaille toujours ses collections et dans une parfaite symbiose avec son travail trouvera toujours le mot juste pour nous le dire. Il nous confie très naturellement apporter de la nervosité au textile et structurer les formes comme un squelette de vêtement. Le tissu devient musculature et les manches des sabres dont le bruit en mouvement tel un murmure rappelle le son de la lame pourfendant l’air.
Parfois, le manteau se fait boule pour mieux protéger le corps, les boutons se cachent afin de ne pas perturber les lignes. Les cols s’enroulent en créant un effet de drapé sur le devant comme une écharpe, les dos soulignés d’une petite martingale. Les coudes s’arrondissent pour accompagner le corps.
S’inspirant du vestiaire féminin, Gustavo Lins nous a proposé sa version masculine du kimono, qu’il a étudié. Vestes et manteaux sont souvent fermés par une ceinture en cuir box noir ornée d’une boucle en corne noire, qui reprend le maintenant très identifié “T” à l’envers, rappel de la règle d’architecte devenue depuis ses débuts la référence graphique de la marque.
Cachemire, laine, toile de coton, soie, lin laqué et satin-cuir pour les smokings composent un vestiaire élégant et confortable. Soudain, une veste drapée en vison rasé plat bleu nuit attire l’œil et devient instantanément un objet de désir dans lequel on peine à ne pas s’emmitoufler tant son tombé nous ravit.
Les cardigans ont leur col drapé, ou bien sont structurés par une rayure contrastée déclinant les couleurs profondes de la collection, en associations de noir et kaki, de kaki et de rouge, de bleu foncé et de gris foncé ou de kaki, couleur maîtresse de la collection.
L’univers si rigoureux de l’équitation semble avoir également inspiré cette collection y insufflant de la tonicité et du mouvement. Des pantalons de style cavalier resserrés à la cheville et élargis aux hanches sont associés à des vestes cintrées pour une allure élégante et épurée.
Gustavo Lins nous propose une nouvelle fois une version brillante de son savoir-faire. Épure, modernité et élégance définissent un travail nourri des émotions qu’il ressent au détour de ses rencontres. Il travaille très rapidement. Trois traits sont nécessaires pour synthétiser ce qu’il veut. A l’image d’un peintre travaillant une aquarelle, le créateur travaille rapidement le tissu sur le corps afin que le mouvement soit conservé, pour éviter que le corps devenu toile n’absorbe l’énergie d’un drapé.
S’il était un peintre, Gustavo Lins aurait certainement été un peintre abstrait pour retrouver l’inconscient. Il est incapable de reproduire les choses telles qu’elles sont. Il ne peut que reproduire l’idée qu’il se fait d’un vêtement, d’un mouvement, du corps qui nous sort du quotidien. La Haute-Couture se doit d’être simple : « le vêtement est une maison, on ouvre la porte et on rentre dedans. » conclut-il dans un sourire
Crédit photo : Catwalk pictures with the courtesy of Atelier Gustavolins
Matrie-Odile Radom
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