Henrik Vibskov Hommes Printemps Eté 2012
« Les installations artistiques apportent cette part d’éternité qui échappent au rythme saisonnier de la mode. » Henrik Vibskov
Créateur danois en vogue ayant ouvert récemment sa première boutique à New York, les défilés d‘Henrik Vibskov sont toujours l’occasion d’assister à une mise en scène des plus originales entre performance artistique et défilé traditionnel. Ce fut une nouvelle fois le cas pour la présentation de la collection Printemps Été 2012.
Conviés dans la cour d’un lycée parisien du IIIè arrondissement, nous nous sommes retrouvés devant une scénographie étonnante inspirée par le concept architectural du panoptique du philosophe Jeremy Bentham. Ce concept de construction applicable aux prisons, aux hôpitaux et aux écoles, permet d’observer d’un point défini d’un édifice tout son intérieur.
Henrik Vibskov nous livre sa propre interprétation de ce concept dans cette cour surplombée par les fenêtres des classes. Le décor du défilé, constitué de quatre murs étendus autour d’un axe central avec en leur centre une porte verte et du mobilier en bois (lit, toilettes, lavabos, étagères), va s’animer tel un carrousel du temps à travers les saisons de la mode.
Sous une musique sombre et grave installant une atmosphère lourde, les mannequins, barbus pour la plupart, ouvrent une porte puis la referment comme autant de portes ouvertes qui se referment au rythme des saisons.
Rapidement mue par les poussées d’hommes en trench noir, la scène du défilé se met également à tourner comme si chaque passage était l’occasion de revisiter une époque.
Henrik Vibskov nous propose une collection éclectique faite de références auquel il a apposé sa patte. Mix d’imprimés, grands lainages légèrement over-sized et gilets molletonnés sont autant de protections contre les frimas printaniers. Les pantalons se teintent d’accents baggy, les leggings se parent de strates colorées.
Certaines silhouettes proposées par le styliste danois font furieusement écho au lieu choisi pour ce défilé. Bérets, bermudas et grandes chaussettes rappellent les uniformes des jeunes écoliers parisiens des années 30. On retrouve la pièce favorite du créateur, à savoir ces fameuses doubles lunettes noires qu’il reconduit à chaque défilé.
La palette de couleurs choisie est neutre, les couleurs sourdes se succèdent à peine réveillées par le corail qu’on retrouve sur un blazer, des manches ou sur un bermuda.
En écho au mobilier en bois, le bois reste très présent dans cette collection, notamment pour les costumes. Certaines épaules de vestes sont reliées ensemble par des baguettes en bois, alourdissant considérablement la démarche. On retrouve ces mêmes baguettes le long des jambes du pantalon. Le bois se retrouve également au niveau de certaines poches et des genouillères coupées de façon structurée afin d’avoir un rendu similaire au bois.
A travers cette collection printemps Été 2012 riches en détails et en imprimés, Henrik Vibskov parvient à se libérer des carcans de la mode et nous présente ses créations originales revisitant les classiques du vestiaire masculin. Grâce à son installation artistique, il arrive à nous faire pénétrer dans les méandres de son subconscient, et ouvre les portes du souvenir. Le créateur danois nous offre juste son univers et fait en sorte que chacun le voit.
Crédit photo : with the courtesy of Henrik Vibskov
Marie-Odile Radom
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