Hedi Slimane Diary

« J’ai commencé la photographie avant de m’intéresser à la mode, vers 16 ans. J’ai acheté mon premier appareil photos à 11 ans. J’ai toujours pris des photos, un peu comme d’autres griffonnent les pages de carnets. » Hedi Slimane

Ancien créateur influent d’une mode masculine épurée mais élégante, Hedi Slimane s’est depuis éloigné du domaine du stylisme pour laisser libre court à sa passion : la photographie. Depuis quelques années, le créateur photographe tient un blog à l’épure extrême : HEDI SLIMANE DIARY dans lequel il publie ses photographies en noir et blanc.

Instantanés de vie, souvenirs de rencontres, Hedi Slimane puise son inspiration dans ses nombreux voyages, dans les concerts de rock auxquels il assiste et surtout dans ses rencontres qu’il multiplie au gré de ses déplacements. Célébrités ou anonymes, il n’a pas son pareil pour capter l’aura des personnes qu’il offre à notre regard dans son journal photographique.

Radiographie d’une société américaine contemporaine, ces photographies attirent et envoûtent. Œuvre sincère et singulière, ce journal est à découvrir pour ces instantanés sans artifices, cette loupe sur un monde où le rock est plus qu’une religion et sa vision particulière de l’Amérique profonde, bien loin des éditoriaux de mode qu’il effectue en tant que photographe indépendant.

Aucune note, aucun commentaire n’accompagne ses images. Les photographies se suffisent à elles-mêmes, ultime témoignage d’une société où la contre-culture domine et où la jeunesse reste à jamais la norme.

Hedi Slimane a une maîtrise totale de ses « Noir et Blanc », sa lumière est parfaite et met en valeur les objets, animés ou inanimés, en leur conservant une part de mystère à travers les ombres qu’il choisit délibérément de conserver.

Hedi Slimane a commencé à prendre des clichés dès l’âge de 11 ans, développant un goût certain pour la photographie. Après un passage à hypokhâgne à Paris puis en histoire de l’art à l’école du Louvre, il se passionne pour la mode et rentre dans le monde du stylisme.

En 1997, il devient directeur artistique chez Yves Saint-Laurent puis par la suite chez Christian Dior où il a en charge la ligne masculine Dior Homme.

A la fois photographe et designer, Hedi Slimane participe à de nombreux projets dans la presse et dans la musique et publie en 2004 Stage (aux éditions Steidl), un recueil de photographies de groupes de rock. En juillet 2007, le contrat Dior Homme d’Hedi Slimane arrive à échéance.

Le styliste décide de ne pas le renouveler et part aux États-Unis où il commence son projet Young American, présenté au FOAM museum à Amsterdam en juillet 2007.

Il organise une exposition collective, SWEET BIRD OF YOUTH, chez Arndt and Partners, à Berlin, avec l’ensemble de la jeune scène artistique New Yorkaise, en juin 2007. Après plusieurs expositions à travers le monde dont deux au mois de mars 2011 à Bruxelles (Fragments Americana) et à Paris (California dreamin), le célèbre photographe sort, au mois d’avril 2011, une compilation qui regroupe dix ans de travail.

Anthology of a Decade retrace dix années de la vie d’Hedi Slimane, de son passage chez Yves Saint Laurent, à son poste de directeur artistique de Dior Homme jusqu’a ses dernières expositions, plébiscitées par le public.

Deux séries sortent du lot parmi les dernières publiées par le photographe. Troublantes et criantes de vérité, elles sont le reflet de deux fortes personnalités féminines qui, outre les tatouages, ont en commun de partager  une vie façonnée par la musique. L’une auteur et interprète, à qui on prédisait une longue carrière, est partie trop tôt, victime de ses démons. L’autre, fille d’un monstre sacré du rock, à qui on prédisait les pires frasques, s’épanouit à peine sortie de l’adolescence.

23 Juillet 2011, Amy Winehouse disparaît prématurément laissant de nombreux fans inconsolables. Son immense talent associé à une voix hors du commun ont marqué profondément le monde de la musique, malgré les frasques à répétition de l’artiste.

Voici un aperçu de la série de photo qu’Hedi Slimane a réalisé d’elle. Jeux de lumière, grains plus ou moins fins permettent de capter la fragilité d’une artiste qui, au delà de ses addictions, cachait une réelle souffrance.

12 clichés qui posent un regard intimiste plein de sincérité en un fabuleux hommage à cette grande dame de la chanson. Ses yeux maquillés, ses cheveux tombant en cascade de sa choucroute resteront à jamais associés à son style inimitable et à son amour de la musique qu’elle nous a offert à travers ses deux albums Franck et Back to Black.

« L’art est la solution au chaos ». Frances Bean Cobain. Cette première photo donne le ton de la série consacrée à Frances Bean Cobain la fille unique de Kurt Cobain et de Courtney Love. On l’avait quitté adolescente et elle nous apparaît dans la fraîcheur de ses 19 ans, magnifique en parfait mix de son père et de sa mère.

Toujours très discrète, fuyant les tapis rouges et les paparazzi, elle se dévoile sous l’objectif d’Hedi Slimane. Frances Bean  a toujours fait profil bas, sans doute écrasée par son hérédité programmée. On lui prédisait un avenir angoissant de starlette à frasques, mais elle n’est jamais apparue dans un quelconque scandale et ne souhaite pas faire carrière dans la musique, ayant déjà exposé ses dessins d’ados sous le pseudonyme de Fiddle Tim.

L’influence de ses parents reste pourtant étonnamment présente entre tatouages, ongles vernis et lèvres rouge carmin. Hedi Slimane semble vouloir nous faire pénétrer dans l’univers de la jeune femme fait de tatouages, de crucifix et de bijoux. Son regard clair et profond, nous interroge et semble même nous défier sur certains clichés. Ses sourcils lui confèrent un air éternellement interrogateur.

Hedi Slimane est un photographe d’une grande sensibilité qui sait prendre le pouls d’une génération à travers son objectif. A la manière d’un anthropologue, il perçoit les personnalités et les cultures comme personne et les laisse exploser dans un magnifique travail d’une grande intensité.

Découvrez la totalité de son travail sur www.hedislimane.com/diary

Crédit photos : © Hedi Slimane

Marie-Odile Radom

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