Didit Hediprasetyo Couture Printemps-Eté 2012
C’est à une véritable invitation au voyage que nous a conviés Didit Hedipasetyo, voyage commençant à Delhi puis passant par Agra et le Rajasthan. Profondément marqué par un séjour en Inde, le créateur d’origine indonésienne nous y convie à travers une collection où influences coloniales et européennes se fondent.
Submergé par les différentes émotions ressenties, il nous transmet, à travers une couture inspirée, le sentiment de liberté et d’aventures qui habite tout voyageur traversant cette contrée haute en couleurs. Mais bien loin d’une retranscription scolaire d’une Inde un peu fantasmée, le créateur a su créer un nouveau vestiaire lumineux ancré dans cette terre.
Installés dans les salons de l’Hôtel de Crillon, nous sommes frappés par la soudaine moiteur qui envahit la pièce dès l’apparition de musiciens traditionnels. Les premières notes d’une musique traditionnelle sortant des instruments des musiciens assis en lotus, nous transportant presque instantanément dans une Inde coloniale qui révèle toute sa sensualité.
Le voyage est total à la fois dans le temps et à travers les continents, dans des teintes beige, marron, blanche et camel. Bercés par le son de la sitar, nous découvrons des silhouettes élégantes coiffées de majestueux turbans ou de chapeaux en fibres végétales sortant de l’imagination de Philip Treacy.
Voguant entre imprimés éléphants, fleurs de jasmin, tenues de polo et volumes domptés, cette collection Printemps Été 2012 est l’expression d’une couture plus maîtrisée mais également plus audacieuse alliant modernité et élégance pour une femme nomade. Construite toute en volumes, chaque silhouette est une démonstration du sens de la coupe et de la rondeur du créateur.
Mêlant l’élégance des années 60 et la réalité d’une Inde plus moderne, cette collection regorge de petits détails couture tant dans le choix des matières que dans la forme choisie. Ainsi, une maxi-ceinture, une robe et un boléro sont taillés dans un cuir d’autruche teint. Et lorsque la femme Didit Hediprasetyo veut atteindre l’élégance ultime, c’est dans une robe immaculée se terminant par de longues plumes qu’elle trouve son salut.
La féminité est exaltée dans des pièces révélant savamment la peau. Les épaules sont savamment dénudées, les hanches sont délicatement soulignées. Les jupes s’arrêtent sous le genou et parfois se parent d’une traîne ou s’arrondissent façon corolle.
Shorts et bermudas révèlent des jambes fuselées. Le débardeur est sublimé grâce à de savants plissés et une construction en corset. Les hauts se font courts découvrant les nombrils lorsqu’ils sont portés sur de longues jupes à taille ultra-basse.
Les robes de bal s’affranchissent et se libèrent des convenances, travaillées dans la matière de prédilection de Didit Hediprasetyo, le Songket, le fameux brocart indonésien traditionnel tissé à la main de fils d’argent. D’autres sont taillés dans différents tons de toile cargo.
Imprimés éléphants et fleurs de jasmin ornent certaines robes, véritables fourreaux de coton. Réalisés avec la créatrice Calia Haynes et l’illustrateur Christophe Lopez-Huici, ils se devinent au loin pour mieux se révéler sur des pièces délicates.
La femme Didit Hediprasetyo ne voyage pas seule. Son cavalier l’accompagne portant la tenue adéquate en toutes circonstances. Tee-shirt blanc, pantalon de cavalier ou short de velours marron le suivront lors de ses déambulations urbaines ou sur un terrain de polo. Parfois, une veste de smoking en coton presque brut ou une veste de toile imprimée lui confèrent un soupçon d’élégance.
Aucun détail n’a été laissé de côté par Didit Hediprasetyo. Le souci des détails est bien là allant jusqu’à orner le poignet de ses mannequins d’un petit lien rouge appelant la bonne fortune ou de fournir au cavalier de magnifiques bottes dans lequel il se sent à l’aise.
Les magnifiques créations de Philip Treacy viennent admirablement compléter des silhouettes à l’élégance rétro leur apportant un surplus de fantaisie bienvenue. Graphiques, majestueuses, elles remplacent les classiques parures ornant le coup des élégances.
Didit Hediprasetyo n’a pas son pareil pour nous transporter dans son univers fait de voyages et d’influences pleines de spiritualité. Plus qu’une collection, il nous a offert une couture moderne pleine d’élégance mais aussi un voyage culturel en Inde. Ses silhouettes raffinées se succèdent, épurées, naturelles, volumineuses à la taille pour ensuite épouser l’arrondi d’une jambe jusqu’au genou.
Parce que finalement, à chaque collection, une nouvelle facette de la femme Didit Hediprasetyo surgit. Celle-ci nous emmène loin, très loin et on la suit aux confins de la mode, parce que celle-ci n’a pas de frontière.
Crédit photos : with the courtesy of Didit Hediprasetyo
Marie-Odile Radom
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