Anthony Vaccarello Prêt-à-Porter Automne Hiver 2012 – 2013
« La femme Vaccarello ressemble à une femme d’aujourd’hui, libre et sûre d’elle. Pas agressive. Plutôt sensuelle et urbaine. » Anthony Vaccarello
Que de chemin parcouru depuis l’obtention du Grand Prix du festival de la Mode à Hyères en 2006 ! Après avoir fait ses classes chez Fendi auprès de Karl Lagerfeld, Anthony Vaccarello se décide à voler de ses propres ailes en 2009. Très vite, son style explose entre sensualité sophistiquée et modernité teintée de surréalisme.
En 2011, ce diplômé de l’Ecole de la Cambre fait sensation en remportant le prix de l’ANDAM et force le respect avec une collection Printemps Été 2012 faite de silhouettes graphiques noires aux lignes strictes et aux découpes asymétriques portées par les plus grands tops du moment.
Pour sa collection Automne Hiver 2012-2013 présentée à la Cité de la Mode et de l’Architecture, le créateur belge n’a pas failli avec une collection maîtrisée ayant encore gagné en maturité jouant très intelligemment l’opposition entre un vestiaire inspiré par le tailoring masculin et une féminité assumée, émaillée de références à la lingerie sophistiquée et glamour des années 50.
Jouant sur le contraste entre glamour féminin et couture masculine pour mieux les confondre dans une sensualité presque naturelle, Anthony Vaccarello nous a présenté une femme forte à l’esprit un brin androgyne mais prodigieusement féminine, une femme moderne, glamour et sûre d’elle. Le cheveu est lisse, tiré vers l’arrière en une queue de cheval basse et son regard est sombre, ourlé d’un smoky fait de faux noirs.
Les premières silhouettes en satin duchesse bleu nuit donnent de suite le ton. Les références aux codes militaires font leur apparition, étoffant le vestiaire habituel du créateur fait de robes sensuelles. Les coupes sont strictes rappelant la rigueur de l’uniforme, tout comme la démarche des mannequins militaire.
Pantalons à taille haute et chemises boutonnées jusqu’au col composent des silhouettes monochromes à peine réveillées par des détails luxueux. Pattes d’épaule, quatre poches à rabat, passepoils noirs contrastent avec le bleu nuit rompant le total look couleur à peine réveillé par des boutons et des zips métalliques.
Les manteaux et les vestes d’officier sont coupés au scalpel pour des lignes nettes et fuselées. Les ceintures en cuir sanglées et les manchettes en métal doré finissent d’apporter un peu de lumière à cette symphonie bleue.
Mais très vite, la sensualité de la femme Anthony Vaccarello s’exprime différemment, les coupes se féminisent abandonnant le registre militaire pour laisser place aux robes aux découpes asymétriques, si chères au créateur.
L’asymétrie explose dans un mix féminin-masculin d’un genre nouveau, créant des décolletés mélangeant le col et la manche d’une veste d’un côté et un bustier de l’autre.
Bustiers épurés et laçages évoquent les dessous mais ils sont exprimés ici dans des tissus masculins, épais qui renforcent les contrastes. Omniprésentes sur les silhouettes, des lignes noires pailletées structurent les mini robes du soir, traçant des obliques, des diagonales et rappelant les bretelles de lingerie des années 50. Les boutons et lanières renvoient aux attaches de porte-jarretelles de l’époque.
Les découpes font leur effet, dévoilant la peau et apportant une certaine fragilité parfaitement assumée. On reste séduit par le côté graphique qui invite à suivre du regard. Les robes s’allongent et les fentes sont hautes.
Le noir n’est désormais plus seul. Le créateur ajoute cette saison des reflets irisés, du lamé et un puissant vert émeraude accentuant l’envie de couleur qui transparaît dès les premières silhouettes bleu nuit.
Et pour la première fois, Anthony Vaccarello signe une collaboration exclusive avec le chausseur italien Giuseppe Zanotti pour une collection capsule dont quatre modèles sont présentés au défilé. Des sandales en cuir laqué sombre parées de multiples sangles fines renvoient une nouvelle fois à l’esprit lingerie de la collection.
Des bottes bi-matières en cuir mat et tissus forment une partition sans fausse note avec l’esprit militaire des premiers silhouettes.
Pour l’Automne Hiver 2012 – 2013, Anthony Vaccarello continue son travail sur l’asymétrie et nous propose des silhouettes toute en fragilité auxquelles il apporte une force venant du vestiaire traditionnel masculin. Traçant des lignes sur le corps féminin, il en dévoile sa sensualité à travers des bouts de peaux savamment distillés, multipliant les détails, les plis et drapés.
Il n’a de cesse d’exprimer la complexité de la femme moderne, sophistiquée et cool à la fois, forte et sûre d’elle mais avec une sensibilité certaine. Et somme toute, quelle belle manière d’être en phase avec son époque.
Crédit photo :
Image à la une : © Alfred – SIPA
Marie-Odile Radom
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