Galliano Hommes Automne Hiver 2012 – 2013
« You can’t be half a gangster, Nucky. Not anymore. » Jimmy Darmody. Boardwalk Empire
Assister à un défilé de la Maison John Galliano est toujours une expérience incomparable. Ce fut encore le cas cette saison, l’imagination est toujours bien présente, l’ADN et la créativité de la marque aussi. Assurément un nouvel essor pour la Maison Galliano même si elle perd un peu en baroque et gagne en classicisme ! Mais nous voici rassuré, le nouveau directeur artistique – et ancien bras droit de John Galliano – Bill Gaytten nous a offert un défilé de toute beauté pour la collection Automne Hiver 2012 – 2013.
Messieurs, l’ère des Mad Men est bien révolue. Voici venu le temps des Hard Men de la série Boardwalk Empire dans lesquels Bill Gaytten puise une inspiration rafraichissante. Le créateur nous invite à remonter le temps dans les bas fonds d’un ancien hangar de la rue Dalou pour admirer des silhouettes inspirées de celles des hommes de la Prohibition.
Du gangster à l’homme d’affaires, du vendeur de journaux au footballeur en passant par l’aviateur, les figures emblématiques de cette période se succèdent devant nous. Dans une palette stricte faites de teintes sourdes où le noir, le gris, l’olive et le bleu ont la part belle, Bill Gaytten nous livre des pièces totalement réactualisées et suit la grande tendance de la saison réhabilitant l’inspiration un brin militaire.
Costumes impeccables, pantalons savamment réinventés et jeu de matières (cuir verni, tweed, velours, flanelle, coton) sont les maîtres mots d’une collection originale pour un homme à la virilité affirmée. Cette collection Automne Hiver 2012 – 2013 regorge de propositions stylistiques pour un homme à la prestance indéniable et nous renvoie à une époque où l’élégance était de mise, où l’homme parlait peu et agissait beaucoup.
C’est transis par le froid extérieur que nous pénétrons dans cet antre pour assister à cette ode de l’Amérique des années 30. Éclairés par de petits feux savamment allumés le long du parcours, nous étions impatients d’assister à ce défilé qui s’annonçait d’ores et déjà comme l’événement du jour.
Les premières notes d’un remis de la désormais célèbre chanson Nightcall de Kavinsky – bande originale du film Drive – résonnent et apparaît sous les traits de Francisco Lachowski le plus emblématique des gangsters, héros de la prohibition, le dénommé Al Capone.
L’homme Galliano version Al Capone porte des pantalons amples en tweed lorsqu’il ne revêt pas ses célèbres costumes croisés rayés qu’il prend soin de recouvrir de manteaux oversize en cuir verni. Il n’abandonne jamais son fedora recouvrant ses cheveux impeccablement coiffés.
Puis viennent ses acolytes, privilégiant la flanelle et la laine feutrée et aimant le tombé d’un pantalon réveillé par l’originalité d’un carreau vichy. Ils optent pour les nuits un peu froides pour une canadienne au col en fourrure ou un manteau trois-quart en laine, alternatives sérieuses mais non dénuées de style au désormais classique trench-coat permettant de rester incognito en toutes situations.
Le vendeur de journaux n’a pas été oublié bien sûr avec son style plus jeune portant casquette et manteau en peau retournée. Le cheveu est lisse et bien séparé, par une raie terminant d’apporter une touche d’élégance un brin désuète à la silhouette.
Inspiré par le travail de JC Leyendecker, illustrateur du Saturday Evening Post, le show prend une autre dimension renvoyant aux figures sportives et viriles des années 30. L’image du sportif, héros national, prend alors le dessus.
Et soudain l’ombre de Charles Lindberg, héros national mais personnage très controversé, semble planer sur le défilé. Coiffés de couvre-chef rappelant à la fois les casques d’aviateurs et ceux des footballeurs de l’époque, les modèles portent des pantalons rappelant les jodhpurs, larges au niveau de la cuisse et serrés au mollet, portés par les aviateurs dans les années 30.
Bombardiers et trench-coat en cuir façon aviateur complètent un look très rétro savant mélange de militaire et d’aventurier avide de découvertes. Des touches dorées viennent compléter une palette dans les teintes sable et kaki.
Pour le soir, ces mauvais garçons deviennent plus fréquentables et choisissent velours et broderies. L’élégance atteint son summum en smoking de velours et le noir fait son grand retour. Le bleu électrique prend son envol et dynamise un costume trois pièces. Les broderies habillent la jambe le long d’un pantalon de smoking se réinventant en version Art Déco.
Le pas est assuré dans ses chaussures aux larges semelles en cuir brillant dont la tige est parfois recouverte de plaques dorées ou argentées.
Pièce phare cette saison, le manteau domine également dans cette collection. L’homme Galliano le portera croisé, ceinturé et privilégiera la fourrure, le cuir, le drap laine ou le tartan après un bref passage en vinyle. Et pour les grands froids, une bonne canadienne fera l’affaire.
Pour l’Automne Hiver 2012 – 2013, l’homme Galliano nous renvoie à l’image d’un homme chic à la virilité affirmée. Un peu gangster, un peu col blanc et sportif avant tout, il semble armé pour une fin d’année qui s’annonce difficile. Et Bill Gaytten, qui assoit ainsi son statut affirmant par la même occasion son talent, lui fournit ses armes avec un soupçon d’élégance.
Crédit photo : with the courtesy of Galliano
Marie-Odile Radom
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