L.A. and friends par Dennis Hopper chez Art District
« A lot of my ideas were glamour ideas, because I wanted people to look good. So my portraits were about them in natural light, looking good, and looking in some way that had something to do with the reality of their world. » Dennis Hopper
De lui, on connait sa fureur de vivre et une certaine aisance à jouer. Éternel rebelle, ses films l’ont fait entrer dans la légende, le faisant définitivement entrer au panthéon du cinéma hollywoodien. Regard perçant, visage marqué, chacun de ses rôles était comme une épreuve, révélant le côté obscur de l’homme avec beaucoup de talent.
Mais Dennis Hopper ne fut pas qu’un excellent acteur, il développa sa créativité sous d’autres formes. D’abord comme réalisateur tant sa vie était liée à celle de la colline californienne mais également comme peintre et photographe. Cette facette moins connue de l’acteur aux 150 films, révélée sur le tard en France, est à l’honneur à Paris.
A l’occasion du premier anniversaire de la Galerie et jusqu’au 3 décembre 2011, la Galerie Art District du Royal Monceau consacre une exposition aux photographies prises par Dennis Hopper à Los Angeles, avec ses amis, peu après son bannissement d’Hollywood et avant la réalisation de son chef d’œuvre Easy Rider.
Rassemblant une sélection inédite de clichés en noir et blanc couvrant toute la décennie des années 1960, cette exposition est l’occasion de se rendre compte du talent de l’artiste icône de la contre-culture américaine, dont la pratique de la photographie préfigure probablement son parcours cinématographique.
Réalisée en collaboration avec la galerie Almine Rech, cette exposition permet de découvrir une nouvelle facette du talent d’un artiste hors-norme à la fois acteur et réalisateur, créateur et collectionneur.
Formidable loupe sur ses contemporains, la photographie de Dennis Hopper est avant tout le puissant témoignage d’une époque et se regarde comme autant d’extraits du synopsis du film le plus important de l’acteur disparu en mai 2010 : celui de sa propre vie.
Une vie faite d’éclats, de luttes et de combats contre ses propres démons (l’alcool, la drogue, de multiples descentes aux enfers), multipliant les expériences et les passages à vide avec une capacité de renaissance qui tel un phœnix le faisait repartir à chaque fois à l’assaut de sa vie.
La carrière d’acteur de Dennis Hopper débute avec le film Rebel without a cause (La Fureur de Vivre) de Nicholas Ray, film charnière symbole d’un nouveau cinéma questionnant la jeunesse en crise. Après avoir tourné avec James Dean à deux reprises – Geant fut leur deuxième collaboration – l’acteur, devenu l’un de ses proches, supporte très mal sa disparition en 1955.
Profondément affecté, il aura sur le tournage du film From Hell to Texas un comportement qui le fera bannir de la scène hollywoodienne pendant plusieurs années. Dans l’impossibilité de jouer au cinéma, Hopper se tourne alors vers la photographie et réalise notamment la couverture de l’album River Deep – Mountain High de Ike et Tina Turner en 1966.
L’influence de James Dean sur la personnalité de Dennis Hopper a été considérable, encourageant le talentueux acteur à développer sa créativité sous d’autres formes parallèlement à sa carrière. C’est en 1961 qu’il commence à immortaliser ce qui l’entoure grâce à l’appareil photo Nikon offert par sa première femme Brooke Hayward. Ne se séparant jamais de lui, il l’emporte aussi bien sur les lieux de tournage que dans les soirées, les bars, les cafés, les galeries, sur la route ou encore dans les manifestations politiques.
Dennis Hopper a ainsi photographié des vedettes de cinéma, des pop stars, des artistes, des écrivains, ses petites amies et beaucoup d’inconnus les saisissant sur le vif, naturels à la lumière du jour. Au fil du temps et avec beaucoup de perspicacité, il a su saisir quelques-uns des moments les plus fascinants de sa génération avec un sens de la composition qui préfigure un talent naissant pour la mise en scène.
Icône malgré lui, témoin des bouleversements culturels de l’époque, Hopper a immortalisé Andy Warhol lors de sa première exposition dans une galerie de la côte Ouest, ou encore Martin Luther King durant la marche pour les Droits Civiques de Selma à Montgomery, en Alabama. Cette photo, située dans le long couloir menant au reste de l’exposition, est puissante mais également bouleversante et témoigne encore de sa force.
Fasciné par l’expressionnisme abstrait, Dennis Hopper a fait des murs et des panneaux publicitaires son sujet de prédilection. Ses clichés de panneaux vides sont parlants comme autant de renvois à la sorte de vacuité qui s’empare des studios hollywoodiens et des charts américains malgré un certain renouveau, mais aussi à l’image d’une société en mutation en quête de réponses.
A Hollywood, il immortalise James Dean bien sûr, mais aussi Jean Fonda et Paul Newman. Devenu proche d’Andy Warhol, il côtoie la Factory et s’intéresse au Pop Art. Il devient alors familier de toute une génération d’artistes qu’il va immortaliser à jamais : Warhol bien sûr mais aussi Roy Lichtenstein, James Rosenquist, Martial Raysse, ou encore Nikki de Saint-Phalle.
Dressant le portrait d’une génération pop-art culte à travers des clichés intenses d’êtres d’exception devenus ses proches, Dennis Hopper nous révèle une humanité foudroyante dans chacun de ses instantanés de vie. Mais loin d’être un simple spectateur, Dennis le photographe fait partie de ce groupe presque une fratrie et collectionne les œuvres de Pop-Art.
Une fois encore, la Galerie Art District fait preuve d’une grande qualité dans le choix des artistes exposés mais également dans la sélection des clichés que ce soit dans la galerie proprement dite ou le long des couloirs de l’hôtel Royal Monceau menant à la libraire d’Art.
Les photographies de Dennis Hopper, outre le fait qu’elles sont de véritables témoignages d’une époque, montrent un des nombreux talents d’un artiste complexe, torturé probablement, entier surement. Cela présage de grandes expositions de qualité pour Art District.
Lorsqu’en 1969, Dennis Hopper réalise Easy Rider, road-movie devenu culte pour des générations de bikers, l’acteur signe une balade initiatique née d’un besoin de fuite, celle de deux hommes à la recherche d’une Amérique qu’ils ne trouveront pas. Le photographe Dennis Hooper n’a quant à lui jamais cessé de la chercher jusqu’à sa mort…
Dennis Hopper à l’Art District du Royal Monceau par artforbreakfast
Crédit photo : with the courtesy of Le Royal Monceau.
Image à la une : Double Standard – 1961 – Dennis Hopper (C) The Dennis Hopper Trust Courtesy of The Dennis Hopper Trust, Tony Shafrazi Gallery and Almine Rech Gallery
L.A. and friends — Photographs from the 60’s.
Galerie Art District, Le Royal Monceau – Raffles Paris ouverte du mardi au samedi de 11h à 22h.
41, avenue Hoche 75008 Paris
Téléphone : 01 58 05 16 93
www.leroyalmonceau.com
Marie-Odile Radom
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