John Galliano, retour sur la collection Automne Hiver 2011-2012
« La mode est avant tout un art du changement. » John Galliano
Le Printemps 2011 aura été sans contexte l’un des plus sombres de la planète mode parisienne : les départs de Carine Roitfeld de Vogue Paris, de Vanessa Award de la Maison Azzaro, de Christophe Decarnin de la Maison Balmain resteront dans les mémoires. Mais surtout l’onde de choc provoquée par le licenciement de John Galliano mettra du temps à se dissiper.
Diplômé de la Central Saint Martins College of Arts and Design, le créateur britannique fonde sa propre griffe éponyme en 1984. Il crée ainsi plusieurs collections à Londres qui remporteront un succès d’estime puis présente en 1990 sa première collection à Paris. En 1995, John Galliano est nommé directeur de la création du Prêt-à-porter et de la Haute-Couture chez Givenchy, puis directeur de la création de la Haute-Couture et du Prêt-à-Porter féminin en 1996 chez Christian Dior. En novembre 1999, il devient directeur artistique de l’ensemble des lignes féminines de Dior et prend en charge la responsabilité de l’image globale de la griffe, communication incluse jusqu’en mars 2011.
Créateur Haute-Couture reconnu, John Galliano restera dans l’esprit de tous l’un des créateurs les plus talentueux de ces vingt dernières années, offrant à nos yeux ébahis une démonstration de son style sans pareil à travers des défilés de plus en plus spectaculaires à la mise en scène très théâtrale.
Dans un décor de boudoir installé dans les salons privés d’un hôtel particulier de l’Avenue Foch, le dernier défilé de la Maison John Galliano s’est transformé en présentation presse intimiste en guise de dernier pied-de-nez d’un créateur plus habitué au grandiose qu’à la simplicité. John Galliano, dans la tourmente – écarté de la Maison Dior et accusé d’avoir proféré des propos racistes et antisémites – n’était pas présent même si son esprit était bien là.
Pour l’Automne-Hiver 2010-2011, la Maison John Galliano propose 20 silhouettes extrêmement féminines dans une collection mariant noir et couleur vive, coupe stricte et fluide. Le talent du designer reste intact laissant l’empreinte d’un style et d’une personnalité hors du commun, ayant toujours cherché à rendre hommage à la féminité la plus extrême, conquérante et fragile à la fois.
Cette collection aux matières nobles et à l’allure de mini-collection, est une véritable démonstration du style Galliano. Composée de robes de mousseline légères qui parfois se laissent aller à quelques transparences bien appuyées, elle multiplie les vestes en tweed parfois agrémentées d’impressionnants cols de fourrure et fait la part belle aux tailleurs déstructurés.
La femme Galliano 2011-2012 est d’une élégance presque surannée rappelant le style des élégantes des années 1930 juchée sur de très hauts talons. Elle reste toujours impeccablement apprêtée, la taille délicatement marquée et n’hésite pas à associer chapeau cloche ou bibi à ses tenues.
Mais loin d’être un éternel hommage à une couture d’un autre temps, la modernité des coupes des modèles de cette collection la positionne parfaitement dans son époque et la dynamise en parfaite définition du glamour parisien.
A l’heure actuelle, l’avenir de la Maison John Galliano reste un mystère. Gageons que tel un phoenix la marque saura se relever et de nouveau nous éblouir et perpétuer le talent de son créateur.
Marie-Odile Radom
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